Dans l’attente que le pays dispose des statistiques réelles et actualisées sur les industries culturelles et créatives, il faudra inviter les principales autorités et responsables des collectivités territoriales et des organisations artistiques et culturelles de chacune des villes et communes en Haïti à documenter l’ensemble de leurs activités artistiques, culturelles et économiques pour les besoins de la recherche, de la documentation et de la planification économique.
De nombreux auteurs, et des spécialistes continuent de produire des travaux et de publier des articles et des ouvrages qui participent dans la construction de la culture économique et financière pour les acteurs, les créateurs, les auteurs, les planificateurs et les décideurs qui participent dans la dynamique culturelle en Haïti.
Derrière les différents problèmes structurels et conjoncturels liés à l’insécurité, aux violences, au déplacement, à la reconversion professionnelle et au découragement en dehors du stress, il nous faut construire une masse critique en Haïti, et des activités en particulier tournées vers l’économie des arts et de la culture en Haïti ?
Dans l’ouvrage titré « L'économie de la culture », l’un des plus importants contributeurs de ce champ, Françoise Benhamou, nous interpelle en ces termes : « Aucun domaine de l'univers de la culture n'échappe à l'emprise de l'économie. Ce livre fait le point sur les analyses économiques du spectacle vivant, des marchés de l'art, du patrimoine et des industries culturelles. Il montre comment se sont développées des grilles de lecture originales, qui empruntent à la théorie économique tout en forgeant des outils spécifiques. ».
Dans cette nouvelle édition, "l'auteure rend compte des développements induits par le numérique jusque dans les secteurs restés dans un premier temps à l'écart du changement. Elle analyse les fondements et les outils de la politique culturelle et en dessine les principales évolutions.", rapporte l’éditeur dans pour résumer le document à la fois informatif et instructif.
Dans le parcours de Françoise Benhamou, on retient qu’elle est professeure des universités, membre du Cercle des économistes. Elle enseigne à Sciences Po Paris et dans diverses universités étrangères. Elle a siégé au conseil d'administration du Louvre. Elle est membre du Comité scientifique du département des études de la prospective et des statistiques du ministère de la Culture et du Conseil des ventes volontaires. Elle préside le Conseil des études du CNL (Centre national du livre), le Comité d'éthique de Radio France et le Comité consultatif des programmes d'ARTE. Elle est l'auteure de nombreux articles, livres et rapports sur l'économie de la culture et des médias.
Dans quel sens aborder l'économie de la culture, sans se référer à l’auteur Olivier Morel-Maroger ? Ce dernier a été jusqu'en 2014 directeur de France Musique, après avoir exercé pendant vingt ans diverses responsabilités au sein de Radio France. « 60 milliards d'euros, c'est le montant de la valeur ajoutée des activités culturelles en France. C'est un vaste secteur économique, vital pour la richesse nationale et pour l'attractivité de notre pays. Mais quel est son avenir ? C'est à cette interrogation que l'auteur apporte des réponses. « À travers le décryptage des modèles économiques existants et l'évaluation du poids de la culture dans l'économie française, cet ouvrage se veut avant tout un outil de réflexion, de repères et de compréhension. Il a également pour ambition de sensibiliser les professionnels à la culture de la performance, l’incitant à appliquer la rigueur économique et les règles de l'entreprise à un monde qui ne peut plus s'en affranchir. », souligne le spécialiste, qui confirme « Secteur par secteur, l'auteur part d'un constat précis, chiffré, détaillé, pour se projeter dans le futur. Musées, patrimoine, spectacle vivant, médias et industries culturelles, les perspectives sont très ouvertes. ».
D’autres points aussi importants et des questionnements pertinents : « Comment ce « marché de la culture », qui fait vivre près de 700 000 personnes, répondra-t-il aux défis de la révolution numérique, de la diminution des ressources publiques et de la mondialisation ? C'est aussi un plaidoyer en faveur du maintien d'un domaine d'excellence, pour lequel il faut, aujourd'hui plus encore qu'hier, sans cesse réinventer et innover. Ce livre sera un véritable guide pour tous les acteurs du domaine de la culture et ceux qui souhaitent le devenir demain.
Dans cet article écrit sur « L’économie culturelle et ses territoires : quels enjeux ? », les contributeurs : Frédéric Leriche, Sylvie Daviet, Mariette Sibertin-Blanc, et Jean-Marc Zuliani font l’état des lieux de ce champ. Ils rappellent que : « Cette économie culturelle, qui représente parfois plus de 5 % de l’emploi dans les pays industriels et plus encore dans les grandes métropoles (voir par exemple Heilbrun et Gray, 1993 ; Pratt, 1997 ; Power, 2002 ; Kloosterman, 2004), peut être définie comme un ensemble d’activités tournées vers l’exploitation marchande de la créativité artistique, esthétique et sémiotique. La culture n’est donc plus seulement une activité intellectuelle et symbolique ; elle peut être aussi considérée comme un nouveau support des activités marchandes et de la croissance économique. », tout en signalant dans les deux paragraphes qui suivent d’autres points aussi pertinents qui résument leurs thèses.
Depuis la crise des années 1970 et le déclin du fordisme, les économies des pays industrialisés ont été le théâtre de transformations en profondeur de leurs structures productives : développement des activités de services marchands et non-marchands, en partie sous l’effet de la désintégration verticale des processus productifs, développement des industries de haute technologie à forte composante de recherche et développement, mais aussi croissance de la production de biens et services aux contenus culturels élevés.
« Des secteurs tels que le cinéma, la mode, la musique, l’édition, mais aussi les jeux vidéo et la publicité génèrent ainsi des « produits culturels » susceptibles d’être distribués sur un marché de plus en plus global. À l’heure actuelle, les secteurs d’où émergent ces produits constituent de puissants moteurs de l’expansion du capitalisme et du développement, en particulier, mais pas exclusivement, des grandes métropoles mondiales. », sont parmi les dimensions abordées dans cette communication scientifique sur : « L’économie culturelle et ses territoires : quels enjeux ? ».
Dans les éditions Armand Colin, les deux auteurs : François Mairesse et Fabrice Rochelandet se lancent dans l’aventure pour explorer et proposer une réflexion assez pertinente sur le sujet qui nous rapproche : « Economie des arts et de la culture ».
Dans cet ouvrage, on retient que : « Le discours économique s’immisce tous les jours davantage dans le monde de la culture, parfois au détriment de ce qui constitue la culture elle-même. Il importe donc, pour les professionnels de ce secteur, de comprendre les implications de la logique économique dans le domaine des arts et de la culture et de s’approprier ses codes pour la maîtriser. ». Cet ouvrage présente les principaux modes de raisonnement de la logique économique et de l’intervention publique. Un autre mécanisme, fondé sur le don, s’exerce sur chacun des domaines de la culture (arts de la scène, patrimoine, arts plastiques, livre, musique enregistrée, cinéma) qui font ici l’objet d’une analyse spécifique. Ces derniers connaissent actuellement des bouleversements considérables, liés notamment aux développements des technologies de l’information et de la communication, induisant de nouveaux modèles économiques comme la longue traîne ou le crowdfunding.
Définitivement : « À une époque où les théâtres, les bibliothèques et les musées sont de moins en moins souvent administrés par des artistes ou des scientifiques, où la culture, dans son ensemble, est pensée à partir de l’« économie de la créativité », il importe plus que jamais de s’interroger sur l’évolution de l’ensemble de ce secteur constitutif de notre humanité. », conclut la présentation du livre, qui invite autant les spécialistes, les autorités, et les représentants des collectivités à considérer autant les frontières à explorer et les limites des actions à entreprendre dans les industries culturelles et créatives pour sortir nos villes du chaos. La culture étant une chance pour Haïti, c’est aux Haïtiens d’investir dans toutes les filières qui peuvent contribuer au relèvement du secteur des arts et de la culture, et au développement économique et social.
Des artistes et des opérateurs culturels, autant que les collectivités territoriales sont invités à s’investir dans l’économie de la culture, afin de mieux entreprendre dans les différentes filières des industries culturelles et créatives. Une obligation de survie. Un défi majeur pour les différentes villes du pays suivant leurs profils respectifs et leurs spécificités culturelles, le financement de la culture en Haïti.
Dominique Domerçant