Vertières !

On fête Vertières encore une fois dans une situation chaotique.

On s’est battu à Vertières pour notre indépendance. On avait rêvé d’un État ou nous serions les seuls maîtres de cette terre.

Il n’a pas fallu longtemps pour que beaucoup de ceux ayant risqué leur vie sur ce champ de bataille se rendent compte qu’ils ont tout donné pour que d’autres puissent « bêchons joyeux ! »

 

D’autres qui les ont refoulés hors de ce nouvel État et qui ont construit un autre apartheid à l’image de leurs pères. Dessalines n’aura-t-il pas à dire « Et ceux dont les pères sont en Afrique, n’auront-ils rien ? »

Vertières a été un grand moment. Un grand rêve. Vertières aurait dû être la fondation d’un État avec la prétention d’être la Mecque du monde noir.

Vertières aurait dû consacrer aussi une union forte entre les fils et les filles d’un même peuple.

On ne voulait pas qu’on soit un même peuple.

Un ennemi intérieur a voulu la division.

Une division qui a ramené l’étranger bien vite sur notre sol.

Une division qui a fait de nous des frères ennemis.

Des frères ennemis armés par ceux qui auraient dû être aussi des frères, car notre devise est bien celle-ci : « L’Union fait la force » 

Vertières est aussi une frontière honteuse entre la génération de ces grands hommes qui ont affronté les armées européennes et ces petits hommes aujourd’hui qui rampent devant le Blanc en attendant ses ordres.

 

Ils attendent les ordres du Blanc pendant que la barque nationale coule.

Une barque prise d’assaut par des bandits aux mille visages.

Une génération qui ose même parler de territoires perdus. Des territoires dits perdus parce qu’on les a offerts dans un objectif caché qui a à voir avec notre conception honteuse du pouvoir.

Un pouvoir qu’il faut garder à tout prix !

Vertières avait été surtout la fierté de l’Armée d’Haïti. Nos vrais militaires, du moins ce qu’il en reste, doivent se sentir souillés par le spectacle offert  par nos dirigeants actuels. Une armée ne cède pas du terrain devant des délinquants. Un soldat ne pactise pas avec un bandit. Il est vrai que depuis des années des politiciens et des militaires indignes avaient tout fait pour pourrir  l'institution militaire  de l’intérieur jusqu’à ce qu’elle se saborde durant les  évènements des années 90.

 

Il y a beaucoup de choses à apprendre de Vertières. Il y  a beaucoup  de choses à regretter. La honte devrait être surtout au rendez-vous. La honte et l’indignation peuvent avoir, heureusement, une charge révolutionnaire.

 

Gary Victor

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