Bò wout la !

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Il y a eu une tonne de projets de marchés publics depuis des décennies. Cela n’empêche pas que le problème reste si entier que certains pensent soulever la question de spécificité culturelle, ce qui n’en pas une de toute manière. Plein de spécialistes dans différents domaines devraient se pencher sur ce problème. Pour l’instant, on est devant une situation où l’État semble complètement démissionnaire pendant que certaines mairies sporadiquement, sans plans bien définis, tentent de remédier à la situation.

Quel sentiment peut-on ressentir quand on se retrouve immobilisé pendant de longues minutes sur une voie de passage stratégique par les activités d’un marché qui entravent la circulation depuis les commerçants qui offrent leurs produits jusqu’aux véhicules qui transportent passagers et marchandises. Sans compter les acheteurs qui viennent de très loin pour profiter de l’occasion. Sur toutes les routes nationales et secondaires, c’est le même cas de figure. Un spectacle qui transgresse toutes les normes d’hygiène concevables. On se demande qui, entre Dieu, le Diable ou les lwa, protège ce pays d’une effroyable épidémie. On a attrapé une autre tout aussi terrible. Les gangs ! Résultat de l’inaction, de l’incompétence et de la complicité délinquante de ceux qui sont chargés de gouverner ce pays.

La première réaction toujours est d’indexer le « peuple » . On oublie souvent que l’État, aux mains de prédateurs, s’occupe de sa petite personne fabriquant au rythme des changements d’administration une nouvelle classe de fortunés suivant la logique «setoupamiste». Le «peuple » est livré à lui-même et doit déployer toutes les stratégies pour survivre dans un espace qui lui est hostile, alors que, même dans ses derniers retranchements, il est souvent rançonné par l’État ou les gangs, alors que la frontière entre les deux est très mince. L’informel s’étend donc partout, seul lieu où une population se trouve les moyens de sa survie. Les marchés publics deviennent la manifestation la plus aigüe de l’énergie de cet informel, l’un des pans les plus importants d’une économie sur les béquilles.

L’autre observation sur nos routes nationales et secondaires c’est la place occupée aussi par la route dans la vie sociale et culturelle des communautés. Tout s’organise autour de la route. Outre les marchés, il y a tout ce qu’on peut trouver d’autre comme type de commerce, banques de borlette, discothèques, hôtel, etc. Les jeunes se réunissent au bord de la route pour tout, même pour un party avec DJ. On se retrouve avec un cas de figure où une maison bò wout la se vendra beaucoup plus cher qu’une maison éloignée de la route. Ici, nous avons un autre rapport avec le bruit et la promiscuité. Être dans la foule, se fondre dans la foule, réagir comme la foule a comme on dirait sur l’individu un effet orgasmique.

Toute nouvelle politique initiée par un autre État devrait prendre en considération les paramètres de notre idiosyncrasie. Nos sociologues ont du pain sur la planche.

Gary Victor

 

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