Force multinationale: la population attend des actions concrètes

La délégation du Kenya a quitté Haïti le mercredi 23 août. Ils sont arrivés le dimanche 20 août à bord d'un vol d'American Airlines. Pendant leur séjour, les membres de la délégation ont eu des entretiens avec des membres du gouvernement et ont eu une séance de travail avec le haut commandement de la Police nationale haïtienne.

Depuis octobre 2022, le gouvernement haïtien sollicite une intervention internationale pour aider la Police nationale à lutter contre les gangs criminels qui ont pris le contrôle de près de 80% du territoire et qui étendent continuellement leur influence.

Cette demande a reçu le soutien du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Dans son dernier rapport présenté au Conseil de sécurité, le chef de l'ONU recommande le déploiement en Haïti d'une force militaire robuste pour contrer les actions des criminels et rétablir la tranquillité.

Le Kenya s'est porté volontaire pour diriger une force multinationale, avec une contribution de 1000 policiers. D'autres pays tels que les Bahamas et le Sénégal ont également exprimé leur volonté de participer, ce qui ravive l'espoir de la population qui est principalement victime des activités violentes des gangs.

Cette première visite du Kenya est saluée par les responsables au plus niveau de l'Etat. «Elle a permis, entre autres, de confirmer que toutes les parties avaient la même compréhension de la mission : elle ne sera pas là pour remplacer la Police nationale ni pour effectuer son travail, elle viendra l’aider à devenir plus performante, plus adaptée, plus en mesure de remplir sa mission de protéger et servir. Le Haut commandement de la Police se réjouit que la Police haïtienne soit présente à toutes les phases de la préparation de la mission et soit dans la réflexion pour la meilleure articulation possible afin d’obtenir des résultats qui, dès les premiers moments, changeront la vie des membres de la population et leur permettront de recouvrer leur liberté de circuler et d’habiter tranquillement leurs quartiers », a rapporté la Primature dans un communiqué.

Cette mission, selon ce communiqué, a été aussi l'occasion pour la PNH de faire aux délégués du Kenya de ses principaux besoins. «L’une des demandes de la Police nationale, dans le cadre de cette aide, a souligné le Haut commandement, est la formation d’unités d’intervention au sein de l’institution afin qu’elle puisse faire face aux défis sécuritaires de plus en plus nombreux et garantir la stabilité du pays», précise la Primature.  

Le journal floridien, Miami Herald, qui a rapporté les propos d'un expert ayant requis le couvert de l'anonymat, a informé que le Kenya avait présenté un document relatif à une «force stratégique de protection», laquelle devrait principalement charger de protéger des infrastructures clés, telles que l'aéroport, les ports maritimes et les principales routes.

Cette proposition a laissé insatisfaits les membres du gouvernement qui espéraient que cette force mènerait des opérations pour démanteler et combattre les gangs fortement armés qui terrorisent la population.

Plusieurs facteurs conditionnent le déploiement des troupes. Le Kenya souligne qu'il faut une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU et un minimum de 2 000 agents prêts à être déployés. Le Kenya a déjà annoncé l'envoi de 1 000 policiers, tandis que les Bahamas enverraient 150. Les autres pays désireux d'aider devront contribuer pour atteindre le seuil minimum.

Cependant, le mandat de la mission n'est pas encore clairement défini, ce qui suscite des inquiétudes parmi les participants aux discussions, selon le journal floridien. Certains critiques indiquent que le fait de sécuriser uniquement certaines infrastructures laisserait la population vulnérable aux gangs criminels. Il semble que les forces haïtiennes, déjà dépassées par la situation, devront faire face seules aux bandes armées.

 

 

Esdra Jeudy 

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