Déroute, implosion ou complicité ?

Encore un massacre: plusieurs policiers, au moins six sont tués, et les cadavres humiliés par, dit-on, des bandits de Savien, ce mercredi soir à Liancourt, dans l’Artibonite. Une nouvelle dérive compréhensible ou non qui est venue s’ajouter à mille et une autre déroutes de la PNH face aux bandes armées. Qu’on se rappelle Martissant en novembre 2019, Village de Dieu en mars 2021 entre mille autres.

 

Comment faut-il comprendre les défaites pitoyables et répétées de la Police nationale face aux gangs armés ? S’agit-il d’une institution en cours d’implosion, en déroute ou en complicité ? D’aucuns comprennent mal que la seule force armée officielle et effective du pays soit à la merci des bandes armées si elle n’est pas elle-même, à des niveaux divers, impliquée dans les gangs ou en connivence avec eux.

 

Un général africain, Mahele Bokungou Lieko, a dit ceci: « Quand les services de sécurité n'arrivent pas à mettre fin à la criminalité, c'est que les criminels se cachent dans les services de sécurité». C’est une vérité éternelle qui sied au cas haïtien. Parce qu’il est inconcevable, et plusieurs experts le reconnaissent, que près de deux-cents bandes armées réunissant environ trois mille soldats sur le territoire national, pour la plupart très inexpérimentés, à la fleur de l’âge, puissent infliger autant de défaites à une institution policière vielle de plus de vingt-huit ans avec trente-deux promotions.

 

L’on comprendra mal que la PNH et son Conseil supérieur, composé du Premier ministre, des ministres de la Justice, de l’Intérieur, puis du DGPNH et de l’IGPBH, les deux plus hautes instances de sécurité du pays, au nombre des plus grandes intelligences, l’on s’imagine, puissent se faire autant humiliés par des va-nu-pieds, fussent-ils les jouets des plus grands génies militaires!

 

C’est une salle affaire qui implique un jeu complexe et sordide. L’on dirait presque que la police et les gangs se confondent, que l’État et ses éléments sont dans une complicité malsaine avec les bandits. Sinon, il n’est pas probable de trouver une explication rationnelle à ce qui se passe en Haïti et qui participe de la perpétuation de la crise sociopolitique et économique.

 

Il est un impératif de déconstruire l’État actuel, de démettre ses éléments, leur demander des comptes, accepter, bon gré mal gré, une intervention de forces étrangères, épurer la Police, remembrer l’armée et parvenir à une entente nationale réunissant tous les antagonistes, pour s’en sortir indemnes. Hors de cela, il n’y a pas de sauvetage.

 

Jackson Joseph

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