Hommage à Antoinette Duclair-Netty

Netty 

Qui l’aurait dit? Qui l’aurait cru? Lorsque la nouvelle fut répandue, les amis, les proches, les collaborateurs d’Antoinette Duclair, surnommée affectivement Netty, avaient du mal à y croire. Au fil des minutes et des heures et les premières déclarations du juge de paix qui a procédé au constat du cadavre, l’on commença à se faire une idée et à poser certaines questions. Pourquoi l’ont-ils abattue? Pourquoi une telle cruauté? Vu la fureur avec laquelle le commando a agi, était-il en mission? Au cours de cette nuit du 29 au 30 juin 2021, les criminels ont organisé un massacre dans le bidonville de Delmas 30.  

 

Netty

Cette étoile qui n’est plus. Une étoile qui a cessé d’illuminer le firmament du mouvement populaire haïtien. La dynamique du mouvement féministe a eu un choc. Elle est partie brutalement. Sa voix résonnait tellement fort, que les abrutis du système, sous la commande de puissants groupes, l’ont froidement abattue. Ces acteurs, gardiens et protecteurs, de la corruption et de l’impunité, partout à travers le pays, ont  étouffé une voix dont les mots raisonnaient au-delà de son milieu. La cause qu’elle embrassait, qu’elle incarnait avait déjà franchi les frontières nationales, frappait déjà fort et faisait écho, à l’international.

 

Ce fut 

La lutte contre  * la corruption et contre l’impunité.*!Sa lutte s’inscrivait dans la grande bataille mondiale, cette gangrène, ce cancer qui condamnent les peuples, à la misère et à l'inassouvissement, des besoins les plus élémentaires. 

Têtue, elle claironnait partout et en toutes occasions, avec la même fougue « *KOT KÒB PETWOKARIBE A.* »

Ces 4 mots furent, pour elle, comme une litanie, une incantation.

 

Netty 

Un esprit fougueux!

Une femme pleine de rêves, fauchée sur la route de la vie à laquelle elle y croyait. 

Une vie où femmes et hommes devraient pouvoir se regarder les yeux dans les yeux, et devraient être traités, sur le même pied d’égalité et de la même manière par la société. 

 

Netty 

Une voix tendre, parfois bruyante lorsqu’elle voulait faire résonner, les revendications sociales, comme l’éducation pour toutes et tous, des conditions de travail, répondant aux normes de l’humain, des soins de santé pour toutes et tous, des loisirs capables d’éveiller, et de permettre l’émancipation de la jeunesse.

Oui une vie que les truands n’ont pas hésité à éteindre, de manière spectaculaire, pour secouer les esprits, et créer la peur dans cette frange de la société, qui, à un moment, a manifesté une certaine volonté de les affronter.

Par ce crime, et par leur façon d’opérer, ils ont voulu envoyer un signal, à cette jeunesse dévouée et décidée, pour lui signifier, le sort qui lui est réservé, si elle s’obstine à s’aventurer dans cette voie-là. 

Ils ont éteint, la voix de Netty, pour mettre un arrêt définitif, à la voie empruntée par cette jeunesse, qui réclamait à cor et à cri: « KÒT KÒB PETWOKARIBE A ».

Les résultats, depuis la mort de Netty, on a comme l’impression, que tous les collectifs qui époumonaient Kòt Kòb Petwokaribe a», ont avalé une arête, ou peut-être encore plus triste, bouch sèten nan yo plen Zèb tankou CHWAL la.

 

Marcel Poinsard Mondésir

29 juin 2022.-

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