« La danse de la pluie » ou des mots sur la douleur des victimes du séisme de la péninsule du Sud

Le poète Samuel Taillefer de « L'encre des aubes tardives » a écrit un poème sur la souffrance et la désolation des victimes du séisme du 14 août 2021 qui a sévèrement frappé la côte Sud d'Haïti. Les images tristes et troublantes diffusées à la télévision ou sur d'autres plateformes en ligne ont interpellé et touché l'âme du poète jusqu'au plus haut point.

Le poète Samuel Taillefer de « L'encre des aubes tardives » a écrit un poème sur la souffrance et la désolation des victimes du séisme du 14 août 2021 qui a sévèrement frappé la côte Sud d'Haïti. Les images tristes et troublantes diffusées à la télévision ou sur d'autres plateformes en ligne ont interpellé et touché l'âme du poète jusqu'au plus haut point.

Des mots, sur les douleurs et les désillusions des victimes du tremblement de terre qui a ravagé une bonne partie de la côte Sud d'Haïti, commencent à s'aligner sur la page blanche. Outre d'être profondément touchés par le sort de leurs compatriotes, certains artistes et poètes ressentent un besoin de dire. Dire à travers les motsles maux qui blessent à l'intérieur." La danse de la pluie" un poème en vers libre porte toutes les larmes des vies broyées et fatiguées de souffrir.

La danse de la pluie

Tu n’avais pas de maison
Tu n’avais que quelques branches de pailles
Sur quelques murs de terre
Pour te cacher à moitié
Des morsures du soleil

Et quand la pluie venait
Tu sortais tout sourire
Pour danser pieds au sol
Sous ses gouttes au goût d’hiver

Tu n’avais pas une vie de rêve
Ni robes de soie
Ni bijoux trop chers
Pour décorer ta vanité

Tout ce que tu avais
C’était tes branches de pailles
Sur tes murs de terre
Et des kilomètres de routes
Pour porter sur ta tête
Les ventres vides de tes enfants
Leurs espoirs insolents
Et les rêves que tu voulais leur offrir

Tu as porté ta vie et bien d’autres encore
Sur nos kilomètres médiocres
Jonchés de cadavres d’innocences écrasées
De promesses mensongères
Et d’hommes de bien abattus

Tu as porté ton fardeau et celui d’autres encore
Tous les jours du bon Dieu
Et tous les jours du diable
Tu as traversé les vallées de l’ombre de la mort
Pour toujours revenir
Vers tes branches de pailles
Derrière tes murs de terre

Tu as porté ton devoir et ton calvaire
Sur toute la longueur de l’existence
Jusqu’à ce que tes jours deviennent vieux
Et qu’il te faille chercher un semblant de paix
Dans l’impuissance de tes vieux jours

Et toujours, malgré le temps qui a passé
L’usure de tes épaules fatiguées
Tu as continué à jouer à cache-cache
Avec les morsures du soleil
Tu as continué à danser pieds nus
Sous les gouttes glaciales de la pluie

Mais aujourd’hui, rien ne va plus
Le sol sous tes pieds a dansé avec toi
Tes murs de terre en sont tombés
Tes branches de pailles aussi

Tout t’a été élevé
Ta chaise basse
Ton lit fait maison
Les rêves de ta jeunesse
Et le repos de tes vieux jours

Voilà que tu es sans rien
Vieille et démunie
Tu n’as plus le cœur à danser sous la pluie
Qui désormais se mêle à tes larmes

Schultz Laurent Junior

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES