Voyage entre les frontières du rêve et de la beauté dans les œuvres de Dormé Ascelin Junior !

Dans la publication en 1953,  d’Isaac Asimov, « Les Cavernes d’acier, ce dernier interpelle notre réflexion en ces termes : “Qu’est-ce que la beauté, ou la charité, ou l’art, ou l’amour, ou Dieu ? Nous piétinent éternellement aux frontières de l’inconnu, cherchant à comprendre ce qui restera toujours incompréhensible. Et c’est précisément cela qui fait de nous des hommes.”. À travers cette réflexion philosophique et ce questionnement légitime sur l’existence humaine, nous disposons suffisamment de matériaux pour construire notre interprétation autour du discours esthétique, en nous rapprochant des œuvres de l’artiste peintre Dormé Ascelin Junior.

Dans cette démarche qui invite dans une forme de construction permanente, l’artiste élabore son argumentaire esthétique autour des lignes, des planètes, des visages, des corps et d’autres éléments de notre faune.  

Dormé Ascelin Junior expose les repères  trajectoire : “Mon art s’inscrit dans la pratique esthétique de l’art contemporain, tout en faisant appel à des techniques issues de divers courants artistiques du passé. Je prends la liberté d’aller au-delà des conventions et des principes en utilisant la photographie, le collage, la géométrie, les couleurs et la nature. Mes œuvres laissent apparaître couleurs, formes, femmes, lignes, oiseaux, jeux de lumière et harmonie.”.

Donna Tartt, dans:  “Le Chardonneret”, publié cinquante ans plus tard, nous invite à repenser la beauté à travers d’autres frontières, en affirmant ainsi sa pensée. “J’aimerais croire à une vérité au-delà de l’illusion, mais j’en suis venu à la conclusion qu’il n’y en a pas. Parce que, entre la réalité d’un côté et le point où l’esprit la heurte de l’autre, il y a une zone intermédiaire, un liseré irisé ou la beauté vient au monde, ou deux surfaces très différentes se mêlent en une masse indistincte pour offrir ce que n’offre pas la vie: et c’est l’espace où tout l’art existe, et toute la magie.

Dans la magie des couleurs proposée dans les œuvres de Dormé, dont quelques-unes sont retenues pour l’exposition Les couleurs de la dignité, nous sommes invités à contempler à travers de grandes dimensions, la communion de plusieurs mouvements en spiral, des ondes qui vibrent dans une fréquence abordable par nos yeux. De tels tableaux participent dans la représentation de plusieurs  galaxies, qui  échappent à nos regards, après avoir marché la tête baissée pendant longtemps.  

Depuis 2009, Dormé Ascelin Junior vit au Canada, cet ancien diplômé en Arts plastiques de l’École nationale des Arts (ENARTS) n’a pas jeté son pinceau en dehors de ses autres activités professionnelles.

Dans ses témoignages il garde encore de beaux souvenirs de sa ville natale Port-au-Prince, devenue depuis le port de la peur. Il rumine d’autres souvenirs lointains, il y a plus de vingt ans : ‘J’ai entrepris des études en dessin industriel et d’architecture,  avant de m’inscrire à l’École nationale des arts de Port-au-Prince. ‘.

Dormé est très reconnaissant de son passage au temple des arts et de la culture, situé à la rue Monseigneur Guilloux, qui célèbre ses quarante ans cette année,  au sein duquel il a été formé. ‘J’ai exposé mes premières œuvres en 2002 dans le cadre d’une exposition collective à l’ ENARTS.’, rapporte-t-il.

Dans la palette de cet artiste peintre professionnel, on observe la continuité des œuvres qui appartiennent à la dernière génération en date des courants de la beauté.  Les formes et les figures communiquent une forte sensibilité. La féminité est bel et bien virile dans ses productions plastiques. On observe avec patience les liens qui rapprochent les différents éléments qui sont inscrits dans le décor, qui offrent du coup la possibilité de découvrir certains reflets d’une tête, des seins, et d’autres parties du corps humain.

De loin, en observant certaines de ses œuvres, on retrouve la technique largement utilisée par d’autres artistes qui ont devancé Dormé Ascelin Junior, tels les tableaux peints par le célèbre peintre Ossé Hermantin, parmi d’autres.

Dans l’un des tableaux de Dormé, parmi les plus impressionnants, ce dernier nous invite dans un voyage dans l’univers féerique et symbolique. Plusieurs personnages se partagent le paysage dans un mouvement qui ne précise pas sa direction à première vue. La tête d’une femme porte également la tête d’un oiseau, pendant que des globes ou planètes se déplacent entre les nuages. Ce sont pratiquement plusieurs styles qui se combinent ou se confondent dans le paysage astral.

De nombreux projets d’expositions artistiques sont en perspective, rapporte l’artiste Dormé. On peut citer les expositions collectives qui seront réalisées à la galerie 1855, en décembre 20023. Pour l’année 2024, il prépare déjà son exposition personnelle, en dehors de sa prochaine participation aux différents symposiums qui se tiendront à Waterloo, à Bromont,  à celui de Damvil, un autre  dans la ville de Gatineau, entre autres. Les œuvres de Dormé continuent d’enrichir des collections d’ici et d’ailleurs. 

Devant les horreurs qui dominent les sociétés actuelles pendant qu’elles valorisent de moins en moins la grandeur des actions humaines, on a l’impression que l’artiste cherche par tous les moyens à offrir à travers ses œuvres surréalistes, une porte de sortie pour découvrir d’autres cieux, d’autres frontières et d’autres rêves de grandeur dans ses actions artistiques.  

Dans l’observation de ces œuvres, on a l’impression de revisiter les grandes lignes du discours de Louis Pasteur, lors de sa réception à l’Académie française le 27 avril 1982, quand il rappelait que : ‘La grandeur des actions humaines se mesure à l’inspiration qui les fait naître. Heureux celui qui porte en soi un dieu, un idéal de la beauté et qui lui obéit: idéal de l’art, idéal de la science, idéal de la patrie, idéal des vertus de l’Évangile !’.

Dans cette tentative assumée pour apprécier  le sens et l’essence des œuvres de Dormé Ascelin Junior, ce peintre qui propose des tableaux influencés par cet idéal de la beauté, on peut facilement conclure que la motivation de ce dernier est avant tout dominée par ses rendez-vous manqués de ne pas pouvoir continuer de contribuer  sur le terrain, dans la défense de certaines valeurs qui sont associées à l’histoire de sa terre natale. À travers des tableaux, il cherche par tous les moyens à inventer de nouveaux rêves, et des voyages dans le temps, pour pouvoir mieux défendre l’essence de son authenticité et de sa dignité.

 

Dominique Domerçant

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