Confusion

Qui ne se plaint pas de la confusion qui règne maintenant sur la scène politique ? Cette confusion est compréhensible, car elle est créée et alimentée par le fait que la pensée est devenue purement alimentaire comme le faisait remarquer un professeur bien connu de la cité. Quand le ventre émigre vers le cerveau et prend les commandes, tout devient confus, car on ne peut pas étudier les faits à cause de cette grande crainte de la précarité qui transforme tant de nos citoyens en invertébrés.

Quand le ventre émigre vers le cerveau et le colonise, la pensée vacille au gré du vent des privilèges qu’on convoite, au gré de ce que les possédants et les tenants du pouvoir offrent. La rectitude devient une chimère. Les professions de foi du matin sont vite oubliées dans l’après-midi et on n’a aucune honte à développer les rhétoriques les plus absurdes pour justifier les génuflexions les plus inattendues. Malheur à celui qui oserait rappeler alors à l’invertébré ses paroles, ses diatribes d’un passé souvent très proche.

On défend un gouvernement pas par conviction, mais uniquement parce qu’il vous tend la gamelle. Celui qui tend la gamelle est-il convaincu que ce chien à visage humain le défendra le jour où le vent tournera ? Le problème est que celui qui tend la gamelle était de l’autre côté de la barricade et que, attitude toujours bizarre des tenants du pouvoir, on est toujours convaincu qu’on a l’éternité devant soit, qu'on sera  à tout jamais  détenteur d’une autorité souvent confisquée.

On remarque ainsi qu’on passe facilement d’un camp politique à un autre avec un sans gêne incroyable. C’est que chez nous on ne fait pas la politique pour défendre une cause, une idée. On ne fait pas la politique pour remettre le pays sur les rails. Les discours ne cachent que des désirs inavouables. Les désirs cachent le ventre qui veut se protéger à tout jamais de la précarité. Le ventre réduit le cerveau à sa plus simple expression si bien que la confusion s’installe partout.

On parle de révolution pour manipuler le peuple. Mais ils peuvent se tromper grandement ceux qui ne comprennent pas que cette révolution, le peuple la veut.  Ce qu’il a vécu durant ces derniers mois lui a ouvert les yeux. Plus on le trompe, plus le feu de sa colère peut gronder avec plus de force. Mais qu’y a-t-il à détruire encore dans ce pays devenu si misérable par la faute de ses élites ? Notre société peut-elle subir le choc d’une explosion de violence incontrôlée ? Nous ne le pensons pas. Il faut d’urgence une autre direction pour la nation afin que le changement s’effectue dans la sérénité. Le drame, c’est que la pensée n’est pas au rendez-vous. Trop de cerveaux colonisés par le ventre.

 

Gary Victor

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