La Centrale Unitaire des Travailleurs et Travailleuses du Secteur Public et Privé d’Haïti (CUTRASEPH) a tenu une conférence de presse ce vendredi 9 mai 2025 pour alerter l'opinion publique sur la profonde crise qui secoue le système éducatif haïtien. À cette occasion, la structure syndicale a annoncé avoir adressé une correspondance à l’Internationale de l’Éducation afin de solliciter sa solidarité et attirer son attention sur la situation alarmante du secteur.
Depuis environ quatre mois, les établissements publics sont paralysés par une grève des enseignants qui réclament de meilleures conditions de travail. Cette mobilisation a fortement perturbé le fonctionnement normal des écoles publiques, laissant des milliers d'élèves sans encadrement pédagogique.
Selon le secrétaire général de la CUTRASEPH, le professeur Josué Mérilien, les revendications des enseignants adressées au Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) restent sans réponse depuis plus de trois mois. Parmi ces revendications figurent une augmentation et un ajustement des salaires, la nomination des enseignants qualifiés dans les salles de classe, la délivrance de cartes de débit pour les enseignants, entre autres.
« Face à l’inaction des autorités, nous nous sommes tournés vers l’Internationale de l’Éducation, dont l’Union Nationale des Normaliens et Normaliennes d’Haïti (UNNOH) est membre, pour solliciter leur appui. Nous appelons toutes les associations syndicales à travers le monde à se mobiliser en faveur des enseignants haïtiens », a déclaré le syndicaliste.
Il a précisé que cette lettre a été publiée dans plusieurs médias en Amérique latine et en Europe, où elle a suscité de vives réactions. Le syndicaliste dénonce une double violation celle du droit à l’éducation des élèves et celle des droits fondamentaux des enseignants.
Par ailleurs, la CUTRASEPH a soumis plusieurs propositions pour sortir de cette impasse et permettre la réouverture des écoles. Elle appelle le MENFP à suspendre les programmes de rattrapage organisés chaque week-end pour les élèves en classe d'examen, à assumer ses responsabilités en apportant des réponses concrètes et urgentes aux revendications, et à reprendre le dialogue avec les syndicats afin de parvenir à un accord.
Pour sa part, Péguy Noël, secrétaire aux archives de la CUTRASEPH, a souligné que l’insécurité généralisée constitue un obstacle majeur à la reprise des activités scolaires. Il estime que cette insécurité est entretenue par les autorités, dans ce qu’il qualifie de « manœuvre visant à faire disparaître la nation haïtienne ».
Yasmine Sanon