Deux ans après le séisme dans le grand sud, quid de la reconstruction ?

Deux ans après le passage du séisme dévastateur du 14 août, qui a ravagé la péninsule sud du pays, des progrès modestes ont été réalisés dans la reconstruction des régions touchées grâce au soutien d'organisations non gouvernementales. Selon les autorités municipales de la ville des Cayes et des responsables de la protection civile de la ville de Jérémie.

 

Ce 14 août 2023 ramène le deuxième anniversaire de ce séisme de magnitude de  7,2 sur l'échelle de Richter. Ce tremblement de terre a causé des dégâts considérables dans les départements du Sud, des Nippes et de la Grand-Anse, entraînant le décès de 2 200 vies, près de 13 000 blessés , de nombreuses infrastructures  et 130 000 maisons.

 

Le séisme a été suivi par la dépression tropicale Grace, provoquant des inondations dans les régions déjà touchées par le tremblement de terre. Ce qui a compliqué davantage la situation des sinistrés en faisant croître le risque de la recrudescence d'une nouvelle vague de cas de COVID-19 et en augmentant le nombre de victimes.

 

Vingt-quatre mois après, les phases d'urgence et de relèvement sont passées, mais des  avancées majeures ne sont encore pas réalisées dans la reconstruction ou la réhabilitation des infrastructures comme les hôpitaux, les écoles, les hôtels, les églises, les entreprises privées qui ont subi des dommages ou qui se sont effondrés, selon des responsables. 

 

 

                De petites avancées de reconstruction dans le Sud 

 

Dans le département du Sud, grâce aux organisations non gouvernementales et des structures de la société civile, quelques écoles, églises, banques commerciales ont été reconstruites. «Je vois beaucoup d'églises qui sont en train d'être reconstruites par l'ensemble des fidèles et les pasteurs, également l'UNICEF qui a fait des interventions en reconstruisant des écoles, l'école la Providence , l'Association des professionnels des banques a reconstruit le Lycée Philippe Guerrier, il y a l'école St Michel. Mais la cathédrale des cayes reste impraticable», a fait savoir Marie Sylvie Rameau, la mairesse de la ville des cayes.

 

Elle souligne que le département du Sud est plongé dans le noir depuis le passage du tremblement. Les institutions publiques et privées sont contraintes d'utiliser de l'énergie renouvelable. Depuis deux ans, nous n'avons pas d'électricité, l'EDH ne fonctionne plus ou ne fonctionne pas, la mairie est passée à l'énergie renouvelable en installant des lampadaires pour éclairer les rues, les autres institutions également sont passées à l'énergie renouvelable. Il n' y a que le bâtiment de l'EDH qui se tient debout», soutient-elle.

 

Elle affirme que l'État central par le biais du ministère des Travaux publics, Transports et Communications a fait le bétonnage de certaines rues. La protection civile des Cayes à travers des émissions assure la sensibilisation afin d'outiller la population des moyens de prévention en cas d'éventuels séismes dévastateurs. La mairie de son côté pour renforcer la résilience de la ville aux catastrophes naturelles assure la supervision des maisons en construction, à travers des ingénieurs qui, après l'analyse, donnent leurs avis pour délivrer un permis de construction, a indiqué la mairesse précisant que des contremaitres ont bénéficié des séances de formation sur les codes du bâti.

 

De son côté, Valéry Numa, entrepreneur et journaliste de carrière, originaire de Camp-Perrin, affirme que rien de concret n'a été réalisé par l'État pour aider le département du Sud à se remettre sur pied. Il indique que la reconstruction ou la réhabilitation de certains bâtiments ont été effectuées grâce à l'appui des ONG et des particuliers qui décident d'avancer malgré tout. Il souligne que les programmes sanitaires du ministère de la Santé publique et de la Population ont été là bien avant le séisme. 

 

Quoique des efforts aient été consentis pour bétonner certaines rues des Cayes par le MTPTC, la situation reste compliquée dans plusieurs autres régions du département, a fait remarquer monsieur Numa, soulignant que certains endroits restent enclavés et difficiles d'accès. C'est le cas, dit-il,  de Port-Salut qui, autrefois, recevait des visiteurs et des touristes qui est devenu impraticable.  Maniche, Chantale et bien d'autres régions sont pratiquement dans l'abandon..

 

               

         Les travaux de reconstruction au point mort dans la Grand'Anse 

 

Contrairement à la troisième ville du pays, la reconstruction stagne dans la Grand'Anse. Selon les autorités municipales et des responsables de la direction départementale de la Protection civile des survivants sont toujours logés sur les places publiques, privés de tente ou d'abri de fortune. «Les victimes continuent de dormir à ciel ouvert au parc St-Louis, certaines autres se sont réfugiées dans des bâtiments fissurés et abandonnés», a indiqué le maire assesseur de Jérémie, Pierre Tama Fontaine.

 

De son côté, Gérald Guillaume, responsable de communication de la Protection civile dans la Grande-Anse a fait savoir que les responsables gouvernementaux n'ont rien fait pour reconstruire le département. Tout de suite après le séisme, ils avaient fait l'évaluation des bâtiments fissurés et classés par ordre de réparation ou démolition. Depuis lors, les chiffres et les données jaunissent dans des tiroirs. «Il n'y a pas de réelle intervention de la part du gouvernement », dit-il.

 

Au contraire les membres de la population ont fait le crépissage des maisons qui ont des alertes rouges et qui devraient être démolies et ils s'y sont installés tranquillement, poursuit-il, précisant que certaines écoles, centres hospitaliers et églises ont été, dans la plupart des cas, réhabilités ou reconstruits grâce aux supports des organisations non gouvernementales et de la société civile,dont L'UNICEF et la Digicel.

 

Gerald Guillaume a informé que la Protection civile de la Grand’Anse poursuit les campagnes de sensibilisation à travers les écoles et d'autres institutions afin de limiter les dégâts en cas d'éventuelles catastrophes naturelles.   

 

               

 

      Même cas de figure dans les Nippes

 

Les responsables du ministère des Travaux publics, Transports et Communications au niveau du département des Nippes, avaient fait l'évaluation des bâtiments endommagés et avaient promis aux survivants du séisme de venir à leur rescousse.

Malheureusement ces promesses n'ont pas été suivies par des actions.

 

«Le bâtiment logeant le commissariat de Miragoâne devrait être démoli afin d'être reconstruit, également les locaux du bureau des douanes, mais  rien n'est fait depuis deux ans. Les citoyens sont aux abois, ils ne peuvent pas réparer eux-mêmes les maisons qui sont fissurées et celles qui méritent d'être reconstruites. Après l'évaluation l'État central nous avait fait des promesses, jusqu’à date aucune n'est tenue», a déclaré la mairesse de Miragoâne Anne Myriame Loiseau.

 

 

                 Où sont passés les fonds destinés à supporter les victimes ?

 

Pour venir en aide à la population haïtienne, particulièrement celle de la presqu’île du Sud, les Nations unies et leurs partenaires avaient lancé un appel pour récolter 187,3 millions de dollars afin de fournir une aide d'urgence à plus de 800.000 personnes touchées par le tremblement de terre du14 août, notamment en matière d’abris, d'eau et d'assainissement, de soins de santé d’urgence, de nourriture, de protection et de relèvement rapide. Cet appel était destiné à aider  près de  500.000 personnes parmi les plus vulnérables sur les 650.000 identifiées.

 

En date du 6 juin 2023, soit deux ans après le passage du séisme, la Banque mondiale, a fait savoir que 43.1 millions de dollars US, soit 23 % des 189 ont été millions engagés en Haïti, en complément de l’enveloppe a été décaissé. Cependant elle souligne les nombreuses embûches, notamment la dégradation du climat de sécurité, empêchent la réalisation de nombreux projets de reconstruction dans le grand Sud. 

 

Pour commémorer les deux ans du séisme dévastateur du 14 août 2021, la mairie des Cayes en partenariat avec des organisations juvéniles ont organisé une marche pacifique, partant du boulevard  Quatre chemins pour se rendre sur la place Dame des Cayes autour du thème : «Ann konstwi kay nou yo pi byen pou yo pa tounen kavo nou».

 

 

Sheelove Semexant 

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