Le cul-de-sac

Il faudra bien qu’à un moment donné des institutions et des associations de l’espace étatique ou de la société fassent des choix  de représentants soit pour penser des politiques importantes pour des gouvernements, soit pour piloter  des opérations vitales pour la nation comme celles d’organiser des élections libres, honnêtes et démocratiques.

On a toujours  été étonné de voir comment chaque fois ces personnes choisies et nommées se sont comportées aux commandes quelque temps après.  Elles semblent n’avoir aucun compte à rendre à personne. Et fait le plus étrange, même ces institutions et ces associations qui ont eu à choisir ces personnes semblent oublier qu’elles ont un droit de regard sur l’action de leurs représentants. Dans ce cas bien précis, cela va plus loin  que l’action que des citoyens peuvent mener contre un élu. L’électeur doit le plus souvent attendre la prochaine élection pour se débarrasser du renégat et c’est l’un des points faibles de la démocratie. Ce renégat se fiche complètement du prochain scrutin. Profiter au maximum de sa position durant le temps qui lui est alloué est son seul objectif.

Mais le système hors-norme qui est le nôtre a ses propres règles.  Les associations, les institutions  fonctionnent de manière aussi bancale que l’État lui-même. On constate, effaré, comment de hauts responsables de grandes institutions privées tombent sous le coup de sanctions étrangères qui ternissent l’image de secteurs dont une bonne réputation est vitale à leur fonctionnement.  L’État haïtien n’est pas faible, mais fort  pour ceux qu’ils engraissent. Les associations et les institutions en Haïti sont pareilles. Elles sont souvent la chasse gardée de quelques individus qui profitent de leur position et qui s’y attachent. Ce sont ces individus qui se mettent toujours en position de force pour imposer le choix des représentants de ces associations et de ces institutions. Et les critères de choix pour ces hommes de pouvoir ne sont jamais liés aux questions fondamentales. Il s’agit de désigner des petits copains, des gens qu’ils pourront manipuler, des gens qui pourront leur retourner l’ascenseur en employant femmes ou maîtresses, leur faire décrocher des contrats intéressants où avoir des chèques bien juteux par personnes interposées avec pourcentage à verser.

Dans ce micmac,  le pouvoir a tout le  loisir de se faufiler dans les allées de décision, de placer ses pions et on arrive à la situation coutumière où une institution qu’on voudrait indépendante et vouée aux intérêts de la nation, devient un simple vassal des traditionnels donneurs d’ordre.

La précarité qui transforme tant d’hommes et de femmes de ce pays en des rampants attendant toujours avec impatience le moment de l’offre alléchante qui leur fera passer de l’autre côté de la barricade, augmente l’efficacité du siège de la cité par les tenants du statuquo. Un micmac ! Un cul-de-sac où il faudra pourtant bien trouver l’intelligence et les forces aussi pour en sortir.

 

Gary Victor

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