Diplomatie culturelle: Haïti à l’Exposition universelle à Dubaï !

Dans le cadre de l’exposition universelle de Dubaï, la culture haïtienne sera à l’honneur le 23 mars 2022. La délégation tahitienne sera représentée par le ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Jean Victor Généus, chef de la délégation; du directeur de cabinet du Premier ministre, Samuel Henry Saturne; du ministre du Commerce et de l’Industrie, Ricardin Saint-Jean ; de la ministre de la Culture et de la Communication, Emmelie Prophète Milcé, et de la ministre du Tourisme, Luz Kurta Cassandre François.

Des responsables des Émirats Arabes Unis confirment que : « Pour la première fois dans l’histoire des expositions universelles, chaque pays participant aura son propre pavillon », tout invitant les publics et délégations, à profiter des expériences culturelles immersives et à découvrir ce qui rend chaque pays unique.

Des potentialités culturelles et des opportunités commerciales autour d’Haïti seront mises à l’honneur, en dehors des perspectives de coopérations bilatérales et multilatérales seront au rendez-vous dans cette grande vitrine culturelle internationale.

Dans cette première exposition universelle organisée dans un pays du Moyen-Orient, qui a été inaugurée le 1 octobre 2021, l’ensemble des participants et des visiteurs vont s’inspirer du thème : « Connecter les esprits, construire le futur », pour tirer le maximum des opportunités qu’une telle vitrine peut offrir à court, moyen et long termes.

D’une superficie de 300 mètres carrés, le pavillon d'Haïti offre au public une exposition qui met en valeur la diversité, la qualité et l'authenticité de certains produits uniques et inégalables, promettent les responsables. De l’huile essentielle de vétiver et d’amyris, des fixatifs nécessaires lors de la fabrication des meilleurs parfums du monde; les produits de consommation comme le cacao et les fruits entièrement organiques seront exposés, en dehors des produits artistiques et artisanaux.  Une belle occasion pour apprendre, découvrir, s’exprimer et échanger autour de tout ce qui fait la fierté et l’honneur d'Haïti !

Des hommes et des femmes d’affaires accompagneront la délégation officielle en vue d’explorer les possibilités de renforcement des relations commerciales entre les deux pays, confient certaines responsables, participants et officiels.

Dans l’attente d’une éventuelle conférence bilan autour de la participation haïtienne dans ce grand rendez-vous, on ne pourra s'empêcher d’applaudir cette nouvelle présence haïtienne dans les grandes manifestations culturelles internationales, qui vise plus que jamais à mettre à l’honneur sa culture et ses atouts multidimensionnels.  Plus qu’une simple présence symbolique ou passive, il nous faut préparer, planifier et prospecter la prochaine participation culturelle haïtienne dans les cinq, dix, vingt, trente ou cinquante prochaines années, en misant sur l'expérience en cours à Dubaï, et en documentant surtout sur la présence, la prestation, les produits, le protocole et les performances des autres pays participants-compétiteurs.

Dommage que les universités du pays ne sont pas autant impliquées dans la préparation de ces grands événements culturels, artistiques, industriels, économiques et scientifiques.  Encore moins, on pourrait se demander quel est l’apport de l’École nationale des arts (ENARTS), la seule école d’art du pays dans cette aventure autant esthétique, créative et innovante. Un beau prétexte n’est-ce pas pour renforcer les ressources d’une telle institution hautement stratégique comme l’ENARTS, qui a un rôle important à jouer dans la planification et la participation haïtienne dans ces grands événements culturels internationaux.

De la conception esthétique, artistique ou symbolique des produits « Made in Haïti », qui seront à l’honneur le mercredi 23 mars 2022, il faudra penser parallèlement aux dimensions techniques, chimiques et à la qualité des intrants ou des matériaux utilisés par les créateurs, fabricants et producteurs haïtiens.

De la beauté des objets comme des oeuvres, des produits divers à la fois utilitaires et esthétiques, qui seront exposés, il ne faudra surtout pas négliger l’approche notamment scientifique qui impose à notre pays de se doter à l’avenir d’un certain nombre de laboratoires, de fonds de recherche et de développement pour pouvoir  renforcer à tous les points de vue la qualité des produits.

« Découvrez l’architecture, la culture et les innovations uniques des organisateurs et des 192 pays participants », peut-on lire sur le site officiel de l’exposition universelle de Dubaï (2020), qui se prolonge entre 2021 et 2022, en raison de la crise sanitaire mondiale. Quels sont les nouveaux défis pour Haïti au-delà de sa participation dans les trois domaines cités par les organisateurs qui sont l’architecture, la culture et les innovations ?  Comment cette nouvelle expérience internationale pourrait aider les différentes institutions publiques haïtiennes présentes, à mieux se positionner aux prochaines grandes manifestations culturelles internationales ?

Des pays comme la Jamaïque exposent, à titre d’exemple, des illustrations dans les conteneurs d’expédition inspirées du concours international annuel d’affiche de reggae de la Jamaïque.  D’autres mettent en valeur via des studios de musique certains musiciens, artistes et producteurs les plus emblématiques, et  sans oublier les expositions sur la gastronomie proposées par des pays comme le Chili, la Russie, le Portugal, le Pakistan, le Brésil, l’Angola, entre autres.

De la collecte des documents de tous les autres pays participants, en passant par la documentation approfondie sur les principaux pays qui se rapprochent d'Haïti, tant sur le plan politique, qu’en matière de développement économique, culturel et social, il nous faut inscrire une approche d’intelligence économique (veille systématique, collecte et analyse des données stratégiques: technique, culture et économique) autour de cette participation haïtienne, qui va au-delà de la journée du 23 mars 2022.  

De l’aboutissement des négociations des diplomates haïtiens pour offrir un ticket à la République d'Haïti, en passant l’obligation pour l’État central, via le ministère de la Culture et de la Communication, pour créer les conditions minimales pour encourager la créativité, et  développer les industries culturelles dans le pays, il nous faut l'élaboration d’un agenda culturel international pour Haïti. 

De la représentation de la culture nationale de façon officielle et formelle à l'échelle nationale, en passant par les négociations (bilatérales et multilatérales) avec les institutions culturelles internationales les plus influentes, le développement des industries culturelles et créatives en Haïti par la défense des valeurs esthétiques, identitaires, authentiques et symboliques d'Haïti  pour une meilleure représentation au niveau mondial, s’impose comme l’un des principaux défis pour la mise en oeuvre d’une diplomatie culturelle haïtienne.

Par cette participation haïtienne à cette exposition universelle de Dubaï, qui prendra fin jusqu'au 31 mars 2022, la République d’Haïti a pratiquement tout à gagner, non pas uniquement, en misant sur les possibles retombées et  la présence qualitative et quantitative des exposants et des produits locaux « Made in Haïti », mais par l’obligation pour la délégation haïtienne de collecter des données (techniques, culturelles et économiques) sur les autres pays exposants et l'ingénierie culturelle qui accompagne l’organisation et la réussite d’un tel événement culturel majeur.

De la promotion d'Haïti à la collecte d’informations stratégiques sur les autres acteurs, cette nouvelle participation haïtienne, en guise d'expérience à partager, et des compétences à développer pour ensuite transférer aux autres acteurs locaux, devrait pouvoir servir les principales institutions culturelles publiques, notamment l’École nationale des arts (ENARTS), le Bureau national d'ethnologie (BNE), le Théâtre national d'Haïti (TNH), et les médias d’État entre autres, en termes d’organisation, de création, d’exposition, d’animation, de médiation, de coopération et d’innovation.  

Dominique Domerçant

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