Le vendredi 24 novembre 2023, à la Maison Dufort devenue un haut lieu de la culture à Port-au-Prince, s’est déroulé le vernissage d’une restitution-vente présentée par le Centre d’Art dans le cadre du Fonds pour la Création visuelle financé par la Coopération suisse.
Dans son propos d’ouverture de l’exposition, le directeur Allenby Augustin a rappelé la mission première du Centre d’art. Une institution patrimoniale qui, depuis sa création en 1944, accompagne les artistes en leur fournissant des moyens et des supports appropriés pour créer. Le fonds pour la Création visuelle, soutenu financièrement par la Coopération suisse en Haïti, a souligné monsieur Augustin, s’inscrit dans la mission de l’institution visant à promouvoir et valoriser l’art haïtien.
Michèle Duvivier Pierre-Louis, présidente du Centre d’art, a de son côté mis l’accent sur l’importance d’un tel fonds pour renforcer la résilience du secteur culturel. En effet, au cours des cinq dernières années, l’insécurité, l’instabilité politique et sociale en Haïti ont paralysé l’activité des artistes de tous les horizons et impacté l’économie du secteur culturel. Plusieurs ateliers de plasticiens ont été attaqués, pillés puis incendiés. Dans ce contexte, il s’est avéré urgent pour le centre d’Art, de concert avec ses partenaires et les bailleurs de fonds comme la Coopération suisse, de trouver la manière la plus adaptée d’accompagner les créateurs et créatrices au cours de cette période de crise.
Le but du fonds pour la Création visuelle c’est donc de permettre aux artistes de se renouveler, tout en insufflant un souffle nouveau à la création visuelle en Haïti, a précisé madame Laura Louis, représentante de la Coopération suisse en Haïti. En ce sens, sept projets de sept artistes plasticiens sélectionnés dans le cadre d’un appel à proposition ont été financés. Ce sont les œuvres réalisées grâce à ce financement qui sont présentées au public.
Anaïse HECTOR, Chrisnaïka DESROSIERS, Dashka Rheyna CHARLEMAGNE, Windel JEUNE, Gheslaire SAINT-HILAIRE, Marie Guerlande BELAN et Max Grégoire BENJAMIN sont les principaux exposants. Quoiqu’utilisant des matériaux et des médiums aussi divers que la peinture sur toile, des reliefs travaillés sur du hardboard, ou encore le numérique, les ouvres exposées forment un tout convergent se présentant comme un dialogue. Dialogue entre les artistes d’abord, dans un espace multimédia où l’on sent l’empreinte du plasticien Mario Benjamin qui a d’ailleurs fait le montage de l’exposition. Mais aussi dialogue avec le public autour de thèmes cruciaux pour la compréhension de notre itinéraire de peuple. L’arrivée des premiers conquérants espagnols dans l’île kiskeya, du peintre Windel Jeune. La mémoire de la traite et du commerce triangulaire chez Max Grégoire Benjamin. Sans oublier la performance virtuelle de Gheslaire Saint-Hilaire qui ne manquera pas encore une fois de soulever la question de la place « controversée » du numérique dans l’art contemporain.
Soulignons que plusieurs personnalités du monde des arts et de la société civile ont rehaussé par leur présence l’éclat de la cérémonie. Citons entre autres le peintre Georges Eddy Pierre, les plasticiens Celeur et Paskö, le poète Coutchève Lavoie Aupont ainsi que l’écrivain et militant syndicaliste Josué Mérilien. La présidente du Centre d’art, madame Michèle Duvivier Pierre-Louis, en a profité pour rappeler qu’il s’agissait d’une restitution-vente et du coup inviter les visiteurs à acheter les œuvres. Car, pour que le Centre d’art continue à accompagner les artistes, pour que l’art et la culture continuent à réinventer l’espérance dans ce pays, il faut la contribution de tous et de toutes, a-t-elle conclu.
La Clôture de l’exposition à la Maison Dufort à Port-au-Prince est pour le 30 novembre 2023.
Voltaire JEAN
