Kalbas Ayiti lance la sixième édition de « Vingtaine de l’haitianité »

Le coordonnateur de Kalbas Ayiti, James Francisque, a rencontré le journal pour parler de la sixième édition de «Vingtaine de l’haitianité» qui se déroule en Haïti jusqu’au 22 août 2022. Plusieurs activités socioculturelles ont été organisées un peu partout dans le pays depuis la fin du mois de juillet pour demander aux Haïtiens de prendre conscience de leur vraie haitianité et de leur culture reflet de leur identité. Entretien.

Le National : Pouvez-vous présenter pour les lecteurs du journal la sixième édition de « Vingtaine de l’haitianité » ?

James Francisque : La sixième édition de la vingtaine de I’haïtianité est un évènement socioculturel qui cherche à sensibiliser le peuple haïtien sur sa vraie haïtianité et sa culture durant 19 jours. Elle débute le 27 juillet 2022, pour se rappeler de l’occupation américaine ou états-unienne pour finir le 14 aout 2022, date qui ramène l’anniversaire de la cérémonie du Bois Caïman. Ça nous fait 19 jours et nous prendrons le 22 aout 2022, comme le vingtième jour pour réaliser la restitution de ces 19 jours de débats et de réflexions sur notre haïtianité.  Cette année, nous cherchons à faire prendre conscience aux Haïtiens afin qu’ils comprennent la crise de gouvernance que nous subissons est l’oeuvre de la contre-révolution haïtienne, datant de 1806. Le chantier de la révolution haïtienne n’a jamais été en opération. C’est une sixième édition qui lance un cri de réveil aux peuples. Sinon, on continuera de descendre du plus profond dans ce cycle infernal.

LN : Qu’est-ce qui est prévu dans le chronogramme des activités ?

JF : On a prévu de réaliser les activités dans cinq départements du pays qui sont : Sud, Sud-Est, Ouest, Centre et Artibonite. Sans oublier, les réseaux sociaux. On avait commencé dans les médias dans le Grand Sud. Après, on monte à Port-au-Prince. Nous étions à Anba zanmann,  chez Sonson Mathurin. Hier, nous étions à Juvenat chez Manbo Manou dans le camp d’été Ati sole. Mercredi, nous serons en Plaine plus précisément au Centre culturel Dorcely Dédé. Nous serons à Jacmel et à l’Université épiscopale, l’autre semaine. Sans oublier Maïssade, Saint Marc et dans d’autres endroits.

LN : La sixième édition se déroule sur le thème : « Projè enperyalis la demouzine nou, epi anjandre yon kriz idantite ». Qu’est-ce qui se cache derrière ce thème ?

JF : « Fèmen pòt lokipasyon, louvri pòt ayisyanite nou » a été le thème de la première édition. Le thème pour cette année est « Pwojè enperyalis la demouzine nou, epi, anjandre yon kriz idantite ». On a choisi ce thème pour faire savoir au peuple haïtien qu'à la fin du 18e siècle, on avait trois propositions en terme d’ordre mondial à l’humanité, suite, à l’émergence de la révolution industrielle qui remettait en question l’économie coloniale de l’époque. Il s’agissait d’un ordre néocolonial, par les puissances coloniales ayant à sa tête la France. Un ordre impérialisme par les puissances industrielles, avec les États-Unis en tête. Enfin, un ordre de liberté ontocosmique avec Haïti, pour une vraie libération de l’humanité par rapport à la domination, l'exploitation et l'aliénation. Un ordre qui réclame une identité tridimensionnelle chez les êtres humains en général. À savoir, une identité psychosociale par rapport à notre lieu de socialisation. Une identité ethnopsychologique par rapport à notre lieu ethnographique, culturel et civilisationnel. Enfin, une identité cosmique par rapport à notre état naturel et cosmique qui détermine notre vie sur terre.

LN : Quels sont les personnalités et les lieux retenus pour cette sixième édition ?

JF : Les lieux sont : Bois Caïman, le Royaume vodou d’Haïti, Centre culturel Dorcely Dédé, chez Sonson Mathurin ainsi que chez Manbo Manou. Pour les personnalités, on priorise nos ressources internes comme : James Francisque,  Jean-François Cludema, Mapouse Antoine, Makenson Bijou, Brize Gerby, Beaulière Sélauter et Huges Mondésir.

LN : Quelles sont vos attentes ?

JF : Que cette édition dégage une conscience nationale afin que nous puissions opérer un vrai mouvement sociopolitique pouvant mettre en chantier le vrai projet de société de l’haïtien. On devrait accoucher une nouvelle politique publique en matière d’anthropologie politique de l’être haïtien.

LN : Qu’est-ce qui va différencier cette édition de celles déjà organisées antérieurement ?

JF : Pour cette sixième édition, d’abord, on sent une réception plus positive de l’activité que les autres éditions. Ensuite, cette année, on s’intéresse davantage aux évènements politiques pour montrer au peuple haïtien que cette crise de gouvernance est le fruit d’une non-application de l’ordre mondial prôné par Haïti et qui est surtout, axé sur la libération de l’humanité. À cause, d'un complot tant national qu’international.

LN : Qui supporte cette initiative depuis ses débuts ?

JF : Depuis, le début jusqu’à la sixième, on pratique de l’autofinancement. Autrement dit, on ne trouve pas des instances et des personnalités qui financent la Vingtaine de l’haïtianité.

LN : Est-ce une urgence de demander aux Haïtiens de faire valoir leur haitianité ?

JF : Oui, une très grande urgence. Car, elle nous permettra de sauver le peuple haïtien de sa crise multidimensionnelle et faire valoir sa vraie identité. Notre haïtianité profonde réclame une « mounité » universelle qui fonctionnera avec un niveau plein d’énergie et une élévation de conscience qui nous permettra de vivre en harmonie avec nous-mêmes, avec les autres et avec la nature en général.

LN : Avez-vous un message particulier à faire passer ?

JF : Notre message véritable est de dire au peuple haïtien leur projet de liberté n’est pas encore en chantier. Nous devrions en prendre conscience et dégager un mouvement sociopolitique pouvant rattraper le projet de la libération ontologique de l’être haïtien. D’ailleurs, c’est ce projet qui sauvera toute l’humanité de sa crise de civilisation actuelle.

Le National : Présentez-nous votre organisation ?

James Francisque : Kalbas Ayiti est une organisation socioculturelle qui a pris naissance le 20 septembre 2012, suite à la fusion de deux clubs culturels pour enfin donner naissance à un évènement culturel dénommé Café-icla. Kalbas Ayiti a pour slogan « An n tounen nan sous nou ». Elle croit que le développement durable du pays devrait passer par sa réalité culturelle. Elle réalise des visites ethnographiques pour mieux connaitre la culture haïtienne et réalise la vingtaine de l’haïtianité comme atelier de restitution pour mieux partager avec nos frères et sœurs haïtiens leur culture authentique. Je suis actuellement le coordonnateur de Kalbas.

Propos recueillis par :

Schultz Laurent Junior

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