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Directrice artistique de la troupe Ballet Bacoulou, Yvrose Green figure parmi les personnalités du milieu culturel haïtien les plus en vue lors des grandes manifestations culturelles organisées en Haïti et à l'échelle internationale.
Dynamique comme tout artiste qui se respecte, Yvrose Green figure parmi les femmes influentes partageant les arts, le spectacle, l’administration et la diplomatie. Au cours de la soirée d'hommage à son ancienne collègue Euvonie Auguste, elle n’avait pas manqué l’occasion de rappeler ses souvenirs de cette mambo, qui selon elle, offrait toujours à ses collègues la possibilité de découvrir de nouveaux motifs, de nouvelles expressions et de nouvelles couleurs typiques aux femmes d’Afrique et portée par les initiées dans les lakou Vodou.
Diplomate de son État, quand elle ne se livre pas dans les recherches, les échanges et les répétitions pour préparer de nouveaux spectacles, on la retrouve dans son bureau au ministère des Affaires étrangères, comme directrice des affaires culturelles. Assistée de plusieurs jeunes cadres et des diplomates de carrière, elle fait bouger la machine diplomatique à travers les nombreuses tâches et les missions qu’elle exécute depuis plusieurs années.
Danseuse récidiviste, même avec le temps, elle affiche au-delà de son sourire, l’élégance d’une femme affirmée et pétrie dans les moules du protocole, par la somme de ces rencontres professionnelles certaines avec les successions de diplomates et des attachés culturels des ambassades accrédités en Haïti.
Devenu un patrimoine national, la troupe de danse folklorique, Ballet Bacoulou ne manque jamais l’occasion de faire danser son public, quels que soient son origine sociale et son statut politique ou même diplomatique.
Durant les nombreuses réunions internationales organisées en Haïti entre 2012 et 2017, ces agendas diplomatiques aussi chargés dans la matinée, offraient souvent dans l'après-midi et les soirées, l’occasion pour les délégations internationales ou régionales et les dignitaires étrangers la possibilité de découvrir l’histoire d’Haïti, les sources ethnographiques qui alimentent l'identité nationale et enfin les multiples formes d’expressions artistiques, culturelles, religieuses, sacrées et symboliques qui définissent le peuple haïtien dans son essence.
Des tambours autour des hommes et des femmes qui dansent et qui chantent, dans des costumes aux couleurs verdoyantes qui illustrent le langage de chacun des esprits Vodou, représentent ainsi les principaux vecteurs pour faire passer de tels messages, dont la troupe de la célèbre Yvrose Green détient les codes.
Durant la quinzaine de la Francophonie en mars 2022, c'était l’occasion unique et inoubliable de découvrir les talents renouvelés et renforcés, qui venaient revivifier l’espace du Karibe, qui continue d’accueillir parmi les plus grandes fêtes de la culture nationale.
Depuis 2000, la troupe Ballet Bacoulou est dirigée par Yvrose Green, après la mort de sa fondatrice, la danseuse Odette L. Wiener.
De 1959 à 2022, cette institution culturelle vieille de plusieurs décennies se renouvelle au fil des générations, pour mieux garder la fraîcheur dans ses animations.
Des 40 danseurs et 20 musiciens, qui ont bénéficié de l’encadrement de la fondatrice du célèbre créateur de la trempe de Félix Morisseau Leroy, et du prêtre Vodou Adrien Cicero, nombreuses sont les compositions issues de la musique traditionnelle haïtienne et de la mémoire collective, des rites et des rythmes, qui sont servis à chaque occasion et suivant le public, dans des formes qui inspirent et invitent à la danse.
Du festival culturel régional Carifiesta en 2015, en passant les différents sommets organisés par Haïti, au fil des années, et lors des grandes soirées festives pour accueillir les chefs d’État étrangers qui séjournent en Haïti, comme François Hollande, parmi tant d’autres, la troupe folklorique Ballet Bacoulou répond toujours à l’appel. Elle s’impose et fait parfois exploser de joie, de rire et d'émotions les hommes en costumes et les femmes portant des talons, qui vont tenter d'exécuter des pas au son des lwa Vodou, pour ne pas manquer le train de l’animation, qui porte souvent le nom de Rara.
D'une troupe de danse à un laboratoire de spectacles multidimensionnels, en dehors du dernier CD réalisé par la troupe il y a quelques années, ils sont nombreux les musiciens, les initiés et d’autres professionnels polyvalents et avisés, notamment des professeurs et talents formés à l’Ecole nationale des arts (ENARTS) et à l'échelle internationale, qui collaborent et participent dans la conception et la mise en oeuvre des spectacles de la troupe Ballet Bacoulou. Et ce n’est certainement pas un talent pointu comme le musicien Jean Jean Pierre, qui dira le contraire.
Dominique Domerçant
