Les Nations unies viennent de voter pour l’envoi d’une énième mission en Haïti, dont la mission se résume à la sécurité –suppression des gangs, protection des sites stratégiques, ouverture des voies de communication – et finalement donc à l’obtention d’une atmosphère propice à l’organisation des élections. Il y a eu seulement trois abstentions, la Russie et la Chine et le Pakistan, qui ont émis une réserve justifiée. Il y a de planification réelle ni de stratégie définie pour s’attaquer au problème de la prolifération des gangs. Ces trois pays ont préféré cependant ne pas voter contre, vu les exactions commises par les gangs sur la population haïtienne. Espère-t-elle au moins que la présence de cette force multinationale, si elle n’enraye pas complètement la violence, la diminue de manière significative ?
La MINUSTAH dont le mandat était aussi le rétablissement d’un climat sécuritaire, a totalement raté sa mission, même si, en évacuant le pays, ses responsables s’étaient donné le satisfecit habituel des fonctionnaires et des politiciens. Quelques mois après son départ, ce qu’avaient prédit des observateurs avisés se produisait. La délinquance commençait de manière arrogante à mettre le nez dehors, bénéficiant pour cela de pouvoirs publics pourris et d’un parlement gangrené par la criminalité. On peut affirmer sans se tromper qu’une délinquance à tête multiple avait prospéré, sous la protection des Nations unies, et qu’elle était pilotée par les politiciens voyous et certaines grandes têtes de l’élite économique.
Le problème c’est qu’au niveau politique, les possibilités d’action de la MINUSTAH étaient limitées à cause du principe de la souveraineté, principe à double tranchant quand des dirigeants sont des délinquants. Un rapport de la MINUSTAH indexant des officiers pourris de la PNH est remis à un chef d’État. Mais, ce dernier ne s’en préoccupe nullement et le classe dans les tiroirs.
Comme les Nations unies n’ont jamais admis leur échec cuisant en Haïti -la situation actuelle quelques années après le départ de la MINUSTAH en est la preuve – elles n’ont donc jamais cherché à en comprendre les raisons. Les systèmes criminels en Haïti vont chercher une fois de plus à s’adapter à la nouvelle mission des Nations Unies de plusieurs manières, surtout en brandissant l’étendard de la souveraineté, mais aussi en se servant de l’arme de la corruption qui a aussi si bien joué avec des fonctionnaires internationaux en Haïti qui ne sont pas là en général pour aider le peuple haïtien pour qui souvent ils ont le plus complet mépris.
La société civile à la faveur de cette nouvelle conjoncture doit se redéfinir, se débarrasser des opportunistes voyous et criminels qui l’ont rendue inefficiente, pour s’engager dans une nouvelle voie, celle de la construction d’un nouveau pays.
Le peuple haïtien, meurtri par des années d’exactions des gangs alliés aux politiciens criminels n’en peut plus. Bien qu’il soit sceptique, il espère que cette mission apportera quelques fruits.
Gary Victor