On a entendu des interventions dans la presse de militants politiques qui se sont plaints d’avoir été abandonnés par des compagnons de combats. Ces derniers se seraient empressés d’aller prendre des jobs dans les ministères. L’un de ces militants, visiblement écœurés, mettait même en garde ces grands hôtels qui accueillent ces traitres à la cause - car l’administration publique lorgne de plus en plus, semble-t-il, vers des lieux luxueux pour réaliser plein d’activités - ces faux frères qui vont, seuls, jouir des privilèges offerts par l’État. On a senti de la rancune, de la colère dans les propose de ce militant, mais aussi une violence qu’il avait peine à contenir pour qu’elle ne transparaisse pas trop dans ses propos.
Ce qu’on vit ces temps-ci démontre une perte de repère qui pèsera très lourd dans toute tentative de remettre ce pays sur ses rails. Il fut un temps où les revendications étaient très clairement exprimées. Elles roulaient autour de l’État de droit, un État qui devait travailler à l’amélioration des conditions de vie de la population. On parlait de ruptures avec les pratiques dictatoriales. On disait non à la corruption. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Est-ce parce qu’on a vu trop de “défenseurs de la démocratie” , du coq au cheval, passés avec armes et bagages dans le camp des ennemis d’hier et de toujours, aujourd’hui le discours s’éloigne du champ idéologique pour se faire sans fausse honte, bassement matérialiste. Même si certains mettent un bémol, qu’un journaliste gêné essaie d’arrondir les angles après les paroles quand même choquantes d’un militant politique mettant en demeure le pouvoir de procéder à une intégration du secteur dit populaire en donnant des jobs aux activises, on est forcé de constater que de, nos jours, les acteurs de la lutte politique dissimulent très peu leur vraie motivation.
Ce qui fait peur dans toutes ces prises de position, c’est que ladite politique s’éloigne, ignore la vraie réalité qui est la dégradation accélérée de la situation économique du pays. Un économiste rappelait avec raison qu’on ne devrait pas s’attendre à une remontée de la gourde tout autant que nous ne retrouvions pas une certaine stabilité politique. Or, chacun des groupes en présence semble vouloir aller au bout de leur logique infernale qui est d’accaparer le pouvoir par tous les moyens en éliminant leur adversaire sur le terrain politique. La présence des gangs a certainement à voir avec les jusqu’au boutisme de certains acteurs politiques prêts à tout pour atteindre leur but quitte à détruire complètement le pays. Ils ont autant de compétences pour le détruire que d’incompétence pour le reconstruire.
Des comportement suicidaires dans un pays qui a besoin de toutes ses ressources, de la mise en commun de toutes ses compétences, de toutes ses bonnes volontés pour remettre à flot la barque nationale.
On devrait s’arrêter de jouer à la roulette russe pour remettre les pendules à l’heure.
Gary Victor