Pour questionner le retenu : un autre art est possible !

Dans le cadre de la 19e édition du festival Quatre chemins, un ensemble d'entretien a été réalisé de façon à mettre les projecteurs sur le travail combien important des metteurs/euses en scène du festival. Kervens Lebrun dit Kabysh, metteur en scène du texte « Woje Milan Dyè » de Emmanuela Derissaint, a répondu à nos questions.

Le National : Pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre pièce ?

Kervens Lebrun : « Woje Milan Dyè » est une pièce de théâtre voulant mettre en exergue une forme d’exagération, pas dans le texte, mais dans la manière de jouer. Questionner ce qu’on appelle le retenu. Rendre ce qu’on appelle la bouffonnerie, poétique et beau. La pièce est une dualité entre une presque comédie et le drame.

Se déroulant à Port-au-Prince, la pièce raconte l'histoire d'une très grande amitié entre deux jeunes hommes qui partagent la même envie de toujours être en mouvement, de toujours être en marche dans cette capitale qui est déjà mouvementée. Une amitié dont la mémoire plane encore sur la ville même après la disparition des deux compères.

Exposés à de grandes violences, entre une situation socio-économique difficile et tous les autres troubles politiques qui frappent la période durant laquelle ils vivent, ces deux amis font de leur mieux pour tromper la misère et tout ce qui vient avec, grâce à l'esthétique, la fraternité et surtout la poésie. La sensibilité au secours de la condition humaine.

Le National : Pourquoi avoir choisi ce texte ?

Kervens Lebrun : C’est un texte que j’affectionne pour différentes raisons. À côté du fait qu’il soit écrit par ma petite sœur de cœur, symboliquement il représente beaucoup pour moi. C’est une façon de vivre une idée que l’on défend depuis toujours dans la troupe de théâtre de KONBIT’AY, à savoir l’intégration des plus jeunes dans une dynamique de partage intergénérationnel au profit de la culture de notre pays. Mettre en scène ce texte, c’est saluer le talent de Emmanuela Derissaint dont le roman « Au sommet de la plaine » a décroché le prix Amaranthe 2022, décerné par C3 Éditions.

Le National : Parlez-nous un peu de la mise en scène (décor, personnages...).

Kervens Lebrun : Un décor de quartier, une ambiance mettant en avant le mode de vie des Haïtiens qui aiment passer beaucoup de temps à discuter sur les places publiques, ceux qui à force de fréquenter les mêmes endroits, de manger chez la même cliente, de miser sur les mêmes numéros à la loterie, sont devenus des personnages dans une mise en scène qui se découvre au quotidien.

Le National : Que voulez-vous montrer en mettant en scène cette pièce ? Votre message ?

Kervens Lebrun : Que le rire, la plaisanterie bienveillante peut aider à surmonter les situations les plus difficiles ! Plus loin, essayer de montrer la capacité de la créativité à aider dans la gestion des moments difficiles.

Le National : Quelles sont vos attentes par rapport au festival cette année ?

Kervens Lebrun : Je n’ai pas vraiment d’attentes. Le Festival 4 chemins est l’un des plus grands festivals du pays, y faire la proposition de l’une de mes créations est une grande joie.

 

Wisleir Belance

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