HAÏTI/CRISE

Des acteurs politiques s'opposent à toute intervention militaire étrangère dans le pays

La résolution du Premier ministre Ariel Henry qui demande à la communauté internationale, l'intervention d'une force armée spécialisée n'est pas acceptée par tous les acteurs de la société. Si pour certains, la présence de ces soldats étrangers pouvait apporter le calme et le fonctionnement normal des activités dans le pays, pour d'autres c'est un acte inconstitutionnel et le chef du gouvernement n'est pas la personne la mieux placée pour entreprendre une telle démarche.

Dans l'opinion publique, les avis sont partagés autour de la décision du Premier ministre qui sollicite une aide militaire de la communauté internationale en vue de combattre l'insécurité, d’affronter les gangs et de permettre l'établissement d'un climat de paix pour la réalisation des élections et le bon fonctionnement des activités sur l'ensemble du territoire. 

 

En réaction, le Bureau suivi des signataires de l'Accord Montana (BSA) indique que la présence d’une quelconque force étrangère n’a jamais résolu les problèmes d’aucun peuple. « C’est notre police haïtienne qui doit avoir la capacité de résoudre une fois pour toutes les problèmes d’insécurité auxquels font face les Haïtiens », ont signalé les tenants dudit accord dans un communiqué. En outre, les signataires de l'accord estiment le PM illégitime et qualifient sa décision d'acte de trahison. 

 

Parallèlement, le directoire du parti UNIR/AYITI s'oppose ouvertement à la démarche du locataire de la Primature qui ouvre la voie pour une nouvelle présence de soldats étrangers sur le territoire. « Nous récusons l’autorité du Docteur Ariel Henry qui officie comme « Premier ministre de fait » pour demander l’envoi d’une force internationale dans notre pays. M. Henry n’a ni titre ni qualité pour engager la Nation dans une telle aventure dangereuse à l’issue imprévisible. C’est une gifle au peuple haïtien et une souillure à l’histoire de la Première République noire indépendante du monde », a-t-on pu lire dans un communiqué du parti en date du 9 octobre 2022. L’expérience des différentes expéditions militaires et missions internationales, déployées en Haïti ces dernières décennies, a démontré que rien de durable ne peut résulter de ces formes d’intervention. N’est-ce pas le Secrétaire général de l’OEA qui a récemment avoué l’échec de la communauté internationale en Haïti ? Alors, pourquoi vouloir persister dans l’erreur ? Pourquoi vouloir nous enfoncer davantage dans l’échec?, a avoué Clarens Renois.

 

Pour sa part, le professeur Camy Chalmers,  le porte-parole du parti « Rasin kan pèp la », accuse les autorités haïtiennes et la communauté internationale qui sont en train de faire une mise en scène pour provoquer une éventuelle occupation du territoire. « Ils l'ont fait bien avant 1915. En 2004, la communauté internationale s'était mise au côté de Guy Philippe pour créer le chaos et passer leur colère contre la présidence de Jean Bertrand Aristide. Aujourd'hui encore, ils sont à l'œuvre et créent le grand banditisme avec les gangs pour démontrer à la population que la présence des soldats serait une nécessité pour le pays », a souligné M. Chalmers.


 

 En revanche, M. Clarens Renois  rejoint le professeur Chalmers. « Sous couvert d’une crise humanitaire, hélas bien réelle, mais préparée et provoquée pour justifier l’injustifiable, et d’une insécurité terrifiante entretenue et tolérée en donnant l’onction à la fédération des groupes armés, voilà notre pays encore à la veille d’une nouvelle forme de mise sous tutelle. Parce que nous serions incapables de nous prendre en charge », a-t-il souligné. 

 

En ce sens, le parti UNIR estime qu’il est impératif que la République d’Haïti trouve auprès de ses amis et partenaires internationaux assez de support pour débarrasser le pays de ces gangs qui sont mis en place par des apatrides et des assoiffés de pouvoir et d’argent et qui sont à la base de divers actes criminels et terroristes. Il souligne aussi qu’il est aussi indispensable à la justice de prendre des mesures pour débarrasser le pays des supporteurs des groupes armés. 

 

Le parti « Kan Pèp la », à son tour, taxe de colonialisme les relations d'Haïti avec les grandes puissances de la région. Selon le professeur Camy Chalmers, ces impérialistes ne font que profiter les ressources économiques, minières et diplomatiques d'Haïti. Comme réponse à la crise, le sociologue souhaite un consensus haïtien, qui vise le renforcement de la Police nationale, la mise en place d'une transition de rupture qui facilitera l'organisation des élections, le calme et la paix dans tous les recoins du pays.


 


 

Oberde Charles

 

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