Haïti-Crise

Ronald Sanders plaide pour une mission multinationale pacifique en Haïti

Ronald Sanders, Ronald Sanders, ambassadeur d’Antigua-et-Barbuda aux États-Unis et à l’OEA, Haut Commissaire (non résident) au Canada, doyen du corps diplomatique à l’OEA plaide pour le déploiement d’une force multinationale activée par des moyens militaires, coordonnée avec la Police nationale. L’ambassadeur exige un nouveau gouvernement, capable de garantir le respect des droits, et qui peut bénéficier le soutien populaire pour le retour au calme et la stabilité sur le territoire.  

 

Suite aux déclarations du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ayant recommandé une force de sécurité internationale robuste pour aider la police haïtienne à lutter contre les gangs, Ronald Sanders l’ambassadeur d’Antigua-et-Barbuda auprès des États-Unis à toute de suite réagi. Il soutient qu’Haïti n’a pas besoin d’une force guerrière, mais une approche multinationale pacifique. «Une gouvernance défaillante et corrompue est à l’origine de la pauvreté, du retard économique et de l’insuffisance des infrastructures physiques et sociales d’Haïti. À partir de ces circonstances, des gangs se sont formés, d’abord en tant qu’outils de politiciens rivaux et d’oligarques d’affaires, puis en tant que force pour tirer parti d’une situation de structures et de systèmes de gouvernance totalement effondrés», a-t-il fait savoir.

 

Par ailleurs, le diplomate met l’accent sur l’effondrement des différentes institutions du pays, dont l’absence du Parlement, le système judiciaire qui est totalement dysfonctionnel, les partis politiques et les nombreuses organisations de la société civile en Haïti pour lesquels le gouvernement dirigé par le Premier ministre, Ariel Henry, n’inspire aucune confiance et ne fait montre d’aucune volonté pour établir une transition qui pourra conduire le pays vers la stabilité.  «La situation en Haïti est désastreuse et le peuple haïtien mérite d’être libéré des privations et des souffrances persistantes qu’il est contraint d’endurer. Mais le “déploiement proposé d’une force multinationale spécialisée activée par des moyens militaires, coordonnée avec la police nationale”, devrait être à la demande d’un gouvernement de transition convenu s’il veut bénéficier du soutien populaire», évoque-t-il. 

 

Concernant la disposition du Kenya qui se dit prêt à prendre la commande de la force multinationale nationale sur le territoire, M. Ronald Sanders se dit perplexe par rapport à cette décision, puisqu’après les Bahamas et la Jamaïque qui se sont proposés pour se joindre à cette mission même les États-Unis et le Canada ne sont pas en mesure de s’exprimer s’ils peuvent fournir des policiers ou des soldats. «La Jamaïque et les Bahamas sont confrontés à des défis de la part des Haïtiens cherchant refuge, ce qui entraîne des dépenses substantielles pour la protection des frontières, les efforts de rapatriement et le confinement. Cet impact direct souligne leur intérêt direct dans la stabilisation d’Haïti. Le Canada et les États-Unis, de leur côté, ils encouragent les pays d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes à le faire, en fournissant un soutien logistique et un financement pour les opérations (...) Une telle mission est plus facile à dire qu’à faire. Les gangs étaient déjà bien armés, violents et habitués à s’affronter et à tuer avant les discussions très médiatisées concernant le déploiement d’une force multinationale. Certains des gangs sont liés à des entreprises criminelles organisées et ils auraient été renforcés avec des armes plus puissantes que celles qu’ils possédaient déjà », révèle-t-il. En effet, la réticence de certains pays par rapport à ce dossier vient du fait qu’il ne s’agit pas d’une force de maintien de paix opérant avec un mandat du Conseil de Sécurité de l’ONU, poursuit-il. 


 

En ce sens, M. Sanders se dit contre toute intervention d’une force multinationale en Haïti à la demande du Premier ministre Ariel Henry. Même après l’élimination des gangs, l’instabilité aura lieu, assure-t-il. D’où la question fondamentale de la gouvernance d’Haïti demeurerait. Des élections organisées par le pouvoir en place ne satisferaient personne. La désaffection et l’hostilité existantes exploseraient en protestations et en manifestations.  Face à toutes ces prévisions, l’ambassadeur plaide pour l’intervention d’une équipe multinationale de négociateurs et de facilitateurs composée de pays amis d’Haïti et de ceux qui bénéficient de la bonne volonté des acteurs haïtiens, en vue d’une transition qui sera capable de pallier la crise haïtienne de manière crédible de concert avec la communauté internationale. 

 

Oberde Charles

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