Le 8 juin a marqué la Journée nationale de l’Enfant. M. Besnard Félix, responsable du programme d’intervention et de réinsertion sociale de la Fondation Zanmi Timoun, a rappelé que les enfants figurent parmi les catégories les plus touchées par la crise que traverse le pays. Celle-ci affecte l’ensemble de la population, et les enfants ne sont pas épargnés.
Selon M. Besnard Félix, la crise a plusieurs répercussions sur les enfants, en particulier sur ceux qui ont été contraints de se déplacer. « Ils ne peuvent pas aller à l’école, et ceux qui y vont n’arrivent pas à bien performer. Ils ne mangent pas correctement. La majorité de ces enfants ne vivent pas avec leurs parents. Les familles sont dispersées. Ils ne bénéficient pas d’une alimentation régulière. Et nous savons que les enfants ne doivent pas souffrir de la faim », précise-t-il.
La crise a aussi des conséquences sociales importantes : les enfants n’ont pas accès aux loisirs.
« Ils ne peuvent pas jouer, s’amuser. Ils ne sont pas heureux », ajoute-t-il.
Parmi les violations répétées des droits des enfants en cette période de crise figure en premier lieu l’accès à l’éducation.
Nombre d’enfants sombrent dans le phénomène dit des « restavèk» , ils ne peuvent plus vivre normalement. Les groupes armés en profitent pour les recruter. « Il est plus facile pour les gangs armés de recruter les enfants dans la situation actuelle. La majorité de ces enfants vivaient malheureusement dans des milieux défavorisés. La violence des groupes armés les touche directement : certains sont recrutés pour protéger leur famille, d’autres pour gagner de l’argent », explique M. Besnard.
Il souligne également que le déplacement forcé entraîne des changements de comportement chez les enfants. « Même si un enfant n’a pas encore de troubles de santé mentale, il vit très mal cette rupture avec son foyer et tout ce qui l’affecte », alerte-t-il.
La Fondation Zanmi Timoun appelle l’État à renforcer le système de protection de l’enfance. « Il faut qu’il y ait des agents de l’IBESR dans les sites accueillant les déplacés internes, afin que les enfants puissent jouir pleinement de leurs droits », plaide la Fondation.
Elle demande également que les autorités appuient la société civile dans son travail de terrain. Par ailleurs, l’État doit repenser la question de la sécurité. Enfin, M. Besnard rappelle que les médias ont un rôle important à jouer dans la sensibilisation autour des droits de l’enfant : « Ce n’est pas uniquement pour critiquer le gouvernement », conclut-il.
Sorah Schamma Joseph