Harold Alphonse, plus qu'un simple artiste peintre !

Durant plus de quatre décennies, l’artiste peintre et éducateur Harold Alphonse a marqué son temps. Sans faire de bruit, tout en restant humble et utile envers ses pairs et des jeunes talents en particulier, il s'est taillé une place qui restera dans la mémoire de cette génération en pleine mutation et transition.

Dans sa passion pour l’art et la culture, la création et l’animation, l’artiste s’est formé dans plusieurs domaines et techniques connexes et complémentaires comme : le dessin, la peinture, l’informatique, la photographie, la communication, la vidéographique, le marketing, avant, pendant et après son passage dans ce temple artistique que fut l’Académie des Beaux-Arts, converti à l'École nationale des Arts (ENARTS).

Depuis sa première participation à une exposition artistique organisée à l'hôtel de ville de Jacmel en mai 1991, suivie par ses performances aux deux autres manifestations culturelles tenues en décembre de la même année, à l'Institut français d'Haïti et le MUPANAH, l’artiste Harold Alphonse allait s'inscrire dans une intense dynamique de production, de création, de proposition et de promotion dans l’art haïtien. 

D'autres expositions à retenir dans le parcours de l’artiste peintre. On peut citer sa participation en juillet 1992, à l’exposition réalisée dans la célèbre ville Puerto Plata en République dominicaine. En 1995,  il a exposé ses œuvres dans le mythique local du Bureau national d'Ethnologie, autour du thème : Vodhoundyohoun. Quelque temps plus tard, en mars 1996, ses œuvres figuraient dans la programmation de l’auditorium d’African Héritage du Cultural Arts Center de Miami aux États-Unis.

Décembre 1996, dans ce que fut à l'origine la Place des Artistes aux Champ-de-Mars, l’artiste Harold Alphonse était bel et bien présent parmi les nombreux autres créateurs de sa génération, qui voulaient imposer un nouveau rendez-vous culturel dans la capitale haïtienne sous le label de JAMA. Un concept qui voulait propulser l'essence et l'excellence de la créativité haïtienne à l'époque !

Dix ans plus tard, en décembre 2006, toujours aussi dynamique, malgré le temps et les revers imposés par la société haïtienne aux talents et aux créateurs parmi les plus déterminés à servir leur pays, l’artiste peintre et plasticien Harold Alphonse figurait parmi les artistes retenus dans le grand projet culturel Création à Ciel ouvert, organisé par l'hôtel Ranch Le Montcel, Kenscoff en collaboration avec le journal Le Nouvelliste.

Dans les jours qui suivaient, il allait participer à l’exposition artistique commémorative du 27éme anniversaire de la Télévision nationale d’Haïti (TNH),  entre le 22 et le 23 décembre 2006. L’année suivante, il a exposé en mai 1997 au Bureau national d’Ethnologie (BNE), et en décembre 1997, il avait répondu à l'appel au Salon de la Mairie de Petion-Ville. 

Des études classiques réalisées entre le Centre de Formation Classique entre 1983 et 1987, après des études primaires entre 1971 et 1980 à l'École Thérèse Rouchon, le jeune dessinateur et passionné des arts et de la culture s'était finalement consacré à la promotion de ses talents dans les décennies qui suivaient. Plus qu’un simple artiste, c’est à la fois un témoin et un acteur actif de son temps. Plusieurs noms des institutions et des organisations qui n'existent plus dans la société haïtienne contemporaine trouvent une place dans les archives et la mémoire de ce peintre, qui est à l'origine de l'un des  rares centres privés de formation de formation artistique et culturelle dans la capitale haïtienne au milieu des années 90. Qui ne se souvient pas de la Grotte des Arts plastiques ?

Dans les locaux de cette école d’art, en particulier de la peinture,  fondée en 1995, qui devrait avoir 40 ans d’ici 2025, ils sont  plusieurs dizaines de jeunes filles et garçons qui s'étaient investis dans le développement de leurs talents dans les domaines du dessin, de la peinture et d’autres métiers artistiques connexes. Comment ne pas saluer l’initiative de cet artiste peintre visionnaire et progressiste, qui croyait autant dans l'avenir du pays et de ses talents ? 

Dommage que par manque d'accompagnement et de soutien, ce peintre, professeur et entrepreneur social de renommée nationale, et dont le rayonnement artistique dépasse les frontières d’Haïti, Harold Alphonse n'a pas su perpétuer un grand nombre de ses activités socio-éducatives et culturelles au bénéfice des jeunes de la capitale haïtienne.  

Des tableaux qui influencent les décors et nos regards, des œuvres dérivées de plusieurs techniques, des recherches continues et de l’art de la récupération portent la signature d’Harold Alphonse. Ce nom presque oublié dans notre génération, cet acteur affaibli au fil des ans, qui a enseigné à des centaines de jeunes par le passé, les techniques de dessin sur tissus, dessin de mode, de calligraphie, de dessin de peinture de la scène,  entre autres.

Directeur fondateur de l’institut Grottes des Arts plastiques, quinze ans plus tard, le séisme du 12 janvier 2010, allait déloger ce centre de formation vers d’autres endroits provisoires et moins attractifs. Ce qui empêchait du coup aux nombreux jeunes bénéficiaires la possibilité d'attirer le plus grand nombre des visiteurs et d'acheteurs potentiels.  

D'autres points importants à retenir dans le palmarès de ce professionnel de la culture. Harold Alphonse a occupé en juillet 2006, la fonction de responsable du décor et accessoires stichting Opéra, dans le projet  “Mariage Lenglensou”, porté par Ipharès Blain, sans oublier sa collaboration comme professeur de dessin et de peintre à l’Institut Orphé Noir pendant plusieurs années.

Derrière les nombreux certificats de participation et de distinctions dédiés à Harold Alphonse, pour un grand nombre de ses représentations  et les performances artistiques, au cours des dernières décennies, il parait légitime de saluer l’engagement, le travail et la contribution de ce professionnel et acteur témoin de son temps, pendant qu'il est encore vivant. 

Dans ce contexte traditionnel de carnaval national en Haïti, à défaut ou en attendant que la mairie de la capitale tente de ressusciter, il serait opportun de valoriser à travers des hommages, une sélection des créateurs et des contributeurs culturels parmi les plus importants,  qui se sont investis pendant des années dans la valorisation de la culture nationale dans chacune des villes de moins en moins animées et accessibles. Harold Alphonse comme plusieurs autres artistes aux talents multiples devrait rejoindre cette liste de créateurs et passeurs de la semence artistique et culturelle entre les générations. 

 

Dominique Domerçant

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