Retour sur la rencontre signature et la soirée dialogique autour du dernier ouvrage du Frère Augustin Nelson, Ph.D : « Éduquer aujourd'hui pour relever les défis de demain », publié aux éditions l`Harmattan »

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Le samedi 16 décembre dernier, Paris a été le théâtre d'un événement exceptionnel. Le docteur en Sciences de l'Éducation, le Frère Augustin Nelson, venu tout droit d'Haïti, a marqué  l’occasion par son savoir et son engagement en faveur de l'éducation lors d’une rencontre signature organisée par les éditions l’Harmattan autour de son dernier ouvrage. L'essence de cet après-midi a été capturée par le thème central du livre : « Éduquer aujourd'hui pour relever les défis de demain.»

La rencontre prévue de 15h à 17h, a été bien plus qu'une simple séance de signature de son livre. Le Frère Augustin Nelson a  surtout partagé sa vision audacieuse sur la manière dont l'éducation peut être un catalyseur puissant pour préparer les générations aux défis du futur. Son discours, empreint de passion et d'expériences, a captivé l'auditoire, composé d'éducateurs, d’étudiants, de doctorants en éducation, de membres de la communauté haïtienne de Paris, de passionnés d'éducation. Une rencontre très interculturelle comme il l’a bien fait remarqué. 

Dans son intervention, il a, dans une perspective durkheimienne, présenté le territoire de l’école comme un lieu qui doit être protégé de certaines influences (politiques, religieuses, culturelles…etc.) mais qui pourtant, ne peut pas totalement se couper du monde extérieur. Une façon de présenter l’école comme  un lieu qui ne juge pas, mais qui, sans a priori, permet à la relation de se créer ou aux liens de se resserrer. Pour lui, l’école demeure un lieu où l'on apprend à vivre ensemble et à accepter les autres dans leur différence ; plaidant ainsi en faveur d’une éducation qui forme l’être humain à être plus humain, un clin d’œil à la pensée d’Edgar Morin, qui lui est si chère.

Il a aussi abordé la complexité du monde qui nécessite plus de solidarité, de respect de la différence et de coopération culturelle, à l’heure où les critères de performance, de réussite, d'efficacité, de vitesse, etc, dominent. Tout en soulignant les défis persistants tels que la violence, la malnutrition, la corruption, les inégalités, les guerres..., le docteur Nelson a mis en lumière les progrès technologiques et scientifiques du 21e siècle et a insisté sur le besoin d'une éducation plus inclusive, conforme aux différentes capacités des individus. Il a également souligné l'importance des compétences socio-émotionnelles et du bien-être pour une éducation holistique et adaptée aux défis actuels. Ces compétences deviennent cruciales aujourd’hui et permettent de mettre l'accent sur le développement intégral de la personne.

Son discours s'est également penché sur la réalité haïtienne, soulignant les richesses culturelles et naturelles du pays. Cependant, le système éducatif haïtien fait face à des défis politiques et économiques, contribuant à des protestations violentes et à une fuite des cerveaux. Il a évoqué la nécessité de réorganiser l'éducation en Haïti  et a plaidé en faveur d'une éducation de qualité, accessible à tous, pour répondre aux besoins du pays. Pourtant, quelques interrogations persistent : Comment affronter les changements, renforcer le sens de l'école, alors que les ressources s'amenuisent et qu’elles se dirigent vers d'autres rives ? Comment se réinventer malgré les défis qui persistent, pour redonner du sens à  l'éducation et en faire un pilier d'espoir et de résilience ? Le Frère Nelson a en ce sens exhorté à développer de nouvelles compétences et à faire de l'éducation une priorité absolue pour un avenir meilleur. Son discours a été un appel à la prise de conscience, incitant chacun à réfléchir sur son rôle dans la construction du monde de demain.

Un dialogue inspirant

Le dialogue qui a suivi a été tout aussi enrichissant, avec des questions pertinentes du public sur la relation entre l'éducation et l'individu formé, les défis du système éducatif haïtien, et la nécessité d'une éducation ancrée dans la culture locale. Tout au long des échanges, le Frère Nelson a notamment insisté sur le fait que l'école doit demeurer un espace qui favorise le plaisir d'apprendre plutôt que d'être simplement perçue comme un ascenseur social. Il a souligné l'importance de repenser l'éducation pour répondre aux besoins complexes de la société contemporaine et également l'importance de s'enraciner dans sa propre culture tout en reconnaissant les bienfaits de la mondialité. Cette interaction dynamique a créé une atmosphère collaborative, où les idées ont fusionné pour nourrir la réflexion sur l'avenir de l'éducation.

Ces échanges ont contribué à élargir la perspective, montrant que l'éducation ne se limite pas à la transmission de connaissances, mais englobe également des aspects culturels, sociaux et émotionnels cruciaux pour façonner un avenir prospère et équilibré.

La partie culturelle de cette rencontre a ajouté une dimension spéciale : une lecture-scénique qui a enchanté l'auditoire. L’interprétation de vibrantes chansons tirées du répertoire de la musique traditionnelle haïtienne - chacune étant habilement associée à des textes de Charles Baudelaire et d’Anthony Phelps - nous a tous conquis. Cette fusion artistique a créé une connexion émotionnelle unique, offrant ainsi une expérience immersive et captivante, qui a renforcé l'impact de la rencontre.

En clôture, l'assistance a participé à une séance de signatures du livre, suivie de discussions détendues autour d'un verre. Cet échange dialogique a permis aux participants de prolonger les réflexions et d’interagir directement avec le Frère Nelson. Ainsi, cet après-midi parisien  a été bien plus qu'une séance de dédicaces. C'était une célébration de l'Éducation, un dialogue enivrant sur l'avenir, et un rappel puissant que l'éducation d'aujourd'hui influence la construction du monde de demain.

 

 

Florence Lafalaise

Doctorante en Sciences de l’Éducation

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