Alors que la situation sécuritaire reste désastreuse dans le pays où bon nombre de personnes ont dû fuir leurs résidences pour se mettre à l’abri des gangs criminels, le Haut commandant de la Police nationale d’Haïti qui dit vouloir dynamiser l’institution a effectué des changements dans son sein précisément dans les départements du Nord-Ouest et de l’Artibonite. Ces changements sont opérés moins de 24 heures après la visite de la délégation d’évaluation kényane en Haïti.
En effet, le haut commandement de la PNH apporte du sang dans le département de l'Artiboniye où les groupes armés sèment le deuil comme bon leur semble. Ainsi, Godson Jeune qui est remplacé dans son poste de directeur départemental de la Police nationale dans l’Artibonite par le commissaire divisionnaire et ancien commandant du Corps d’intervention de maintien de l'ordre ( CIMO ), Jean Louis Paul Menard. Ce dernier a été installé dans son nouveau poste dans la soirée du mercredi 23 août. Godson Jeune qui a passé six mois aux commandes du département de l’Artibonite et est critiqué par plus d'un pour son incapacité à combattre les gangs armés. Il a été transféré au Cabinet du directeur général a.i de la PNH.
Lors de son installation à la tête de la Direction départementale de l’Artibonite, l’ancien directeur départemental de la PNH de la Grand-Anse pendant environ deux ans et trois mois , Paul Menard Jean Louis, a promis d’œuvrer en suivant les pas de son prédécesseur afin de mettre les gangs armés qui terrorisent la population de l’Artibonite hors d’état de nuire. En ce sens, il appelle la population, les acteurs concernés et ses collègues policiers à faire corps avec lui dans l’accomplissement de sa tâche. « Cette situation sécuritaire délétère si vous ne souhaitez pas qu'elle change ne changera pas. Si vous voulez la changer, elle sera changée. Je ne pourrai rien n'y faire si vous ne le voulez pas. Nous allons agir en fonction de la loi et comme dit le dicton : qui veut son respect se le procure », a déclaré le nouveau directeur départemental de l’Artibonite.
Toujours en qui concerne les changements de leadership effectués au sein de la Police nationale d’Haïti sous la direction du directeur général a.i Frantz Elbe, Roger Lamartinière a été nommé directeur départemental par intérim de l’Ouest 2. Il remplace à ce poste le commissaire divisionnaire, Clevens Cétoute, qui est transféré à la Direction départementale du Nord-Ouest comme directeur. À ce sujet, l'inspecteur général Jean Yonel Trécil qui a procédé à cette installation le 23 août 2023 a laissé entendre que ces changements visent la redynamisation de la Police nationale d’Haïti.
De l'avis du coordonnateur général du Syndicat national des policiers haïtiens, Lionel Lazarre, il peut être difficile pour ces directeurs fraîchement nommés de donner des résultats escomptés s’ils n'ont pas à leurs dispositions des moyens efficaces en vue de traquer les bandits armés. Sinon, il dit souhaiter que ces changements soient propices pour ces départements notamment celui de l’Artibonite terrorisé par les gangs.
Réagissant sur la note du Ministère de la Justice et de la Sécurité publique qui invite la population haïtienne à continuer sa collaboration avec la Police nationale d’Haïti, Lionel Lazarre estime que le MJSP a fait sortir cette note pour bluffer vu que l’institution est complètement négligée par ledit ministère. « Est-ce que le ministère n'est pas au courant que certains policiers n'ont pas reçu leurs chèques depuis des mois ? Le ministère de la Justice et de la Sécurité publique ne sait pas que des policiers n'ont même pas accès à une carte d'assurance santé. Pourquoi le MJSP ne se penche-t-il pas sur les problèmes de base qui existent au sein de l’institution. Et comment une population aux abois peut retrouver la force de collaborer franchement avec la Police nationale tandis que les autorités concernées ne font preuve d’aucune responsabilité envers elle ? », se demande le coordonnateur du Synapoha qui en a profité pour exhorter les agents de l’ordre à s’armer de courage, à rester vigilants.
En sus, il appelle le CSPN à assumer ses responsabilités vis-à-vis de la population haïtienne parce que la crise socio-économique, sécuritaire et politique actuelle est avant tout haïtienne. Une éventuelle intervention des forces multinationales en Haïti ne viendra pas remplacer la Police nationale d’Haïti qui fait face à des problèmes logistiques et autres, mais elle viendra en renfort à l’institution policière, dit-il.
Vladimir Predvil
