Rolando nous propose une pièce sur le football, en pleine coupe du monde!

La 19e édition du festival 4 chemins va se dérouler dans la même période que l’une des plus grandes manifestations sportives au monde, la Coupe du monde de football. Une légende vivante du football haïtien sera de la partie à travers la mise en scène de Rolando Etienne du texte de Guy Régis Junior : Goebbels, juif et footballeur. Rolando Etienne a répondu à nos questions.

Le National : Le festival cette année se déroule dans un contexte d’une des plus grandes manifestations sportives du monde, votre choix de présenter Goebbels au festival a-t-il tenu compte de cet événement ?

Rolando Etienne : Le festival cette année a quelque chose de particulier. Elle se déroule sur la thématique de la mer, des îles et des îlots, mais elle se fait également en même temps que la Coupe du monde de football. C’est extraordinaire lorsque nous tenons compte de l’histoire du peuple haïtien avec la mer, la traversée, la traite négrière transatlantique, les souvenirs noirs de l’esclavage et du code noir, mais également notre amour du football et toute la folie de la jeunesse pour le théâtre, l’art et la culture. C’est inquiétant à la fois dans le sens où pour la première fois nous allons voir si le public comprendra la nécessité de venir voir les pièces pendant que se déroule la coupe du monde. C’est avec ce sentiment que nous allons aborder le festival tout en étant conscient que c’est un challenge extraordinaire et que les artistes vont se donner à fond pour mériter ce public et de faire en sorte qu’à travers ce mondial nous allons faire du théâtre. Nous allons le faire surtout avec une pièce qui évoquera le souvenir d’un grand footballeur haïtien, Goebbels Cadet, qui malheureusement n’a pas participé au Mondial de 1974, mais qui a toujours su être décisif surtout lors des éliminatoires de la Coupe du monde. Il a même marqué contre l’une des plus grandes rivales de la zone, le Mexique en 1981. C’est tout un travail historique, un travail de mémoire important qu’on va présenter.

 

Le National : Les prénoms comme choix et imposition sont au centre de cette pièce de Guy Régis, comment voyez la question de l’appellation en Haïti ?

Rolando Etienne : Haïti est un pays extrêmement riche en ce qui a trait aux prénoms. Notre histoire nous montre toute l’importance que nous accordons à nos prénoms. Bon nombre de nos ancêtres n’avaient pas de noms, ils portaient le nom de leur habitation ou celui de leur maître. À travers ce spectacle nous allons essayer de faire parler les prénoms, de parler de la relation que les Haïtiens entretiennent avec les prénoms . Goebbels, le texte, c’est vraiment un travail sur les prénoms sur le sens et la portée historique, sociale, sociologique et psychologique des appellations, des noms qu’on donne à nos enfants.

 

Le National : Que voulez-vous montrer en mettant en scène cette pièce ?

Rolando Etienne : On va essayer de présenter le contexte du football haïtien, comment nos chroniqueurs présentent un match de football, le rapport entre le public et le match. Lorsqu’il y a un classique, ce n’est pas qu’en Espagne que ça chauffe, à Port-au-Prince également il y a des choses extraordinaires qui se font. Les bars, les restaurants sont branchés football. Les chrétiens s’empressent d’aller de bonne heure à la messe, vu qu’à 10 heures il va y avoir une deuxième messe qui n’est autre que le classico. Ceux qui ne peuvent pas le regarder à la télé sont branchés sur internet via leurs portables pour voir les résultats de la rencontre. Nous allons présenter un premier travail sur le rapport particulier qu’on entretient avec le football, sur le football en tant que tel et un deuxième travail, le plus grand, sur les prénoms. Comment on choisit les prénoms qu’on donne à nos enfants ? Est-ce qu’on porte son nom comme on porte un fardeau ? Pourquoi on donne à nos enfants tel nom ou tel autre nom ?  C’est vraiment un travail sur le langage, sur la parole. On travaille complètement sur le texte. On va profiter d’un terrain de foot, d’un studio abritant un chroniqueur et un comédien qui va parler de football, mais surtout d’histoire de prénoms.

 

Le National : Pour la mise en scène, le public verra-t-il Goebbels en tant que footballeur sur scène ?

Rolando Etienne : Goebbels sera à la fois football, chroniqueur sportif et un témoin de la problématique des prénoms en Haïti qui essaiera de manière psychologique, sociologique, historique et de manière littéraire aussi de parler des prénoms en Haïti.

 

Wisleir Belance

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