Funérailles de Liliane Pierre Paul: entre pleurs, émotions et agitations

Liliane Pierre Paul s'en est définitivement allée. Parents, proches parents, confrères et consœurs de la presse, des patrons de médias, des représentants d'organisations de la société civile, des leaders politiques, des militants de base et autres se sont réunis au parc Sainte-Thérèse de Pétion-Ville en vue de rendre un dernier hommage à cette figure emblématique de la presse haïtienne décédée à 70 ans.

 

Dès 7h du matin, le samedi 12 aout, le décor était déjà bien planté sur la pelouse du parc Sainte-Thérèse pour recevoir la cérémonie œcuménique des funérailles de Liliane Pierre Paul. Entre pleurs, émotions et parfois agitations, la cérémonie œcuménique s'est déroulée dans une atmosphère  mouvementée.

 

Les agitations des militants contre certaines personnalités politiques n'ont empêché aux célébrants de conduire à bien la cérémonie où pasteurs protestants,   prêtres catholiques et prêtres du vodou se sont succédé sur «l'autel» constitué pour l'occasion. Les pasteurs Jean Rigaud Antoine Amilcar et Jean Abel Venant avaient donné le coup d'envoi de l'office religieux en entonnant un chant intitulé «Dieu Tout Puissant» que Liliane aimait chanter dans son vivant.

 

Les officiants en ont profité pour revenir sur la vie de la défunte qui s'était battue pour les valeurs de démocratie et de liberté d'expression en Haïti. Ils étaient tous unanimes ( pasteurs, prêtre catholique et vodouisants) à reconnaitre la valeur de la lutte menée par Liliane pour la défense des valeurs fondamentales des droits humains. Et comme l'a si bien fait remarquer le pasteur Jean Abel Venant, l'église en est l'une des principales bénéficiaires. Car, dit-il, autrefois, les pasteurs, toutes confessions religieuses confondues, n'étaient pas libres de prêcher toutes les paroles comme bon leur semble.

Le père Calixte Hilaire, cousin de la défunte, a, dans son homélie, mis l'accent sur les qualités intrinsèques de Liliane Pierre Paul. C'était une femme droite, simple avec le sens de la rectitude et de l'amour de l'autre.

Marvel Dandin, ami et complice de vieille date  de Lili, avait la lourde responsabilité de faire la biographie de cette icône de la presse haïtienne avec plus de 45 ans d'expériences dans l'exercice du métier de journalisme dans le pays. Très affecté par le décès, il s'est toutefois armé de courage pour parler de sa consœur et copropriétaire de Radio Kiskeya. Ainsi, il dit croire que Liliane Pierre Paul, durant son périple terrestre, a réalisé d'énormes choses pour le pays. Elle a donné même plus, dit-il. En ce sens, Marvel Dandin a appelé à la poursuite du combat   de Liliane, tout en regrettant le fait qu'elle soit partie sans avoir vu même l'ombre du changement pour lequel elle s'est battue tant.

 

Stéphane Pierre Paul, frère de la défunte et directeur de l'information à Radio Kiskeya, a présenté sa sœur comme une battante, une personne douée d'une grande intelligence avec une capacité de synthèse au-dessus de la moyenne. Fille aînée de la famille, le décès de Liliane est un coup fatal pour la famille, surtout sa mère, Léonide Pierre Paul âgée de 95 ans .

 

Proche collaborateur de la disparue,  Stephane Pierre Paul voit en Liliane un modèle à dupliquer. C'est en ce sens qu'il dit souhaiter, de tous ses vœux, voir perpétuer la mémoire et les œuvres de cette grande défenseure de la liberté de la parole et des droits humains. Ainsi,  il invite les parents à prénommer  les enfants qui vont naître Liliane et Lilian en vue d'éterniser le nom de cette icône de la presse haïtienne.

Chasse aux «indésirables»

La cérémonie ne s'est pas déroulée sans heurts. Si Liliane avait connu des moments de tourments dans sa vie, ses funérailles ont été également mouvementées. Pour cause,  des politiciens jugés «indésirables» par des militants ont été chassés aux funérailles. André Michel, Jean Henry Céant et Newton Louis Saint Juste et autres n'étaient pas les bienvenus à la cérémonie. Ils ont dû vider les lieux pour ne pas les  gâcher.

 

D'autres militants ont passé de mauvais moments aux alentours du parc Sainte-Thérèse. L'activiste politique connu sous le nom «Arabe» a failli laisser sa peau à coup de pierres à la Rue Garbart. Il a dû se réfugier dans les locaux de la Télé Pacific pour échapper à la fureur d'autres militants qu'il identifie comme des proches de Me André Michel.

C'est dans cette atmosphère  que Liliane Pierre a fait sa dernière escale, à Pétion-Ville. Au terme de la cérémonie, le convoi s'est rendu à l'Asile dans le département des Nippes où la défunte se reposera éternellement à côté de son mari, Antony Barbier.

 

La Rédaction

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