Combien de temps encore ?

Combien de temps encore faudra-t-il souffrir ces laquais ?

 

Combien de temps encore faudra-t-il à ces héritiers de 1806 pour continuer l'œuvre de leurs ancêtres ?

 

Souiller dans l'allégresse nos Pères et Vertières.

 

Leur faudra-t-il encore effacer novembre 1803 ainsi que nos Héros ?

 

Pour applaudir Charles X, ainsi que son ordonnance ?

 

Connaissez-vous ces fondateurs de nation ?

 

Boukman, l'homme qui alluma la flamme révolutionnaire aux Nègres africains transplantés à Saint-Domingue ?

 

Toussaint, l'homme dont les racines sont profondes et nombreuses, le maître à penser d'une génération de prestigieux et valeureux guerriers qui surent reprendre le flambeau et donner à HAÏTI sa lettre de noblesse le 18 novembre 1803 à VERTIÈRES ?

 

L'Empereur, le fondateur de la première Nation Nègre du monde?

 

 François Capois, surnommé Capois la mort, l'intrépide héros de la bataille de Vertières ?

 

Christophe le Nègre intégral qui imposa : respect, discipline, intégrité et que l'on surnomma le civilisateur?

 

Résonne-t-il encore chez vous ce mot d'ordre de l'Empereur : Nous avons osé être libre, osons l'être maintenant par nous-mêmes et pour nous mêmes .

 

Refusez-vous la proclamation du 26 nov. 1801 de Toussaint Louverture : La liberté dont vous vous glorifiez, vous impose de plus grandes obligations que l'esclavage d'où vous êtes sortis .

 

Vous, fossoyeurs attitrés de la Nation, connaissez-vous ces grandes Dames, ces Déesses, ces Sublimes Négresses ;

 

Victoria Montou dit Tante Toya, esclave rebelle et guerrière, ce trésor national qui a fait l'éducation de l'homme du 18 novembre

 

Grann Guitonn, la prêtresse des grandes décisions qui recommanda Catherine Flon au général Clerveaux pour les couleurs nationales

 

Catherine Flon qui, dans une leçon d'histoire, nous rappelle à jamais par le rouge du bicolore vertical que le sang de nos ancêtres a coulé en sacrifice ultime pour que nous soyons fiers de marcher la tête altière et haut les fronts.

 

Cécile Fatiman qui, le 14 août 1791, au congrès du Bois-Caïman a invoqué les dieux tutélaires de la race pour accompagner ces insoumis, ces enragés, ces nègres marrons vers leur destin : VIVRE LIBRE.

Toutes, dans l'intérêt de cette nation à venir, se sont données au péril de leur vie.

 

Combien de temps encore culpabiliserez-vous ce peuple,

en lui faisant porter le poids de son malheur ?

Cultivant l'ignorance et non la connaissance,

magnifiant la haine à l'esprit de concorde ; perpétuant ainsi deux-cent-seize ans de mépris aux descendants de nos valeureux va-nu-pieds.

 

Retentissent encore ces mots qui ont assombri la glorieuse conquête de notre souveraineté dans un acte d'abnégation : Les biens de nos pères .

 

Combien de temps encore subirons-nous ce bicolore horizontal symbole de déchéance dont les héritiers de 1806 et leurs valets se sont drapés pour souiller le sol sacré de la patrie par deux fois : 1915 et 1994

 

Vous n'effacerez pas Vertières !

C'est notre vie,

c'est notre sang,

c'est notre gloire,

c'est notre intégrité ; Vertières, c'est Nous !

 

Nous, les héritiers de 1803, chez qui résonne en permanence le mot d'ordre de l'Empereur qui contient en lui-même un projet de société.

Nous avons osé être libre, osons l'être maintenant par nous-mêmes et pour nous mêmes Quelle liberté sans institutions ?      Sans instruction ? Sans respect ? Sans travail ?

Quelle liberté sans abnégation, dès lors qu'on sait que le pays est plus grand que nous ?

 

Mais nous ne parviendrons à cette liberté qu'en brisant les chaînes mentales dont on nous accable depuis 1806 et qui nous font croire que l'autre est meilleur que nous.

 

 Pour faire ce pas décisif, nous allons devoir affronter sereinement cette page malheureuse et douloureuse de notre histoire.

 

 Retrouvons-nous là où les sujets du roi de France - ceux-là mêmes qui s'étaient volontairement enrôlés dans le corps expéditionnaire qui avait pour mission de nous remettre en esclavage, ceux-là mêmes qui ont raté leur coup à la Crête-à-Pierrot, ceux-là mêmes qui n'ont pas participé à l'apothéose de Vertières - ont stoppé net, le 17 octobre 1806, l'impensable ascension, dans l'histoire de l'humanité, de la première République nègre du monde.

 

Tel le phénix qui renaît de ses cendres, nous n'avons pas oublié les paroles de Toussaint Louverture : l'arbre repoussera, car ses racines sont profondes et nombreuses.

 

Nous sommes encore là 218 ans après la glorieuse épopée de Vertières, conscient de l'impact de notre empreinte dans l'histoire de l'humanité et soucieux de préserver l'universalisme qui sous-tend cette histoire reniée en son temps par toutes les capitales esclavagistes.

 

Cet acte subversif qui démystifia les pseudo-théories raciales et redéfinit la déclaration universelle, de 1789, en celle de tous les hommes et non pas de l'unique homme blanc, nous coûte encore aujourd'hui le déni de notre souveraineté.

 

Ne souillons pas cette œuvre grandiose qui fait rougir l'humanité, mais dont l'importance  et l'éclat semblent nous échapper, nous les dépositaires de l'acte sublime de nos aïeux à qui revient l'honneur et surtout le devoir de porter fièrement le poids de La première Révolution humaine de l'Histoire.

 

Et c'est imbu d'elle (l'histoire) que nous devons aussi cesser nos comportements régionalistes qui minent en partie la cohésion que nous recherchons.

 

Nous, les héritiers de 1804, convions donc autour de la table pour le grand débat patriotique tous ceux et celles qui n'ont pas démérité de la Nation.

 

Frantz Henry

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