HAÏTI/CRISE

Les violons ne s'accordent toujours pas entre les responsables politiques haïtiens

Jusqu'à date, aucune avancée n'est visible après que le secrétaire d’État adjoint aux affaires de l'hémisphère occidental, Brian Andrew Nichols, ait conseillé aux différents acteurs politiques haïtiens de mettre de côté leurs différends afin de parvenir à un accord en urgence en vue de trouver des solutions durables à l'acuité de la crise qui sévit dans le pays. Ce, bien avant de passer à l’organisation des joutes électorales. De l’avis de certains acteurs politiques, l'unique solution doit venir du peuple haïtien qui consentir des sacrifices pour s'organiser.

Que ce soit du côté des membres de l’accord politique du Protocole d’entente nationale ( Pen modifié), de celui du Bureau de suivi de l’Accord politique de Montana, des membres du gouvernement en place et du secteur des affaires, aucun effort n'est consenti pour répondre à l'appel de M. Brian Andrew Nichols qui espérait une entente en toute urgence pour un dénouement de la crise. Cette situation chaotique empêchant les enfants de reprendre le chemin de l’école. Depuis, les gangs armés empoisonnent la vie de la population et bloquent, depuis un an quatre mois et 19 jours, l'axe routier de l'entrée sud de la capitale.

 

 

« Force est de constater aujourd’hui que l’entêtement de la communauté internationale, particulièrement des États-Unis d’Amérique, à vouloir imposer à Haïti un exécutif monocéphale qui ne correspond nullement à la Constitution et aux lois de la République ainsi qu’un Premier ministre qui, depuis son installation à nos jours, n’a jamais eu l’assentiment de la majorité des forces politiques ni sociales, a largement contribué à l’aggravation de la crise politique et sécuritaire du pays », peut-on lire dans une note du Bureau de suivi de l’Accord politique de Montana en date du 19 octobre 2022.

 

 

Les membres du Bureau de suivi de l’Accord politique de Montana pensent que le renforcement des institutions sécuritaires nationales est l’une des voies incontournables pour résoudre le problème de l’insécurité une fois pour toutes et de manière durable en Haïti, car il ne s’agit pas d’avoir recours à une force répressive antidémocratique, ont-ils ajouté. 

 

Selon eux, le renseignement et les moyens technologiques sont indispensables pour éviter des massacres ou même un génocide par ce que les gangs ne portent pas d’uniformes et se fondent parfaitement dans la population de leurs quartiers et même au-delà.

 

 

« Combien de morts devrons-nous compter dans cette population anonyme qui est déjà victime et survit sous la pression des gangs, cédant parfois à leurs exigences, car n’ayant pas les moyens de fuir ? […] il faut arriver à dépolitiser l’institution policière et à redonner confiance à ses membres. Cette assistance technique pourrait se matérialiser dans les domaines de la formation, de la logistique incluant l’accès aux instruments technologiques modernes, de l’accompagnement de l’Inspection générale (IGPHN) dans le travail de vérification des services du policier (vetting), dans les services de renseignement, dans l’équipement en armes et munitions, par l’adoption de mesures légales sur les écoutes téléphoniques, par la formation d’une unité spéciale contre les gangs au sein de la police », telle est la position, du Bureau de suivi de l’Accord politique de Montana et des autres membres dudit accord sur la conjoncture, présentée aux émissaires américains le 12 octobre 2022.

 

 

Pour sa part, l’ancien député Antoine Rodon Bien-Aimé dénonce l’indifférence du gouvernement d’Ariel Henry concernant l’effondrement total d’Haïti. « Les institutions étatiques, les écoles n’arrivent pas à fonctionner dans le pays. Qui dit quoi ? Personne. Tout le monde semble être occupé à gérer leurs intérêts claniques, alors qu'on devrait mettre strictement nos intérêts mesquins de côté pour résoudre la crise actuelle », a-t-il fait savoir 

 

En outre, il a tenu à dénoncer la sollicitation du gouvernement en place d’une éventuelle intervention des forces étrangères sur le sol haïtien. D’après Arodon Bien-Aimé, aucune force militaire ne saurait aider Haïti à sortir de cette impasse. 

 

«  Nous n'allons pas nous mettre avec Ariel Henry qui n'est ni légitime encore moins légal de prendre des décisions au nom de notre pays. Ariel Henry ne fait que travailler pour la communauté internationale. Nous appelons la population haïtienne à poursuivre les séries de mobilisation afin de forcer Ariel Henry à rendre son tablier», a déclaré l’ancien parlementaire lors d'une interview accordée au quotidien Le National, ce mercredi 19 octobre 2022.

 

Par ailleurs, Serge Pierre-Louis exhorte le peuple haïtien à s’organiser et à faire beaucoup plus de sacrifices pour sortir le pays de ce chaos indescriptible. Le militant a tenu à rappeler que l'axe routier de l’entrée sud de la capitale est fermé depuis un an quatre mois et 19 jours et qu’aucune intervention n'est faite depuis pour permettre aux paysans d’écouler leurs produits.

 

« C'est au peuple haïtien d'en décider pour son pays. C'est à nous de choisir ce qui est en notre faveur, ceci, sans nous laisser intimider ni malmener par les forces de l’extérieure. Si vraiment ils pensaient à la crise humanitaire qui ronge le pays, ils auraient fait des interventions pour sauver les couches les plus vulnérables du pays», a conclu Serge Pierre-Louis, joint au téléphone par la rédaction du quotidien Le National ce mercredi 19 octobre 2022.

 

Vladimir Predvil 

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