Le Groupe d'Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) a lancé un appel vibrant pour la vérité et la justice suite au décès tragique de Stephora Anne-Mircie Joseph, cette fillette de 11 ans, survenu le 14 novembre dernier en République Dominicaine. Le drame s'est déroulé à Hacienda Los Cabellos lors d'une excursion scolaire organisée par son établissement, l'institut Da Vinci. Le GARR exprime sa profonde solidarité avec la famille Joseph et partage sa peine.
Dans un communiqué daté du 2 décembre 2025, le GARR dénonce l'absence totale d'une enquête crédible, rapide, rigoureuse et rendue publique, qu'il qualifie d'affront à la vérité et de manquement grave envers la famille de la victime et la société haïtienne. Bien que l'hypothèse de la noyade soit avancée, le GARR insiste sur la négligence intolérable qui a conduit à la mort de l'enfant dans une piscine lors d'une activité pour des élèves de son âge. L'organisation pointe du doigt de graves défaillances dans la surveillance, une absence criante de mesures de prévention et affirme que ces failles engagent directement la responsabilité de l'école et de l'institution Hacienda Los Cabellos, dont le devoir premier était d'assurer la sécurité des enfants.
Le GARR déplore la légèreté et le manque de transparence des établissements impliqués. L'Institut Da Vinci est particulièrement critiqué pour n'avoir publié un communiqué qu'une quinzaine de jours après les faits. Ce texte est perçu comme une simple opération de communication qui minimise la vie de la victime, mentionnée en un seul paragraphe, et à aucun moment, les autorités de l'Institut Da Vinci n'ont fixé leurs responsabilités. « On ne couvre pas un drame, on l'affronte. La vérité doit sortir. La responsabilité doit être assumée. », mentionne le GARR.
Racisme et environnement hostile
Au-delà des manquements sécuritaires, le GARR met en lumière l'environnement hostile auquel Stephora était confrontée. Selon les témoignages recueillis auprès de la famille, la fillette, décrite comme une athlète, une élève brillante et un modèle d'intégration, subissait régulièrement du racisme et du harcèlement de la part de ses camarades en raison de son origine haïtienne et de sa couleur de peau. Sa mère, Lovelie Raphael Joseph, a expliqué que Stephora se faisait traiter de vieille noire haïtienne et que ses cheveux afro étaient la cible de moqueries. Malgré le fait que la maman en ait informé la direction de l'école, les discriminations n'ont pas cessé, obligeant même sa mère à l'inscrire à une école de mannequinat pour renforcer son estime de soi.
Le GARR, sans établir de lien direct pour l'instant avec le drame, appelle à une investigation sérieuse et rigoureuse autour de ce dossier où aucune piste ne doit être négligée. L'organisation souligne que les discriminations dont Stephora était victime résultent d'un discours de haine installé et entretenu au sein de la société dominicaine contre les migrants haïtiens.
Face à l'ampleur de cette tragédie et au laxisme coutumier de l'État Dominicain lorsqu'il s'agit de rendre justice aux ressortissants haïtiens, le GARR a officiellement adressé une correspondance au Ministère des Affaires Étrangères d'Haïti. L'institution exige que ce dossier reçoive une attention particulière et formule trois recommandations claires : veiller à ce que cette enquête ne traîne pas, s'assurer que les démarches judiciaires soient engagées avec impartialité, transparence et diligence ; et garantir à la famille endeuillée un accès constant à l'information durant toute la procédure. Enfin, le GARR réitère sa préoccupation face au climat xénophobe que subissent les migrants haïtiens et appelle les autorités dominicaines à condamner fermement les discours de haine et à garantir la protection de tous les enfants, quelle que soit leur origine et leur couleur de peau.
Vladimir Predvil
