Pour combien de temps encore ?

Un jeune écolier est tombé sous les balles des bandits cette semaine sur la Route des Dalles à Carrefour-Feuilles. Le gang de Grand-Ravine continue à presser au sommet de l’avenue Fouchard pour une raison qu’on ne comprend pas trop. Agrandir son territoire ? On a bien agrandi son territoire en vidant Martissant de ses habitants ? Dans quel intérêt ? Si les bandits arrivent à prendre le contrôle de tout Carrefour-Feuilles, Port-au-Prince sera sous leur contrôle. Est-ce que cela inquiète un tant soit peu nos responsables ? Il faut rappeler que les balles perdues lors des luttes fratricides au Bel-Air tombent parfois dans la cour du Palais national. Cela veut dire que même un président de la République dans l’état actuel des choses ne serait pas en sécurité. À moins d’un kilomètre de son bureau, des bandits peuvent déclencher un tir mortel.

 

Les habitants du sud de Port-au-Prince entendent, dubitatifs, les communiqués de la Police nationale relatifs à des opérations dans les parages du Village de Dieu. Certes, on comprend les difficultés d’une opération policière dans un environnement aussi difficile, mais on a comme l’impression qu’une machine médiatique avait été mise en branle pour faire croire aux citoyens que quelque chose allait se passer dans cette zone stratégique de Martissant où l’activité impunie des gangs bloque la vie économique dans plusieurs départements. Les jours passent, tout reste pareil. La population vit la peur au ventre et les policiers qui tentent de contenir les incursions des bandits sont de plus en plus fatigués. Ils n’ont pas l’impression d’avoir un appui politique et la hiérarchie est bien frileuse dès qu’il s’agit de monter une véritable opération qui ferait reculer les gangs et ouvrirait la Nationale # 2 à la circulation.

 

Pourtant, il n’a pas fallu beaucoup de temps pour remettre plus ou moins en sécurité les quartiers dits huppés de la Boule ou Debussy. Peut-être que des fortunes ont consenti à cotiser, avec la honte que leurs chiures commencent à puer . Car on continuera toujours à rappeler les attentions sur ce détail important. Les armes que portent ces jeunes leur ont été remises par des politiciens avides de pouvoir et des hommes d’affaires véreux croyant que le chaos fera toujours leurs affaires. Les responsables de cette catastrophe sécuritaire et sociale devraient être tous pendus sur la place publique.

 

Difficile de vivre la normalité quand de temps en temps un coup de feu claque. Les enfants ont une peur constante sur le visage. Ils se demandent certainement comment les adultes ont pu descendre aussi bas. Pendant ce temps, on se réunit, on parle d’élections, on discute, on s’empiffre, on est heureux et le temps passe... passe...passe.

 

Combien d’écoliers seront encore victimes d’une balle perdue, des filles violées puis exécutées, pour que ce pays se réveille et dise non à une gouvernance inexistante ?

Gary Victor

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