Petite fleur de lune

Ça donne la chair de poule, toute cette folie. Et dire que mes enfants vont grandir comme ça. Sans rien apprendre de cette véritable épopée, dans cette magie haïtienne. À cette époque, nous marchions comme de faux humains. Le pays rigolait. C’est simple. Inspirante de voir ce pays sur un bateau d’orgueil. Dérouté. C’est dur d’entendre le mal trahir des gens, des choses qu’on ne pouvait pas imaginer, tué un président de chez lui, dans sa résidence même. Et moi dans la misère, avec ce qu’on appelle la mémoire. La honte de la nuit, les mots qu’entrelacent dans la peur. Me voici. Erré parmi les Fleurs du mal de Léogȃne et  de Port-au-Prince, d’autres trajets qui m’ont suit sur la lune. Sur  la mer, la honte encore, la misère aussi, et la merde. J’ai envie de vomir. L’un des premiers syndromes d’une grossesse. Je vivais dans la ville de Port-Au-Prince. Cette ville putain qui entraine vers la mort subite toute personne qui risque de questionner sur l'évolution du trafic de drogues. Ou de l’inflation, alors que les salaires restent les mêmes. Basiques. Déjà enterrés. Personne n’échappe à la mort subite. Même le plus violent bandit de la ville, les truands. Où les canards se promenaient dans les rues, comme de vrais perroquets malades.

Au temps des Duvalier les chiens étaient  des vrais héros de la scène. Contre le mal de la vie. Mille routes pour moi, qui risquais de tout prendre en chemin. Vers chez moi. Je rentrais à pied, comme tous ceux qui ignorent les taxis vident. Ces taxis en quête d’un passager généreux. Il sonnait dix heures du soir. Et je repense encore aux reproches de la vie quotidienne. Elle m'a remis en place avec ce seau de glace bien rempli, qu'elle m'a plaqué en plein visage. Une frustrée. Une plaintive au bout des nerfs. Amère. Une radoteuse hors pair. Je me vois comme elle. Mais avec moins de cran. Une vie qui déplait tant aux hommes. Déjà pour entretenir une bonne relation avec soi-même, il te faut te méfier de toi. Savoir au moins une fois comment se résigner aux heures de la nuit. Mes enfants et moi aurons vécu beaucoup de détresses, de surprises branchées dans le malheur des autres et de moindre souffrance. Après la mort. J'espère. Je porte un paquet rempli de fruits et de l'épice, une parcelle de riz et de pois noir, de quoi se nourrir mes quatre enfants, que j'ai aussi surnommé les richesses futures. J’ai seulement trois garçons et une fille, Rashid l’aînée, qui passe son temps à écrire de la musique et des livres de littérature de tout genre, dormir en somnolant sur son rêve de devenir à tout prix un écrivain non public, une star de musique humide, par comme les plus populaires du pays. Déjà nous vivions pour survivre, pour se nourrir de pleur. Mais qui d’autre parle de ça. Personne. Personne à part de moi, oser de dire l’impossible.

 Éloignée de ma ville natale, Léogâne. Une province éloignée. En terre battue, presqu'abandonnée. Faute de route,  quelle décharge, je suis accompagnée de mes seuls trésors, mes enfants. Je vis au jour le jour en étudiant quelques stratégies possibles de m'aider à m'en sortir. Depuis la mort de mon mari, Arthur. J’ai passé toute ma vie à regretter chaque adieu, à me guérir de chaque plaie. À me plaindre de celui qui ne changera que lorsqu'il sera six pieds sous terre. Lorsque j’étais amoureuse d’Arthur, il me parlait souvent de mas province. Dans le Nord d’Haïti.  Je m'en fichais parfois, mais c’était. Au fond. Une lourde trahison de lui dire mon amour pour toutes ces provinces pourries de merde. Plus tard. J’aurai aimé raconter cette histoire à mes enfants pour lui ai rassuré que sont disait de n’importe quoi, un radoteur de rue.

Comme j’ai rêvé la mort d’un président venu dans le Nord. Certains  dégoûtant. Les habitants du Grand Nord qui dirigeaient le pays bien avant il est toujours présent dans le parlement haïtien, ils devraient carrément des arnaqueurs, et il faut être prudent, peut-être faisaient-ils partie des personnes qui se font soudoyer, manipuler et voler avant qu'ils n'aient compris ce qui se passait ! D'autres ont avancé des thèses innovantes. Je les considère comme des candidats de l’enfer. Ils promettaient le ciel et la terre, l'eau, le soleil et la lune, mais ils sont incapables une fois au pouvoir de créer des emplois. J’ai eu la honte. Les hommes ont la capacité de créer des troubles psychiques pour dominer la pensée du plus faible et l'arnaquer, il en existe plus d'un millier qui  vivaient que de cela. Au premier moment, je n'arrivais pas à voir la réalité et accepter qu'il puisse exister des personnes avec des caractères aussi plats. Mesquins. Vicieux. Envieux. Qui s'enfle pour égaler ou dépasser un rival qui les ignore la majorité des fois. Guettant chaque succès pour en faire le leur, les voleurs professionnels ne sont que ceux qui se cachent derrière des vestons dorés, des blasons achetés au prix du sang, de la défaite d'un concurrent gênant,  font la loi et créent des circonstances pénibles pour les miséreux en augmentant leur bénéfice. Ils prêchent l'union. La résignation et le jeûne par les sacrifices et les actions rares.

 

Godson Moulite

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