Depuis environ deux mois, Haïti connaît des mouvements de protestation anti-gouvernementale. Les gangs armés paralysent toutes les activités du pays. En dépit de cette atmosphère tendue, la Bibliothèque municipale de Hinche (BMH) et le Sant kiltirèl louvri Je (SKLJ) ont lancé la troisième édition du « festival des idées – Ench ap li ». Cet événement se déroulera, du 2 novembre au 4 décembre 2022, dans la cité de Charlemagne Péralte (Hinche), le chef-lieu du département du Centre d’Haïti.
«La dégradation sécuritaire du pays qui ne cesse de s’aggraver est la conséquence de la mauvaise gouvernance de nos dirigeants politiques haïtiens et l’irresponsabilité de l’élite haïtienne. Assurer la cohésion sociale, le bien-être de la population, la sécurité et garantir la souveraineté nationale, les principales missions classiques et contemporaines de l’État, ne sont pas prises en compte en Haïti. Cela dit, l’État haïtien n’existe pas du point de vue socio-juridique. Avec l’art, la culture et la science, nous pouvons lutter contre la violence, la pauvreté et réduire les inégalités à outrance dans le pays. D’où le choix du thème retenu pour la troisième édition dufestival des idées – Ench ap li: “l’urgence de penser l’État en Haïti’’», explique au quotidien Le National le jeune anthropo-sociologue Malachy Bastien, coordonnateur dudit festival.
Des formations et séminaires, des conférences-débats, des ateliers d’écriture, des expositions et devente-signature d’ouvrages seront au menu de cet événement culturel. Un concours de textes baptisé « François Borgia Charlemagne Péralte » ainsi qu’un espace d’interprétation sur la vie de ce révolutionnaire haïtien, assassiné le 1er novembre 1919 par les États-Unis, sont également créés. Intitulé «Mouvement populaire des cacos pendant l’occupation états-unienne d’Haïti (1915–1920)», cet espace se donne pour objectif de faire un effort de rappel à la lutte des Cacos au moment où le Premier ministre haïtien, Ariel Henry, fait la demande de force militaire étrangère auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU) face à la situation chaotique du pays, peut-on lire dans un communiqué de presse.
Selon le comité organisateur de ce festival, des personnalités du milieu universitaire haïtien, telles que l’enseignant-chercheur Jean Rony Gustave, docteur en ethnologie et patrimoine; Malachy Bastien, anthropo-sociologue ; Peterson Mauricette, politologue; Miche Bastien, agronome ; Ithamar Jean, psychologue ; Fedelin Jean, communicologue ; Papouloute Bazelais, diplomate; et Chavannes Jean-Baptiste, technicien en agriculture, interviendront comme panélistes. Plusieurs thématiques comme le réchauffement climatique, la santé mentale, l’urbanisation et les enjeux des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) seront débattues, poursuit le communiqué.
Le « festival des idées – Ench ap li» est aussi une initiative visant à mettre en valeur les richesses patrimonialessituées dans le département du Centre, en particulier à Hinche. En effet, les responsables de cette activité ont annoncé qu’ils réaliseront un circuit touristique à Bassin Zim et d’autres visites guidées à la plus ancienne Cathédrale des Caraïbes, construite en 1502, qui se situe à Hinche. Compte tenu de la kyrielle d’activités prévues, cette nouvelle édition se déroulera dans différents endroits : le lycée Charlemagne Péralte, le local du SKLJ, la Bibliothèque municipale de Hinche (BMH), l’école Immaculée Conception, la place publique Charlemagne Péralte…
«Festival des idées – Ench ap li»: de quoi s’agit-il exactement ?
Organisé pour la première fois, le 27 décembre 2020, au local du lycée Dumarsais Estimé autour du thème : « Quand résister n’est plus un choix ». Le « festival des idées–Ench ap li » est un événement culturel dont l’objectif est de sensibiliser, de mobiliser et de conscientiser la communauté estudiantine, les jeunes écoliers, les opérateurs culturels et les porteurs de traditions vers une autre vision du monde à travers la lecture; vers une autre forme d’ambiance socioculturelle à la citéde Charlemagne Péralte afin de faire la culture un facteur de changement social.Plus spécifiquement, cet événement veut offrir à certains chercheurs l’opportunité de mieux vulgariser leurs recherches auprès du public professionnel, scolaire, académique et scientifique.
Il est dirigé par une équipe composée de : Malachy Bastien (coordonnateur général) ; JuyoVany Sainvil et Bebetho Peterson Louis (branding et communication) ; Joslyn Prévilus et Ithamar Jean (relationnistes) ; Bony Joseph (secrétaire) ; Jean Marc Anderson Québé (responsable culturel) ; Dieunide Joseph, Wendy Joseph, Winnton Charles et Ralph Seikey Sainvil (programmation et responsables des Ambassadeurs).
Wilner Jean
