L’ association Vagues littéraires présente à ses lecteurs en particulier et public en général le sixième numéro de leur revue : Do.Kre.I.S. Cette nouvelle parution qui a bénéficié de la participation de plusieurs contributeurs traite le thème : « Fragment(s)/ Mòso » . Un magnifique prétexte qui a mélangé différentes esthétiques et philosophiques de voix pour dire quoi en somme la fragmentation et les failles du monde.
Après les thèmes #1 Voyage, #2 Miroir, #3 Marge(s), #4 Traces #5 Fête, ce nouveau numéro aborde celui de Fragment(s) / Mòso. Le fragment renvoie à un morceau (« mòso » en créole haïtien) d’un tout. C’est une particule qui se détache d’une unité totale, d’un ensemble initialement compact, par suite d’un choc, d’un déchirement, d’une violence. Le fragment ne peut être pensé indépendamment de la totalité originelle, il lui est inhérent. Par ailleurs, le tout disloqué confère à chaque fragment des caractéristiques adéquates lui permettant de subsister – d’une part en tant qu’entité à part entière, d’autre part en tant que bribes disséminées, matières à des archéologies.
Pour cette nouvelle offrande, nous souhaitons mettre en confrontation quelques morceaux d’imaginaires, épars et éclectiques, exhumés, car souvent enfouis, et qui donnent à ressentir leur sensibilité propre. Avec plus d’une centaine de contributions, nous maintenons encore une fois l’engagement de nourrir l’espace des altérités au travers d’un rapport intime entre différentes disciplines artistiques. Cette démarche permet aux lecteurs et lectrices d’une part d’apprécier le possible des rencontres, et d’autre part, de se nourrir de multiples expériences esthétiques et philosophiques de voix qui tentent de dire la fragmentation et les failles du monde. Parmi les contributeurs , il y a lieu de retenir : Claudia Brutus, Stéphanie Jeanty, Carl Pierrecq, Christian Laurent, Jean Erian Samson, Cindy Le Boucher, Pierre Henri Aho, Joël Archille, Jean Christophe Goddard, Hugo Fontaine et consorts.
Il faut rappeler que la revue Do. Kre. I S , la revue des cultures créoles est avant tout un espace d’épanouissement et d’affirmation des langues et des cultures créoles dont le point d’échauffement et la faille se situent en Haïti. En effet, depuis 2017 nous nous efforçons de maintenir cet espace-monde en véhiculant les cris émergeant des bétons chauds de Port-au-Prince. Ces cris qui résonnent dans les interstices du monde et qui relient Haïti, Martinique, Guadeloupe, La Réunion, Bénin, Canada, Belgique, France, et tant d’autres contrées présentes dans la revue. Il s’agit de décrire un itinéraire qui part d’un lieu créole et qui embrasse des engagements politiques des cultures minorisées pour une mémoire composite et créolisante. D’emblée la revue donne à apprécier des récits intimes qui se formulent par l’enchevêtrement de plusieurs expériences de rencontre, de pensée et de création.
Schultz Laurent Junior
