Fermez la frontière !

Sur les réseaux sociaux, c’est le cri de ralliement !

Tout le monde est d’accord. Le Président Abinader a pris une décision disproportionnée. Entre États, on doit faire le maximum pour que tout se résolve par le dialogue.

Bien sûr, il faut que chaque État ait un gouvernement formé de gens compétents qui comprennent les enjeux et qui défendent surtout leur communauté.

Ce qui est inquiétant chez nous, c’est de voir que même le simple citoyen qui donne son opinion parfois incendiaire sur les réseaux ne se soucie pas des simples gens, des ménages qui vivent au jour le jour sans aide aucune.

Les ménages dominicains sont frappés aussi durement par la fermeture de la frontière. Mais eux, ils ont un État qui met à la disposition de leurs enfants des établissements scolaires où on donne parfois  aux plus vulnérables du matériel scolaire et ce dont ils ont besoin. Ces ménages ont à leur disposition des hôpitaux. Ives Marie Channel, un journaliste bien connu a produit un documentaire où il montre comment des familles haïtiennes sur la frontière vont chercher des soins médicaux chez nos voisins et envoient même leurs enfants à l’école  de l’autre côté.

Trop de gens chez nous sont des extrémistes dans leurs opinions sans avoir la moindre information sur la réalité des pauvres gens, l’immense majorité de notre population que notre gouvernement ignore et que nous aussi qui paradons sur les réseaux nous ignorons. Ces femmes qui risquent leur vie sur un navire de fortune pour aller acheter des produits essentiels sur la frontière à Anse à Pitre et qui vont les revendre à Peredo, à Marigot, à Cayes Jacmel, aux Cayes dans tout le Sud - c’est partout pareil dans le pays - si elles ne peuvent plus commercer, qui viendra en aide à elles et à leurs familles ? Certainement pas notre gouvernement et certainement pas nous qui tenons un téléphone en main et qui faisons montre d’une telle détermination patriotique.

Notre pays, le ventre de notre population est aux mains de l’étranger. Nous nous réjouissons du fait que l’étranger perdra des centaines de millions. Mais nous oublions en même temps nos centaines de milliers de ménages qui souffriront encore une fois seuls, car nan gwo liv nou yo nou pa janm sonje yo.  

Christophe avait fait bruler la ville du Cap pour faire mordre la poussière aux Français. Mais Christophe était un grand homme. C’était un bâtisseur. Sur les ruines qu’il a voulues, il a construit de grandes choses.

Nous, jusqu’à présent nous voulons tout brûler, mais sans penser à comment construire. Comment nous extraire de la dépendance ? Voici la vraie lutte à mener. La dépendance n’est jamais une force. Si on le pense, on est dans le kokoratisme.

Et surtout penser aux petites gens. À ces centaines de familles, à ces centaines  de milliers de femmes et d’enfants ki pa li nan gwo liv patriyotik revolisyonè nou yo !

Il faut penser aussi à toutes les entreprises qui des deux côtés de la frontière pâtissent de cette décision disproportionnée du président dominicain.

Il est temps que nous fassions preuve de sagesse. De sagesse et de détermination. De sagesse et d’intelligence. De sagesse et de patriotisme.

Notre agriculture à redémarrer.

Notre système éducatif à revoir.

Nos routes. Nos hôpitaux. Notre énergie.

Notre sécurité.

Tout à repenser.

Notre macabre comédie a trop duré !

 

Gary Victor

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