L'économiste Joseph Harold Pierre appelle à l'inclusion financière et la création d’emplois comme solution à l’insécurité alimentaire en Haïti

L’économiste et politologue Joseph Harold Pierre, intervenant à l’émission «Depoze» sur la radio Pacific le samedi 1er avril dernier, a donné son point de vue sur la situation socioéconomique et politique du pays. Il impute  les causes de cette grave crise alimentaire au manque d'initiative des acteurs, l’abandon du secteur agricole, entre autres. En vue de faire face à l'insécurité alimentaire qui a déjà touché 4,9 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, il propose des pistes de solutions comme l'inclusion financière et des programmes sociaux, susceptibles à résorber l'économie.

L’expert en économie et politique de l’Amérique latine voit les programmes sociaux comme étant de bonne piste en guise de réponse immédiate à l’insécurité alimentaire. Il a parallèlement considéré des programmes mis en œuvre au Brésil, au Mexique et en République dominicaine pour accompagner les plus démunis face à la pauvreté. S’il reconnait comme positive l’assignation d’une part importante du budget au ministère des Affaires sociales et du Travail, il doute, toutefois, de l’efficacité des programmes visés, car le gouvernement, avance-t-il, n’a aucun plan défini, aucune logistique pour atteindre les nécessiteux. Pour preuve, l’économiste a rappelé que la Banque mondiale n’a pas décaissé des fonds pour ces programmes, parce que le gouvernement ne dispose pas d'informations fiables sur la population souffrant de l’insécurité alimentaire. 

Il attribue aussi la crise alimentaire à l’abandon du secteur agricole. Le Professeur rappelle que le secteur agricole qui représentait un quart du PIB a une décroissance continue jusqu’à atteindre moins de 20% équivalant à 95 milliards de gourdes en 2022. Le politologue a également souligné que le riz, les haricots et la banane qui sont des produits de consommation massive dans le pays ont eu une croissance négative respective de 4.6%, 14.2% et 18.7%. Cette situation est due à plusieurs facteurs, selon l’économiste, tels que le manque d’accès au crédit, le coût élevé des intrants, la non-mécanisation de l’agriculture, la sécheresse et l’insécurité.

Joseph Harold Pierre propose l’inclusion financière comme solution au rétrécissement du secteur agricole de manière que les paysans et les entrepreneurs agricoles puissent être bancarisés et aient accès au crédit. Dans ce pays où moins de 1% du crédit du système bancaire est alloué au secteur agricole, l’économiste invite à analyser les différentes initiatives de la BRH relatives à l’inclusion financière en vue de pallier le problème financier des agriculteurs.  

De fait, l'économiste propose aussi de trouver d’autres secteurs pour la création d’emplois et garantir  les exportations. Selon lui, l’insécurité alimentaire connue en Haïti est liée au fait que l’immense majorité de la population est au chômage et donc n’a pratiquement pas de pouvoir d’achat.  Des secteurs tournés vers l'exportation pourraient aider Haïti au même titre que des pays de l’Amérique latine à garder la valeur de la monnaie nationale et donc à réduire l’insécurité alimentaire, a conclu l'économiste. 


 

Oberde Charles

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