Lorsque la Russie a envahi l'Ukraine le 24 février 2022 (soyons clairs sous de faux prétextes), les Ukrainiens ont quitté le pays en masse. Ils ont cherché refuge dans les pays voisins comme, la Pologne, la Lettonie, la Lituanie et d'autres pays européens récemment admis dans l'Alliance du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Face à ce problème urgent de déplacement, le continent européen a absorbé un nombre important d'Ukrainiens fuyant le conflit.
Alors que les États-Unis se trouvent à des milliers de kilomètres de l'Ukraine, ils ont assumé le leadership mondial en soutenant l'Ukraine avec une forte matérielle d’aide militaire et de grands moyens financiers. En outre, les États-Unis ont aussi revigoré l'Alliance du Nord pour emboîter le pas. Ainsi, les États-Unis et l'OTAN ont gardé la lumière allumée en Ukraine.
De plus, le président ukrainien, Volodymyr Zelenskyy, a été survolté pour faire connaître les besoins de l'Ukraine à tous les centres de pouvoir de l'hémisphère occidental, y compris dans un discours à la congrégation américaine le 21 décembre 2022. En ce sens, le zèle de M. Zelenskyy pour défendre son pays est tout à fait palpable. Bravo à vous, Monsieur Le Président !
Entre-temps, le président Biden a signé plusieurs décrets exécutifs (EO) depuis que la Russie a envahi l'Ukraine à dessein. Parmi eux, ‘’Uniting for Ukraine’’, une initiative politique qui accorderait le statut de libéré conditionnel temporaire, pendant deux ans, aux Ukrainiens ayant de la famille aux États-Unis qui acceptent de les soutenir pendant leur séjour. Dans l’intervalle, aucune donnée officielle n'existe sur le nombre d'Ukrainiens qui ont profité du programme.
Les États-Unis ont étendu le même programme aux Haïtiens, aux Cubains, aux Vénézuéliens et aux Nicaraguayens. Dans le cas d'Haïti, est-ce la bonne approche politique ? Divulgation complète, j'ai postulé pour certains membres de ma famille.
Les relations entre Haïti et les États-Unis remontent à plus de deux siècles (pour plus de détails, voir Crawford-Roberts, 2013; Esau Jean-Baptiste, 2020). Étendre le programme de réunification de l'Ukraine à certains pays d'Amérique latine, en particulier Haïti, n'est pas la bonne approche politique. Pensez un instant que votre maison est en feu et que votre voisin vous aide à sécuriser certains de vos enfants. Bien que le geste soit bien intentionné, mais qui vous aidera à éteindre le feu ? Nous n'allons pas nous livrer à des conjectures sur la nature de l'incendie : était-il accidentel ou le travail manuel d'un incendiaire ? Néanmoins, Haïti est en feu depuis des décennies (Jean Baptiste, 2020). Par conséquent, les Haïtiens quittent le pays en masse, à la recherche de pâturages plus verts ailleurs depuis des décennies par tous les moyens nécessaires. L'échec de l'État-nation a encore aggravé la situation.
Dans leur ouvrage fondateur, ‘’Why Nations Fail’’, Acemoglu et Robinson (2012) ont soutenu que la stabilité politique est la clé de voûte du développement dans toute société. Pour vérifier leur cadre théorique, ils ont passé en revue et analysé d'innombrables événements historiques et ont établi comment la faiblesse des institutions sociales a contribué à la disparition des civilisations et aussi des pays.
En appliquant un cadre similaire à Haïti, un observateur remarquerait évidemment que, politiquement, Haïti a toujours été dans un état de chaos perpétuel, ponctué par des périodes de stabilisation forcée, plus récemment avec les Duvalier. En conséquence, cela cause le mouvement migratoire de masse de va-et-vient des Haïtiens. C'est-à-dire qu'une migration aiguë semble corrélée à un chaos politique aigu. Soit dit en passant, l'affirmation est purement anecdotique, car les données concrètes ne la soutiennent pas.
Par conséquent, l'application de la politique ukrainienne à certains pays d'Amérique latine semble à court terme, plutôt à une panacée qu'un remède. De plus, la migration de masse est un phénomène plutôt complexe. Le Printemps Arabe a poussé plus d'un million de personnes du Moyen-Orient et d'Afrique à marcher vers l'Europe, qui en a absorbé la plupart.
Donc, définitivement, pour éteindre le feu en Haïti, on a besoin plus que l’effet ukrainien. En plus, soyons sérieux !
Fedner Joseph
Étudiant poursuivant un Doctorat en Psychologie
