Sécurité transfusionnelle et approvisionnement en sang

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La transfusion sanguine permet de sauver des vies et d’améliorer la santé, mais de nombreux patients nécessitant une transfusion n’ont pas accès en temps opportun à du sang sûr. Dans chaque pays, l’approvisionnement en sang sûr et adéquat devrait faire partie intégrante de la politique et de l’infrastructure nationales en matière de soins de santé.

L’OMS recommande que toutes les activités liées à la collecte, à l’analyse, au traitement, au stockage et à la distribution du sang soient coordonnées au niveau national grâce à une organisation efficace et à des réseaux intégrés d’approvisionnement en sang. Le système national du sang devrait être régi par une politique nationale et un dispositif réglementaire spécifiques afin de promouvoir la mise en œuvre uniforme des normes et d’assurer la qualité et la sécurité constantes du sang et des produits sanguins.

En 2018, 73 % des pays ayant communiqué des données, soit 125 pays sur 171, étaient dotés d’une politique nationale de transfusion. Globalement, 66 % des pays ayant communiqué des données, soit 113 sur 171, se sont dotés d’une législation spécifique portant sur la qualité et la sécurité de la transfusion sanguine. Parmi eux :

• 79 % sont des pays à revenu élevé,

• 63 % des pays à revenu intermédiaire et

• 39 % des pays à revenu faible.

Principaux faits

• Sur les 118,5 millions de dons de sang collectés chaque année dans le monde, 40 % le sont dans des pays à revenu élevé où vit 16 % de la population mondiale.

• Dans les pays à faible revenu, jusqu’à 54 % des transfusions sanguines sont administrées à des enfants de moins de 5 ans, tandis que dans les pays à revenu élevé, le groupe de patients le plus souvent transfusé est celui des plus de 60 ans, qui représente jusqu’à 76 % des transfusions.

• On compte 31,5 dons de sang pour 1000 habitants dans les pays à revenu élevé, 16,4 dans les pays à revenu intermédiaire supérieur, 6,6 dans les pays à revenu intermédiaire inférieur et 5,0 dans les pays à faible revenu.

• Une augmentation de 10,7 millions de dons de sang provenant de donneurs volontaires non rémunérés a été observée entre 2008 et 2018. Au total, 79 pays obtiennent plus de 90 % de leurs approvisionnements en sang auprès de donneurs volontaires non rémunérés ; cependant 54 pays recueillent encore plus de 50 % de leurs approvisionnements en sang par des dons de compensation (dons de proches ou de membres de la famille) ou par des dons rémunérés.

• Seuls 56 des 171 pays ayant communiqué des données produisent des produits médicaux dérivés du plasma par fractionnement du plasma recueilli dans le pays. Au total, 91 pays ont déclaré importer tous leurs produits médicaux dérivés du plasma, 16 pays ont indiqué n’avoir utilisé aucun produit médical dérivé du plasma pendant la période considérée et8 pays n’ont pas répondu à la question.

• Le volume du plasma destiné au fractionnement pour 1000 habitants varie considérablement entre les 44 pays ayant communiqué des données, allant de 0,1 à 52,6 litres, avec une médiane de 5,2 litres.

L’approvisionnement en sang

Près de 118,5 millions de dons de sang sont collectés chaque année dans le monde, dont 40 % dans des pays à revenu élevé, où vit 16 % de la population mondiale.

Près de 13300 centres de transfusion sanguine de 169 pays ont fait état de la collecte de 106 millions de dons au total. Le niveau de la collecte de sang dans les centres de transfusion varie selon le niveau de revenu. Le nombre annuel médian de dons par centre de transfusion est de 1300 dans les pays à revenu faible, de 4400 dans les pays à revenu intermédiaire inférieur et de 9300 dans les pays à revenu intermédiaire supérieur, alors même qu’il s’établit à 25700 dans les pays à revenu élevé.

Il existe une différence marquée dans le niveau d’accès au sang entre les pays à faible revenu et ceux à revenu élevé. Le taux de dons de sang total est un indicateur de la disponibilité générale de sang dans un pays. Le taux médian de dons de sang dans les pays à revenu élevé est de 31,5 pour 1000 habitants, contre 16,4 dans les pays à revenu intermédiaire supérieur, 6,6 dans les pays à revenu intermédiaire inférieur et 5 dans les pays à faible revenu.

On dénombre 60 pays indiquant recueillir moins de 10 dons pour 1000 habitants. Parmi eux, 34 appartiennent à la Région africaine de l’OMS, 4 à celle des Amériques, 4 à celle de la Méditerranée orientale, 4 à la Région européenne, 5 à la Région de l’Asie du Sud-Est et 9 à celle du Pacifique occidental. Tous sont des pays à revenu faible ou intermédiaire.

Donneurs de sang

Âge et sexe des donneurs de sang

Les données ventilées selon le sexe des donneurs de sang montrent qu’au niveau mondial, 33 % des dons de sang proviennent de femmes, bien que ces proportions varient considérablement. Dans 15 des 113 pays ayant communiqué des données, moins de 10 % des dons provenaient de femmes.

Le profil d’âge des donneurs de sang montre que, proportionnellement, plus de jeunes donnent du sang dans les pays à revenu faible et intermédiaire que dans les pays à revenu élevé. Les informations démographiques relatives aux donneurs de sang sont importantes pour la formulation et le suivi des stratégies de recrutement.

Types de donneurs de sang

Il existe 3 types de donneurs de sang :

• volontaires non rémunérés

• proches ou membres de la famille

• rémunérés

Un approvisionnement adéquat et fiable en sang sûr peut être assuré par une base stable de donneurs de sang réguliers, volontaires et non rémunérés. Ces donneurs constituent également le groupe de donneurs le plus sûr, car c'est dans ce groupe que la prévalence des infections transmissibles par le sang est la plus faible. La résolution WHA63.12 de l’Assemblée mondiale de la Santé appelle tous les États Membres à instaurer des systèmes nationaux d'approvisionnement en sang sur la base de dons volontaires non rémunérés et à s'efforcer d'atteindre l’objectif de l’autosuffisance.

Les données communiquées à l’OMS font apparaître une augmentation importante des dons de sang volontaires non rémunérés dans les pays à revenu faible ou intermédiaire :

• Entre 2008 et 2018, d’après les chiffres communiqués par 119 pays, le nombre de dons de sang provenant de donneurs volontaires non rémunérés a augmenté de 10,7 millions. La plus forte augmentation des dons de sang volontaires non rémunérés a été observée dans la Région de l’Asie du Sud-Est (127 %) suivie de la Région des Amériques (81 %) et de la Région africaine (81 %). L’augmentation maximale en chiffres absolus a été signalée dans la Région du Pacifique occidental (4,15 millions de dons) ; viennent ensuite l’Asie du Sud-Est (3,05 millions) et l’Afrique (1,53 millions).

• 79 pays recueillent plus de 90 % de leur approvisionnement en sang auprès de donneurs volontaires non rémunérés (38 pays à revenu élevé, 33 pays à revenu intermédiaire et 8 pays à faible revenu). Parmi eux, 64 pays en recueillent la totalité (ou plus de 99 %) de cette façon.

• Dans 54 pays, plus de 50 % de l’approvisionnement en sang dépend encore de dons de compensation, c’est-à-dire faits par des proches ou des membres de la famille, et de dons rémunérés (8 pays à revenu élevé, 36 pays à revenu intermédiaire et 10 pays à faible revenu).

Dépistage

L’OMS recommande un dépistage systématique des infections dans tous les dons de sang avant leur utilisation. Il devrait être obligatoire pour le VIH, l’hépatite B, l’hépatite C et la syphilis et effectué suivant un système répondant à des exigences de qualité. Sur l’ensemble des pays ayant communiqué des données, 10 ne sont pas en mesure de rechercher une ou plusieurs des infections recensées ci-dessous dans l’ensemble du sang collecté.

Les procédures de qualité de base sont appliquées pour le contrôle de 99,8 % des dons de sang dans les pays à revenu élevé et de 99,9 % de ces dons dans les pays à revenu intermédiaire supérieur. À titre de comparaison, ces chiffres sont de 83 % dans les pays à revenu intermédiaire inférieur et de76 % dans les pays à revenu faible. La prévalence des infections à transmission transfusionnelle dans les dons de sang est bien plus basse dans les pays à revenu élevé que dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (Tableau 1).

Traitement du sang

Le sang prélevé sur une solution anticoagulante peut être stocké et transfusé à un patient dans un état non modifié. On parle alors de transfusion de « sang total ». Cependant, le sang peut être utilisé plus efficacement s’il est séparé en ses composants, tels que les concentrés de globules rouges, les concentrés de plaquettes, le plasma et le cryoprécipité. Il peut ainsi répondre aux besoins de plusieurs patients.

Les pays à faible revenu disposent de capacités encore limitées pour fournir aux patients les différents constituants sanguins dont ils ont besoin : 38 % du sang collecté dans ces pays est fractionné, contre 75 % dans les pays à revenu intermédiaire inférieur, 96 % dans les pays à revenu intermédiaire supérieur et 96 % dans les pays à revenu élevé.

Approvisionnement en produits médicaux dérivés du plasma

La résolution WHA63.12 de l'Assemblée mondiale de la Santé appelle les États Membres à prendre toutes les mesures nécessaires pour créer, mettre en œuvre et soutenir, en fonction des ressources disponibles, des programmes relatifs au sang et au plasma coordonnés au niveau national, gérés efficacement et viables, afin d’arriver à l’autosuffisance. Il incombe aux gouvernements d’assurer un approvisionnement suffisant et équitable en produits médicaux dérivés du plasma, tels que les immunoglobulines et les facteurs de coagulation, qui sont nécessaires pour prévenir et traiter diverses maladies graves qui surviennent dans le monde entier.

Seuls 56 des 171 pays ayant communiqué des données produisent des produits médicaux dérivés par fractionnement du plasma recueilli au plan national. Au total, 91 pays ont déclaré importer tous leurs produits médicaux dérivés du plasma, 16 pays ont indiqué n’avoir utilisé aucun produit médical dérivé du plasma pendant la période considérée et 8 pays n’ont pas répondu à la question.

Près de 19 millions de litres de plasma en provenance des 45 pays communiquant des données ont été fractionnés pour la production de produits médicaux dérivés du plasma pendant l’année. Ce chiffre inclut près de 31 % de plasma récupéré à partir de dons de sang total. Le volume de plasma pour le fractionnement (et le traitement pour obtenir les produits médicaux dérivés du plasma) pour 1000 habitants variait considérablement d’un pays ayant communiqué des données à l’autre, allant de 0,1 à 52,6 litres, avec une médiane de 5,2 litres.

Utilisation clinique du sang

Les transfusions inutiles et les pratiques transfusionnelles dangereuses exposent les patients au risque de réactions transfusionnelles indésirables graves et d’infections transmissibles par transfusion. Les transfusions inutiles réduisent également la disponibilité des produits sanguins pour les patients qui en ont besoin.

L’OMS recommande la mise sur pied de systèmes – comités de transfusion hospitaliers ou systèmes d’hémovigilance, par exemple – pour suivre et améliorer la sécurité du processus transfusionnel. À cet égard :

• 128 pays sont dotés de lignes directrices nationales concernant l’utilisation clinique appropriée du sang : 32 pays de la Région africaine (soit 74 % des pays ayant communiqué des données dans cette Région), 23 de la Région des Amériques (70 %), 12 de celle de la Méditerranée orientale (67 %), 33 de celle de l’Europe (80 %), 9 de celle de l’Asie du Sud-Est (90 %) et 19 de celle du Pacifique occidental (76 %).

• Des comités de transfusion sont présents dans 48 % des hôpitaux pratiquant des transfusions, notamment dans 62 % des hôpitaux des pays à revenu élevé, 35 % de ceux des pays à revenu intermédiaire supérieur, 31 % de ceux des pays à revenu intermédiaire inférieur et 25 % de ceux des pays à faible revenu.

• Des systèmes de notification des manifestations transfusionnelles indésirables sont présents dans 55 % des hôpitaux réalisant des transfusions, en particulier dans 74 % des hôpitaux des pays à revenu élevé, 35 % de ceux des pays à revenu intermédiaire supérieur, 22 % de ceux des pays à revenu intermédiaire inférieur et 18 % de ceux des pays à faible revenu.

• Un système d’hémovigilance est en place dans 49 % des pays ayant notifié des données. C’est dans la Région européenne que ce pourcentage est le plus élevé (81 %). Viennent ensuite les Régions du Pacifique occidental (50 %), de la Méditerranée orientale (50 %), de l’Afrique (40 %) de l’Asie du Sud Est (40 %) et des Amériques (21 %).

Transfusions sanguines

Il existe de grandes variations entre les pays concernant l’âge des patients transfusés. Par exemple, dans les pays à revenu élevé, le groupe de patients le plus souvent transfusé est celui des plus de 60 ans, qui représente jusqu’à 76 % de toutes les transfusions. Dans les pays à faible revenu, jusqu’à 54 % des transfusions sont destinées aux enfants de moins de 5 ans.

Dans les pays à revenu élevé, la transfusion est le plus souvent utilisée pour les soins de soutien en chirurgie cardiovasculaire, en chirurgie de transplantation, en cas de traumatisme massif et en thérapie pour les tumeurs malignes solides et hématologiques. Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, elle est utilisée plus fréquemment pour prendre en charge les complications liées à la grossesse et l’anémie sévère chez l'enfant.

Action de l’OMS

Le risque de transmission d’infections graves, y compris le VIH et l’hépatite, par un sang non sûr et les pénuries chroniques de sang ont attiré l’attention du monde entier sur l’importance de la sécurité et de la disponibilité du sang. Dans le but d’assurer l’accès universel à du sang et des produits sanguins sûrs, l’OMS a été à l’avant-garde de l’amélioration de la sécurité et de la disponibilité du sang et recommande la stratégie intégrée suivante pour la sécurité et la disponibilité du sang :

• Mise en place d’un système national de transfusion sanguine doté de services de transfusion sanguine bien organisés et coordonnés, ainsi que de politiques, d’une législation et d’une réglementation nationales en la matière efficaces et éthiques, fondées sur des données probantes et qui permettent de fournir des approvisionnements en sang et en produits sanguins sûrs en quantité suffisante et en temps voulu pour répondre aux besoins transfusionnels de tous les patients.

• Collecte de sang, de plasma et d’autres composants sanguins auprès de donneurs volontaires non rémunérés à faible risque et réguliers grâce au renforcement des systèmes de don et à une gestion efficace des donneurs, incluant soins et conseils.

• Dépistage de qualité garantie de tous les dons de sang pour détecter les infections transmissibles par transfusion, y compris le VIH, l’hépatite B, l’hépatite C et la syphilis ; tests de confirmation des résultats de tous les donneurs pour lesquels des marqueurs infectieux ont été décelés ; tests de groupe sanguin et de compatibilité ; et systèmes de transformation du sang en produits sanguins (composants sanguins pour la transfusion et produits médicaux dérivés du plasma), selon le cas, pour répondre aux besoins en matière de soins de santé.

• Utilisation rationnelle du sang et des produits sanguins pour réduire les transfusions inutiles et minimiser les risques associés à la transfusion, utilisation d’autres solutions que la transfusion dans la mesure du possible, et de bonnes pratiques de transfusion clinique sans risque, y compris la gestion du sang des patients.

• Mise en œuvre progressive de systèmes de qualité efficaces, incluant la gestion de la qualité, les normes, les bonnes pratiques de fabrication, la documentation, la formation de tout le personnel et l’évaluation de la qualité.

L’OMS aide les pays à développer leurs services de transfusion nationaux afin de garantir un accès rapide à des approvisionnements en sang et en produits sanguins sécurisés et suffisants et de bonnes pratiques transfusionnelles pour répondre aux besoins des patients. Elle fournit des orientations et une assistance technique aux pays en vue d’assurer l’accès universel à du sang et à des produits sanguins sécurisés et de tendre à une autosuffisance en la matière grâce à des dons de sang volontaires non rémunérés pour parvenir à la couverture sanitaire universelle.

Source: OMS

 

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