Quand le silence s’est fait complice de la terreur au quotidien du peuple haïtien

«On dit souvent que le silence est bruissant de parole. Ce proverbe signifie qu'il n'est pas toujours nécessaire de parler pour s'exprimer. »  De plus, il y a un courant de pensée qui veut faire croire que le silence est aussi une réponse. D'un côté, tout en mettant fin à toute confusion, « le silence est aussi une arme redoutable pour celui qui sait l'utiliser et un très bon accompagnateur dans les conflits...» Et, c'est ce que font exactement les acteurs politiques locaux et internationaux dans le cas des tueries au quotidien des Haïtiens. Ces derniers sont victimes d'un cliché combien répété des autorités haïtiennes et leurs amis de l'international. Leur long silence est une réponse qui explique de leur culpabilité dans tout ce qui se fait dans le pays ? Dans leurs complicités, ils se taisent par ce qu'ils n'ont vraiment plus rien à dire sinon que conduire le pays vers l’abime? Mais pourquoi cette haine de l'âme méchante de certains Haïtiens, mais surtout de certains dirigeants des pays dits amis de la communauté? 

Ils sont nombreux ceux qui se posaient et posent encore cette question : pourquoi Haïti est-elle si instable et si appauvrie en ressources naturelles, humaines et en moyens économiques ? Beaucoup de commentaires et d’analyses d’experts essayent de cerner, sur des angles différents et ceci à leurs façons, une telle problématique.  Mais, une chose est claire ; il reste un fait classique que depuis l’indépendance d’Haïti en 1804, le pays a été et continue encore à être saboté par les grandes puissances impérialistes occidentales.

Haïti est le pays qui, par ses luttes contre l’esclavage et grandes victoires contre l’armée expéditionnaire de Napoléon Bonaparte tout au début du 19e siècle, a fasciné et surpris le monde.

N’empêche, les grandes puissances d’alors étaient hostiles à l’indépendance d’Haïti.  Depuis lors, plus de deux cents ans après la grande épopée de Vertières, avec une ingérence à outrance dans les affaires politiques du pays, encore pour le malheur d’Haïti, cette hostilité continue. 

Ayant acquis son indépendance dans un contexte national fragile puis un climat international hostile, Haïti pâtit de l'indifférence d'oligarchies rapaces et antinationales, insouciantes du développement du pays, mais aussi d'une communauté internationale enlisée dans un cycle d'ingérence dans les affaires haïtiennes qui n'ont fait qu'envenimer la situation du pays et le rendre plus vulnérable aux diktats de ses tuteurs internationaux.

Ainsi, Haïti paie l’arrogance de son audace historique de se proclamer une république nègre indépendante face à l’impérialisme occidental.  C’est cette arrogance qui avait poussé et pousse encore les puissances tutrices à asphyxier Haïti politiquement et économiquement ou à banaliser le pays tout simplement.  En étouffant Haïti de cette façon, les colons du temps moderne veulent ridiculiser l’épopée de Vertières et empêcher la première République nègre de tenir le rang qui est le sien dans le concert des nations.

En effet, que ce soient après 1804 ou l'international n'avait pas reconnu l'indépendance du pays, les turbulences politiques de plus de deux siècles, il y a un gros complot des grandes puissances qui pèse sur Haïti.  Ainsi, tourmentée par cette grande différence internationale qui continue à traiter le pays comme leur arrière-cour, mais d’une façon très complice avec leurs alliés qui sont comme de mauvaises herbes sauvages et des immondices de toutes sortes dans un terrain abandonné, le peuple haïtien n’a qu’une option : lutter pour sa survie politique, économique et sociale contre ces malfrats dont l’odeur donne envie de vomir.

Puisque, on tue un président, un bâtonnier de l'ordre des avocats, des prêtes, des pasteurs, des médecins, des avocats, des professeurs, des étudiants, des policiers, des paysans, des cadres dans l’administration publique, des enfants, des jeunes, des viellards et on massacre aussi de paisibles citoyens dans des quartiers populaires, et ceux qui ont le pouvoir politique et de contrôle ne disent rien. Ainsi, si les bandits pensent tuer pour ne pas mourir, quant aux autorités incompétentes et corrompues, dans leurs silences, il se font complices des criminels pour continuer à rester au pouvoir pour ne rien faire

Hommes politiques, membres du CSPN, la police nationale d'Haïti, hommes d'affaires, élites intellectuelles, religieux, directeurs d’opinion, en un mot, société civile, si vous n'êtes pas directement impliqués, par vos silences, vous êtes quand même les complices des criminels qui sèment au quotidien, le deuil dans les familles haïtiennes. 

Les bandits ont massacré des gens à La Saline, Bel-Air, Pont-Rouge, Martissant et actuellement à Croix-des-Bouquets, les électoralistes ne parlent qu'un seul langage: les élections.  Aucune mesure de sécurité n'est prise pour finir avec la prolifération des gangs dans les quartiers populaires: ‘’eleksyon tèt dwat’’, réclamaient certains candidats et des ambassades à Port-au-Prince.

Haïti est le pays indépendant sous la dépendance des États-Unis, mais pourquoi ce silence assourdissant de notre grand voisin du Nord et aussi de l’indifférence totale d’autres pays de la communauté internationale face à des violations graves des droits de l'homme qui se sont généralisées dans le pays? Pourquoi la communauté internationale continue à garder ce silence lorsque leurs representants immédiats sur le terrain sont témoins des violations de droits humains.  

Il est simple répondra les experts en relations internationales, ce mutisme est le jeu du double langage placé dans un contexte de deux poids, deux mesures du nouvel ordre mondial de post guerre froide. Peu importe la réponse des uns ou des autres à cette question, pratiquement Haïti meurt sous le silence complice de la communauté internationale.

Définitivement, il est injuste que la communauté internationale, dans leur indifférence, continue à se faire complice du maintien d'instabilité politique dans le pays. 

Face à ce constat, pour ne pas être complice de tout ce qui se fait négativement dans le pays où la postérité aura à me juger comme un collabo, je suis sorti de mon silence pour finalement rejoindre le groupe restreint de citoyens qui dénonce le kidnapping, le viole, l'assassinat et les massacres dans les quartiers populaires.

Ainsi, je termine avec cette citation de Shakespeare: « la vérité fait toujours rougir la face du Diable. » Men gen yon pwovèb ayisyen ki di tou: « di dyab bonjou l ap manje w.  Pa di l bonjou l ap manje w pi rèd. »  Donk, majorite silansyez lan, nou a deside ki sa nou vle fè ak peyi an.

 

Prof.  Esau Jean-Baptiste

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