Expiation!

L’ancien président Jovenel Moïse serait-il mort en vain, pour peu, ou pour des fautes d’innocence et d’ignorance?  Parce que les fruits n’ont toujours pas répondu à la promesse des fleurs, plus de quatre mois après.

 

Ou, aurait-il été tué pour que s’établisse justement cette situation de terreur qui prévaut dans le pays et qui devient de plus en plus inquiétante? Dans ce cas, il s’agirait d’un complot macabre contre tout le peuple par un petit groupe d’Haïtiens manipulés par le blanc patron.

 

Hormis quelques activistes, proches, membres de la famille, peut-être même la femme de l’ancien président, qui cherchent à tirer leurs propres profits de son assassinat, on constate un quasi-silence sur ce meurtre tant sur le plan national qu’international.

 

Aucun peuple au monde ne devrait accepter que le Premier parmi ses citoyens soit exécuté sans aucune explication, sans aucune responsabilité. Tu n’as pas aimé Jovenel Moïse, il n’était pas légitime, il n’était pas un bon président, bien. Mais c’était là des détails, importants ou pas, qu’il fallait gérer sur le plan interne.

 

Parce qu’il s’agit là d’une gifle, d’une grande humiliation que de vivre ce meurtre, de l’accepter sans réagir.  Nous avons l’habitude de ces grands déshonneurs dans notre histoire: l’humiliation allemande dans l’Affaire Luders à la fin du 19e siècle, l’injonction française, nous obligeant à payer pour avoir brisé le joug de l’esclavage.

 

Il y a de ces absurdités qui ont jalonné notre histoire de peuple et qui nous rattrapent toujours. Et voilà, nous sommes muets face à l’assassinat de notre président de la République au 21e siècle.

 

Nous acceptons cela telle une fatalité et, comment dire, nous avançons vers le pire. 

 

Moi je crois que nous sommes dans un cycle interminable de châtiments sur un chemin de croix. Mais cela ne semble pas nous expier, ni même la cérémonie, en bonne et due forme, du samedi, en faveur de Zaka Médé.

 

Nous sommes telle une nation en disgrâce, un peuple maudit, dont le processus expiatoire, passera par les stigmates.

 

Nous avons tué un président. Peu importe qu’on nous ait demandé de le faire, mais c’est nous qui l’avons fait et nous payons un lourd tribut pour cette abjection qui nous poursuit encore et chaque jour.

 

Sortir de l’humiliation, de l’infâme, de la crapulerie, se reconstruire, faire renaître l’histoire merveilleuse qui est la nôtre, demandent de la volonté, le dépassement de soi, le don de soi, l’oubli des querelles de chapelle et la mise en retrait des intérêts égoïstes.

 

Il faudra faire le deuil du président assassiné, lui rendre justice, autant que faire se peut, et le reste, traiter avec le blanc patron comme peuple indépendant, libre, et non comme des subordonnés.

 

Voilà donc une voie parmi mille autres pour l’expiation.

 

Jackson Joseph

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