Dans une Haïti déchirée par la crise et les déplacements forcés, le Festival Interculturel du Conte – Kont Anba Tonèl, porté par Foudizè Théâtre, rallume la flamme du rêve. Du 15 septembre au 30 novembre 2025, sous le thème « On n’empêche pas un peuple de rêver », cette 16eᵉ édition transforme la parole en rempart contre le désespoir.
À Port-au-Prince et dans le Plateau central, des enfants, femmes et jeunes déplacés participent à des ateliers de contes, de chant, d’écriture et de dessin. Loin des armes et de la peur, ils recréent un espace de dignité, où chaque mot devient un souffle de liberté .« L’art ne nourrit pas toujours le corps, mais il sauve l’âme », affirme Chelson Ermoza, directeur artistique du festival. Cette 16eᵉ édition déploie une programmation profondément humaine : Ateliers de contes et d’écriture au Plateau Central, pour libérer la parole et reconstruire l’estime. Ateliers de chant et de dessin à Fontamara, où s’expriment la mémoire et l’affirmation de soi. Spectacles de restitution, où les participants deviennent acteurs de leur propre renaissance. Chaque activité devient un geste de dignité, une trace de beauté dans le désastre.
Plus de 150 bénéficiaires directs, majoritairement femmes et enfants déplacés, participent au projet. Autour d’eux, des artistes, enseignants et associations locales unissent leurs forces pour recréer du lien. « Quand je raconte une histoire, j’oublie un peu la mienne », murmure une jeune participante et dans cette phrase tremble toute la puissance de Kont Anba Tonèl : celle de transformer la douleur en parole, et la parole en espoir.
Soutenu par FOKAL et Sant Kiltirèl Lawouze, Kont Anba Tonèl tisse des liens de solidarité et transmet le patrimoine oral haïtien. Car raconter, ici, c’est résister, guérir et se reconstruire. Et quand les voix s’élèvent sous « le tonèl », on comprend qu’en Haïti, le rêve est la plus tenace des armes.
Schultz Laurent Junior