Bredjenn*

Je traîne ce nom comme un boulet étrange, après moi, un trop-plein de chagrin... Et je l'habite tel un couperet avec toutes ces privations qui tombent comme une averse violente qu'on ne compte mal les dégâts. Je m'en fous d'ailleurs de ce qui disent les autres... Tous ceux qui prétendent que je me noie du fait que je ne sois pas de leur monde... Dites ce que vous voulez ... Ne mêlez-vous pas de mes affaires...

Ainsi conclut-il ces paroles amères appuyées d'un épais crachat qu'il rejette avec force sur le sol poussiéreux. Prenant un dernier coup à la petite bouteille rhum local de 175 ml. - Un léger trépignement... Poursuivit-il, "cela me permettra de réchauffer le sang avant de retrouver ce soir le corps de rêve de Shéda".

L'après-midi coula sans peine sur le bidonville. Sur les murailles d'alentour, se trouvaient accrochés des morceaux de tissus, depuis la matinée, que les habitants avaient laissé sécher : la misère noire sur les pans érodés de murs et les tôles travaillées de houille... Le dénuement total luisait merveilleusement, et ne révélait pas vraiment son nom. La rumeur qui part d'un lent bruit de ruisseau suggéra que le ravin n'est pas trop loin. Avec ses tonnes de merde à la pelle. Le cri homérique, explosé d'une colonie de bouches, augura que la compagnie chargée de distribuer l'électricité , deux mois plus tard, l'avait rétablie. Mais pour combien de temps…

                          II                  

Le soir déposait lentement ses lourdes griffes sur la ville comme un vautour. Le ciel gris se muait au noir. Quelques lueurs d'étoiles annonçaient la nuit aux portes de la ville. Pour la bande de Bernard: Fred, Gro Sirop, Young Edy, plein de nanas et d'autres mecs du clan, la nuit  s'annonçait riche sur la ville, ce samedi... Le bar Caribe Club à l'accoutumée vibrera au rythme des corps lourds de sueur et des excès fous des décibels. Ce sera sans doute une aubaine  si le propriétaire ne s’en sort avec quelques casses. Ce samedi, si on enregistre quelques échauffourées qui se terminent souvent en contusions entre les clans fous de la ville. Pas loin, en effet, le  week-end dernier, les têtes chaudes des Guépards affrontèrent les Boules Cuites du bas Delmas en raison d'une futile affaire de mouchoir. Les dégâts y laissèrent des cicatrices durables.

Ce samedi, les gars s'arrangèrent afin qu'il n'y eut point troubles et désordres. Du moins, à ce qu'ils ont laissé entendre…

Un bain dans un saut à moitié rempli, derrière la grande case aux briques qui, pour peu, pouvait à la première secousse s'écrouler. Le jeune homme attrapa sur la ligne un morceau de linge qui ressemblait à une serviette puisqu'il lui a servi à sécher ce corps massif couvert de tatouages au motif les plus effrayants. Dix-neuf ans. Un dragon sur le bras droit. Un serpent tétraèdre sur le pectoral gauche et quelques paroles ésotériques imprimés dans le dos. Il s'enveloppa la ceinture au moyen du bout de tissus, puis pénétra dans la petite chambre. Le poste allumé crachait la dernière tube de Barikad Crew, un remix d'un ancien hit du roi Coupé Cloué, à l'heure du temps...

Ban m afè mwen

Sa depan

Ban m afè mwen

Sa depan

Ban m tout afè m** ...

Bernard enfila une paire de baskets noirs, puis un pantalon aux rayures camouflées, un t-shirt bleu noté à l'avant I am Big Lier ... Sous le pantalon se trouva relever un boxer aux couleurs délavées. Un bain d'huile odorante... Casquette à l'envers. Le jeune homme jeta un dernier regard à l'intérieur. Voir s'il n'a rien oublié pour la soirée, puis tira le drap sur le lit. Attrape son Android, consulte la messagerie, éteint la lumière, tire la porte. En route vers la party.

                            III

Le jeune homme prit le couloir qui débouche sur le corridor Jacques. L'odeur pestilentielle d'urines mêlée à celle des latrines pleines pincèrent vivement ses narines. Il retrouva tout près Fred, plus loin Gro Sirop, Frajil, Young Edy et autres gamins du groupe. Bernard réunit en commun la somme de l'équipe. Aurait-il été autrement dans une capitale où la population chôme à plus des neuf dixième? L'abandon paraît un vain mot s'il a fallu mettre un nom sur le total délaissement dans lequel se vautre sans issue la jeunesse de la nation... Donner corps aux espérances des jeunes d'ici n'a jamais été le projet d'ailleurs des gouvernants. Ils oublient, sans doute, que l'avenir ne prend corps que dans l'expérience des éventuels remplaçants. L'alcool, la rapine, la drogue, le sexe, la violence ont été les seuls offres possibles à la jeune génération. Ainsi nombre d'énergie et de forces vives ont-elles été gaspillées sur l'autel de l'égoïsme de plus d'un. De l'antipatriotisme des hommes.

                           *

- Nous partons pour une bonne soirée, negro, laissa, goguenard, tomber Gro Sirop. Une vigoureuse tape dans le dos de Young Edy qui parut ne pas aimer, approuve le jeune Frajil.

- Ann lase mesye***, lance un autre de la bande.

Ce samedi, les rues de la ville grouillèrent de gens. Il y avait certains qui circulaient et d'autres descendaient dans un sempiternel aller- retour: on dirait qu'ils sont en manque de temps. Ils eurent sans doute peur aussi de perdre un temps fou sur la terre d'Haïti qui passe pour ne jamais mourir

                             IV

À l'extérieur, le Caribe Club bouillait des rythmes urbains et des mix récemment parus. La foule compacte à l'intérieur. L'ambiance survoltée du club reflétait jusque dans les environs. Des marchands de boissons énergisantes, des derniers échantillons de rhum importé, des petites échoppes de kleren pike, cigarettes, de joints de marie-jeanne... Marchandes de poulets fumés, griots, bananes pressées, etc. Le commerce fleurissait à l'occasion. Les jeunes du clan achetèrent quelques petites bouteilles. Ils les accompagnèrent d'un peu de kleren mélangé. Des cigarettes, quelques joints...

Payés la cotisation de rentrée, ils s'engouffrent dans la grande salle où tressaient les corps dans des chorégraphies sensuelles et folles sans fin. Des jeunes femmes presque à l'âge des filles dansaient le corps légèrement vêtu. D'autres attendaient dans un espace reculé l'appel du premier regard. Qui achèverait la danse en voiture, ou sur le morne lit d'un motel crasseux de la Capitale.

La bande ne maudissait nullement l'ambiance. Quelques instants plus tard, des rythmes locaux mêlés aux effets sonores techno, soulevèrent leurs pas. Leurs torses gonflés bougèrent sous le rythme des hits du moment. Le cœur haletant. Le sourire fendu sous l'effet trouble de l'alcool. Le regard imprécis. Les gestes approximatifs. L'odeur et la fumée du ganja et du chicha noyaient cette jeunesse incomprise dans l'appropriation d'un avenir sans cesse fuyant sous leurs yeux. Ils goûtaient à pleins poumons des excès de la ville.

Bernard se déhancha sous les airs d’un hit du rabòday. Comme pour se donner en spectacle avant la conquête de Shéda, dans la nuit. Le cadet du clan consulta son mailbox... Et envoie un loll à un ami à l'autre bout de la ville, bredjenn comme lui. Le lourdaud s'amusait ailleurs bêtement avec une Shawty. Plus de respect de la vie privée avec ces jeunes qui trouvent arriérés tous ceux qui ne collent pas de leur mode de vie. La ville sous nos yeux insensibles se déconstruit chaque jour. Pierre par pierre. Brique à brique. Sans la moindre enquête publique. Une minimale quête de repères... Des selfies au bar viendront plus tard.

                              V

La musique bouillonnait, allait de son train, coulait à flots quand Bernard prit congé du groupe. Une tour avec la jolie du quartier, Shéda... Le bredjenn avait voulu prendre sa revanche. L'appât,  la cousine d'un autre jeunot d'un clan rival. Entre les bandes de jeunes qui fleurissent nos quartiers et nos rues, on traite les affaires de cul comme des affaires d'honneur. Celles-ci devaient être traitées avec la dernière rigueur. Le champion se doit de laver son honneur et celle de toute la bande.

... Ne demandez pas comment!

Shéda était une jolie femme d'une vingtaine d'années. Brune. Un mètre soixante. Un Visage candide et une peau lumineuse. L'usage excessif des soins de beauté y avait laissé des traces durables. Des cheveux presque grisonnants rallongés de belles dreadlocks. Deux yeux brillaient au-dessus de ce nez aquilin et de cette bouche à faire rougir le cœur le plus assuré de la Capitale. Shéda se connaissait en charmes. Comme  les milliers de filles de sa génération. La brune, en effet, a déjà fait tourner la tête à d'importants hommes de la République de Port-au-Prince. Des professeurs d'université, des cadres de l'administration, des ministres en quête de cure de jouvence, un secrétaire d'État, un sénateur de la République. Elle les déposa tous comme des paquets. Encombrants. Inutiles. Embarrassants. Lorsqu’elle eut soutiré le maximum pour ses bijoux, carnets, garde-robes, gâteries pour ses copines et autres dépenses. La caisse publique ou les poches ont eu pour leur argent.

Le dernier arrivé au comptoir de la brune: un retraité d'une grande entreprise américaine. Joseph Jean, la soixante-cinq bien sonnée, était rentré au pays pour couler ses vieux jours. Des jours heureux, en dirait-on. Des billets verts, en effet, il n'en manquait pas. Il en avait autant pour mener sa vie de pépère heureux. Et déflorer la moitié des filles des quartiers de Delmas. Le vieil homme avait tout abandonné aux U.S.A, femme et enfants. Il avait fait élever une belle maison au bord de la mer du village de Port- Salut dans le Sud. Il s'y rendait assez souvent quand il le souhaitait, et voulait se tremper dans le sel et le sable or de cette partie de l'île.

                             VI

Joseph avait remarqué la jolie Brune, un matin de décembre, un mois et demi plus tard, de son retour définitif au pays. Au volant de la Terios, il ne lui avait pas adressé la parole.  Le vieux parût troubler par ce jeune corps. Aux gestes et à la démarche mesurés. Deux jours, plus tard, il l’a croisée à nouveau au Carrefour menant à l'aéroport. Il lui a fait signe. La femme ne s’en remarquait pas. Le hasard, peut-être, l’a portée à se retourner. Elle aperçoit finalement Joseph. Hésite un peu. Puis, elle est venue le retrouver. L'enchainement de la conversation termina sur un numéro. Que la jeune femme mémorisa d'un click éclair sur son portable.

-On peut se voir demain l'adorée, glisse Joseph ,un clin de sourire sur le visage.

Hochement de tête d'acquiescement:

 

- Je vais voir...

  • Promis ! Avança le vieux.
  •  
  • Non ! Je vais voir !  D'accord, je t'appelle pour confirmation, elle n'avait pas fini...

- Pas de soucis, au mieux c'est qui moi t'appelle, rétorqua le vieux. La jeune femme, trop heureuse de conserver la balance positive sur son compte. Facebook et Instagram, tourneraient à plein rendement lorsqu'elle se retrouvera chez Vanessa.

                                   VII                             

Bernard prit son portable. Et remarqua l'heure. Le jeune homme guetta à l'horizon la présence improbable d'un taxi-auto. Les feux éteints. Inexistants. La circulation routière dans la ville, si l'on voit son ombre par hasard pendant le jour, semblait bien inexistante ici la nuit. On dirait au pays des fous: ce tiers d’île qui se prétend pays, ne vit, ne respire, ne copule que le jour. L'automobile sans phares glissa dans une rue adjacente. Sans faire le moindre cas de Bernard. La voiture fantôme semblait prendre ses roues à son cou dans cette capitale où tout le monde a peur de tout, de tous. Ici un chien n'en est pas toujours un. Un homme n'en est pas toujours un. Un pasteur ou un enragé, fou de dieu de nos soirées de réveil qui radote, un parent apportant un médicament à l'hôpital. Ce n'est pas toujours un homme. C'est peut-être un gangster. Avec assurément son pied-cochon** sous le bras.

Enfin, une mototaxi s’amène. Le chauffeur ne portait pas de casque. Bernard discuta du prix qui fait le double la nuit tombée. L'engin redémarra dans un crépitement. Le scooter arpenta une à une les ruelles jusqu'au motel du quartier. Là, l'attendait la pulpeuse Shéda.  

                                 VIII

Le chauffeur empocha le prix du trajet. Clôt son discours par une injonction :  Ti bredjenn pa nan bese triye****, notes populacières d'un hit très populaire du moment. Le brave homme, d'un geste comme s'ils se connaissaient auparavant, approuva. L'engin redémarra ...

Il consultait l'écran de son portable. Il composa le numéro de Shéda. Le téléphone ne décrochait pas. La réponse se faisait attendre. La brune, absente. Dix heures trente PM. La jeune femme venait, en effet, d'aménager dans une deux pièces de ce quartier de Delmas. Elle attendait l'appel de Bernard à qui elle avait promis une soirée inoubliable. Du cash, s'il en voulait. Depuis quatre mois, elle était devenue la maîtresse de Joseph. Et elle voulut mettre du sel, des épices, de la chair dure au milieu de son plat. Au milieu de sa bouche. Au milieu de son corps. Elle attendait cet appel et Bernard qui la réchaufferait dans cette chambrette borgne. Lui, il croyait qu'il s'était fait avoir. Ainsi son langage devenait amer. Lui, le charmeur du corridor Jacques. Pas une des filles de ce terreau sauvage ne lui avait résisté. Géorgie fut sa dernière conquête.

Minuit pointa à l'horizon. Il résolut finalement de rentrer. La gueule de bois. Il maudit la belle à force de paroles méchantes. Il mordit inconséquemment les lèvres. Soudain, il réfléchît comment passer l'addition à la jolie brune. Puis, un peu du fric du pépère.

                 *

Les ruelles menant vers le bidonville paraissaient sombres. Pas l'ombre d'un pas. Des aboiements de chiens-errants du quartier déchiraient la nuit de sinistres échos. Bernard prenait le premier corridor. Il pensait à ses copains. Ils rentreront cette matinée. Les yeux roux. La mine défaite. Pour peu, il les retrouverait au bar. Il croisa dread Wilson au carrefour et lui fit le geste du poing. L'odeur agressive du cannabis flottait dans le noir. Pour peu, elle l'étranglerait. Vrai, tous les bredjenn ne fument pas. Et même s'ils y touchaient, tous ne s'adonnent pas à la feuille dentelée et séchée.

                               IX

La nuit ôtait lentement sa châle d'ombre sur la ville. Les rues moitié-vides. C'était dimanche, le trafic fluide, se déroulait calmement vers les marchés et les lieux de culte. Au ralenti. Des vociférations des bergers de l'évangile peuplaient l'air de leurs échos. Le Dieu du ciel aura pour son argent. C'est dimanche. La fin du monde, semble bien, ne sera pas certainement pour aujourd'hui.

                              *

Shéda rencontra le jeune gars un matin. Elle ne s’en rappelait même pas. Bernard avait porté son regard sur chaque millimètre de ce corps aux contours allusifs et provocateurs, à la démarche lascive. Le corps de la belle l'avait troublé, tourmenté. Si bien qu’elle lui lança :

-  Pourquoi tout ce long regard, ce regard si appuyé, jeune homme ?  jeta Shéda tel un pavé dans la marre.

- Mademoiselle, tu, tu es peut-être la cause, ton joli corps m’attire !  avec une pointe d'effronterie dans la voix, laissa tomber Bernard !

- Mon corps brûle à te voir passer ici, ajoute le jeune homme.

Elle se laissa magiquement prise au jeu. Et lui fila son numéro. Puis s'en alla. Le clan resta sans voix. Son corps comme la voile sur une mer déchaînée tangua, dansa dans la bermuda grise et sous le bustier jaune orange. La matinée était divine...

                              X

La Côte à Port-Salut, ce matin, parut calme. Les vagues bleues chantonnaient dans le vent. La marée basse conviait les baigneurs. Depuis trois jours, Shéda accompagnait Joseph sur cette terre lointaine du sud. Le vieil homme rêva secrètement de faire un enfant à la jeune femme. Son cher visage pourtant restait impassible sur l'écran de son portable. Trois jours... depuis qu'elle n'a pas pu rire avec cette voix limpide qui lui laissa cette chair hérissée. Sa peau si sensible sous les doigts de Bernard. Elle rêva honteusement être dans ses bras. Fut-ce une soirée ou une journée. Loin de la peau rêche et veineuse de Joseph. Son souffle blasé. Quelques jours plutôt, la belle lui ne avait-elle pas confié son envie de  partager son lit ? Pas plus tard, de son retour de Port-Salut, elle lui avait promis une partie de plaisir. Bernard, lui avait soufflée son désir de la prendre, de la faire tracer une croix sur le vieil homme.

Elle pensait intensément à lui. L'appétit lui devenait presque impossible. Joseph s'en apercevait, mais fit semblant de ne rien voir. Trop insister. Elle aurait pris l'autobus pour la Capitale et l'aurait abandonné là-bas. Entre les blocs de béton et la mer. Elle se mordit langoureusement les lèvres espérant abréger au plus tôt ces vacances. Le jour tant que la nuit lui paraissait longue. Très longue. Une éternité.

La mer n'avait plus la saveur des grenades mûres lorsqu'on y posa les dents. Les vagues paraissaient à elle nues. Sans le charme du vent qui pleure dans les saules et dans les verts cocotiers . L'écran du téléphone subitement s'alluma : un sourire trop beau se dessina sur son visage. Tout à l'heure, on ne lui aurait pas reconnu cette tête-là. Le bonheur réserve souvent des surprises. Elle écoula une trentaine de minutes. De joyeux éclats de rire se mêlèrent au cri nu des vagues et du vent.

                                 XI  

La voiture attaqua la route après Miragôane. L'étang, dans sa partie sud, figurait une vaste plaine grise. Une plaine liquide. Un dernier arrêt à Chabanne, une localité près de Petit-Goâve, Joseph s'approvisionna en Douce Macoss**. Un produit original et originaire de la région. La Douce Macoss, en effet, est une confiserie succulente, faite de lait, de sucre dans la zone, à laquelle on ajoute des arômes et d'autres produits qui lui donne son goût délicieux et ses couleurs magiques: rose, crème et brun. C'est un dessert exquis que l'on vante très largement les délices, qui fait le régal fou des palais du commun des gens de cette île. Et même de la diaspora.

                  *

Le soleil s'immobilisa sur la ville. Lorsque la voiture déposa la brune. Elle glissa un baiser froid à Joseph, puis ouvrit la barrière et pénétra dans la cour. A cette heure, la petite cour était vidée de ses gens. Certains ont parti très tôt travailler. D'autres, pour tuer le temps, se retrouvèrent dans les rues. Elle se débarrassa de ses sacs et autres objets.

Shéda s'assoit sur le lit. Pour se changer les idées, la belle allume l'écran plasma. Elle prend un bain de mousse. La chair rafraîchie. Elle ouvre le réfrigérateur, attrape une canette de jus. Le refrain d'une tube d'Edith Leffel montait dans l'air...

"Si seulement, si seulement, on connaît la chanson

Si seulement, si seulement, moi, j'en perds la raison"

Bernard comme un fruit mûr lui revint. Elle prit son portable. Et composa le numéro. Légèrement vêtue, posa une main fragile sur son corps...

- Allô

- Bernard.

- Oui.

- C'est Shéda, je suis chez moi prononça-t-elle, d'une voix langoureuse,

- je t'attends...

 

James Stanley Jean Simon

 

Glossaire:

*Bredjenn : nom attribué aux jeunes de sexe masculin dans les ghettos haïtiens

Pied-cochon : pistolet

 

** Sois généreuse

Accorde- moi toutes les faveurs

Sois généreuse

Sois généreuse

*** Allons- nous les gars.

****Les ..... -ne font pas de cadeaux.

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