Les acteurs regroupés au sein de l’Initiative du 24 avril maintiennent leur revendication pour qu’un juge de la Cour de cassation prenne les commandes de l’exécutif à partir du 7 février 2026, date marquant la fin du mandat du Conseil présidentiel de transition (CPT). Le dimanche 14 septembre, une rencontre politique s’est tenue à Pétion-Ville, avec la participation de plusieurs représentants de différents secteurs de la vie nationale, en vue d’élaborer une feuille de route menant à un consensus destiné à combler le vide de leadership qui fragilise le pays.
Depuis plusieurs années, bien avant l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse, certains de ces acteurs plaidaient déjà pour qu’un juge de la Cour de cassation assure l’intérim présidentiel. Ils s’appuient sur deux précédents : en 1990, la juge Ertha Pascal-Trouillot avait dirigé la transition pour conduire à la présidence de Jean-Bertrand Aristide ; en 2004, le juge Boniface Alexandre avait également exercé cette fonction, permettant à René Garcia Préval de briguer un second mandat. Selon eux, cette option demeure la plus conforme à l’esprit de l’article 149 de la Constitution de 1987 face à la crise actuelle.
La rencontre du 14 septembre a été l’occasion de présenter officiellement un plan de passation du pouvoir, élaboré en concertation avec divers acteurs nationaux. Le document propose une sortie de crise durable orientée vers une transition pilotée par la Cour de cassation, avec pour objectif une refondation de l’État. Étaient représentés à cette rencontre le secteur de la jeunesse, les paysans, les vodouisants, la société civile et le secteur religieux. Tous ont exprimé leur soutien à l’option d’un juge de la Cour de cassation à la tête de la transition en remplacement du CPT.
Toutefois, cette démarche ne fait pas l’unanimité. Plusieurs acteurs de la vie nationale estiment que la solution de la Cour de cassation ne constitue pas la meilleure alternative pour sauver la transition. L’agronome Jean André Victor, par exemple, plaide pour un dialogue rationnel entre les différents secteurs, en vue d’aboutir à un nouvel accord politique susceptible de rétablir la paix et la stabilité. Pour sa part, Ronald Laroche, coordonnateur exécutif de la coalition Mains propres pour le développement national, considère qu’il est encore possible d’organiser une élection présidentielle avant le 7 février 2026.
Selon lui, un tel scrutin permettrait non seulement de résoudre la crise de leadership à la tête de l’État, mais aussi de renouveler le Parlement et les administrations locales. Il appelle cependant le CPT à rétablir au préalable la sécurité dans les zones sous l’emprise des gangs, condition essentielle pour assurer la stabilité et restaurer la confiance de la population dans le processus électoral.
Oberde Charles