Le sentiment de trop

Le temps est à la réanimation du malade plongé dans le coma que l’on espère réversible. Les médecins font l’effort de lever le petit doigt pour manifester leur présence. Les prescriptions et les accords sont brandis et défendus dans une confusion qui déroute. Pour une fois, on ne distingue ni l’ami ni l’ennemi. Et, pour l’instant, il faut constituer un nouveau gouvernement. Le pays saura attendre. Comme d’habitude, dans sa léthargie.

 

Les citoyens, même ceux qui vivent de petites rapines ou de grand banditisme, croient ou espèrent que les institutions républicaines seront remises debout pour régénérer les valeurs et les principes dans la gestion des affaires de la République.

 

Il est vrai que nous avons connu, des fois, aimé et supporté des dirigeants indignes et incapables de prendre conscience des devoirs et des responsabilités liés aux fonctions qu’ils occupent. Soit ! Mais, aujourd’hui, la République ne s’éloigne pas simplement des grands champs de la démocratie et de la gestion honnête, elle humilie ses citoyens. Jusqu’à ceux qui ne demandent pas plus qu’une promesse, qu’une explication sibylline, qu’un petit faire semblant pour se fermer les yeux et se contenter de croire.

 

En accumulant les stupidités, les manquements au devoir, les insultes au bon sens, les accrocs à la dignité humaine, les Haïtiens détestent de plus en plus leur image et n’osent plus se présenter aux autres. Quand nous nous sentons humiliés, nous avons envie de nous cacher. De nous enterrer vivants. Sauf que nous ne pouvons qu’en prendre à nous-mêmes et les autres, à distance, nous regardent avec pitié et amusés.  C’est dur de ne pas pouvoir pointer du doigt un bouc émissaire.

Du cynisme qui caractérise la pratique de la politique à l’approximation dans la gouvernance, les Haïtiens sont humiliés parce qu’ils ne sont pas respectés  un peu partout dans le monde.

 

Avoir faim, ne pas pouvoir se déplacer, avoir peur, c’est beaucoup. Se sentir humilié est le sentiment de trop.

 

Les hauts responsables de l'État ont besoin de se regarder dans le miroir et aussi de bien sonder la direction du vent.

 

La Rédaction

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