TRAITÉ D’HYGIÈNE PUBLIQUE

Nos citoyens semblent deviner déjà de quoi il est, ici, question. On nous remet ça avec la régularité d’un métronome ! On vient encore nous harceler avec la sempiternelle dénonciation de notre capitale qui croule sous les ravages de l’exposition de l’immonde. On va nous engager, se dit-on, dans une culpabilisation de nos manques de civisme. On va nous mettre face à cette aphasie collective qui refuse de demander à l’État : qu’est devenu le Service d’Hygiène publique ? Il n’est pas dans notre intention d’accuser et d’accabler. Il nous parait urgent de réaffirmer que ce que nous voyons ces derniers jours dans nos rues est l’expression physique de ce nous entretenons à l’intérieur de nous. Impossible, ça ! Eh ben, c’est désespérément oui ! Comment, nous demanderait-on, ces immondices et détritus, ces eaux noires qui noient nos macadams, cette espèce d’urbanité anthropomorphe où l’homme côtoie la bête et le déchet, la boue malodorante des égouts non curés qui germe le microbe, enfin tout ce vaste « bwatchèn » qui défigure aussi bien le Théâtre national restauré que les véhicules coûteux dont le propriétaire fait le « clean up » chaque matin, oui, comment donc tout ce ravage de nos ravins déboisés est le reflet de nos pensées et de nos sentiments ? Ces derniers jours les trombes d’eau qui passent devant nos maisons avec des alluvions de toutes formes, « ranyon de pèpè ou vieux tennis importés », sont comme, excusez-nous, des vomissures de notre écologie mise à mal et des infrastructures d’une ville victime d’excès de commerce, d’une volonté insidieuse de tassement et d’une schizophrénie provoquée par la multitude de valeurs religieuses implantées dans nos quartiers. Ces dernières bousculent vers la désarticulation totale d’un patriotisme laïc, transformant le citoyen en un voyageur, sans valise ni passeport, vers un espace de béatitude utopique. Là où le constat de l’étalage de l’individualisme est décevant, c’est que le propriétaire de véhicule privé lave matinalement sa voiture qui va emprunter des rues lourdement salies par la boue des dernières averses. L’étalage de la « réussite » matérielle écarte d’un revers de main toute colère citoyenne contre des services de l’État qui semblent être beaucoup plus dans « la gestion du désastre » que dans la protection de la santé d’une population, toutes classes confondues, livrée à l’informel et à la débrouillardise. Ce déficit de protestation traduit le fait mentionné au début que nous sommes intérieurement habitués à un manque d’hygiène moral, social et environnemental. Un tel degré de carence que la préoccupation personnelle de notre cosmétique prime sur l’ordre, l’harmonie et la beauté du décor urbain où nous circulons… allègrement. L’image qui reste dans la rétine du touriste est celle-là : de belles femmes poudrées et fardées enjambant des amas de détritus ! République d’artifice et lieu de sublimation du délabrement, la capitale méprisée nous propulse dans une colère très noire. Et nous n’avons pas le droit de nous pincer le nez ! L’habitude de balayer et d’envoyer au moins un « bokit » d’eau sur le trottoir devant notre maison est considérée désormais comme une manière superstitieuse par une certaine foi protestante. Prêcher l’exemple de faire la propreté devant la maison de la voisine sera considéré par cette dernière comme l’expulsion de son énergie. Voyez, il nous reste beaucoup à faire ! Et cela doit commencer par la propreté intérieure avant de s’étendre à la voiture coûteuse, à notre culture à alléger et à l’espace de la ville qui était, dans le temps, si beau et incitait à la flânerie ! Pierre Clitandre Notre pays ne peut faire l’économie des élections pour l’installation d’un personnel politique avec une certaine crédibilité. Passer le 7 février prochain, sans le respect de cet agenda, nous plongera certainement dans un chaos que rien ne pourra stopper. Cela ouvrira la voie à des aventures qui sont déjà le passé sur le continent africain par exemple. Nous savons que des nostalgiques de pouvoirs ayant déjà échoué aimeraient bien arriver à ce stade de déliquescence totale pour être en mesure de mettre le masque qu’ils veulent à la démocratie. Quand nous connaissons les menaces qui pèsent partout sur la planète, nous Haïtiens, nous devons nous battre, et l’Étranger y aurait intérêt, pour qu’aucune criminalité ne s’installe au pouvoir. Nos vies, celles de nos familles, de nos enfants, nous devons les sécuriser, ici, sur notre terre. Nous n’avons pas d’autre choix. Gary Victor

Nos citoyens semblent deviner déjà de quoi il est, ici, question. On nous remet ça avec la régularité d’un métronome ! On vient encore nous harceler avec la sempiternelle dénonciation de notre capitale qui croule sous les ravages de l’exposition de l’immonde. On va nous engager, se dit-on, dans une culpabilisation de nos manques de civisme. On va nous mettre face à cette aphasie collective qui refuse de demander à l’État : qu’est devenu le Service d’Hygiène publique ?

Il n’est pas dans notre intention d’accuser et d’accabler. Il nous parait urgent de réaffirmer que ce que nous voyons ces derniers jours dans nos rues est l’expression physique de ce nous entretenons à l’intérieur de nous. Impossible, ça ! Eh ben, c’est désespérément oui !

Comment, nous demanderait-on, ces immondices et détritus, ces eaux noires qui noient nos macadams, cette espèce d’urbanité anthropomorphe où l’homme côtoie la bête et le déchet, la boue malodorante des égouts non curés qui germe le microbe, enfin tout ce vaste « bwatchèn » qui défigure aussi bien le Théâtre national restauré que les véhicules coûteux dont le propriétaire fait le « clean up » chaque matin, oui, comment donc tout ce ravage de nos ravins déboisés est le reflet de nos pensées et de nos sentiments ?

Ces derniers jours les trombes d’eau qui passent devant nos maisons avec des alluvions de toutes formes, « ranyon de pèpè ou vieux tennis importés », sont comme, excusez-nous, des vomissures de notre écologie mise à mal et des infrastructures d’une ville victime d’excès de commerce, d’une volonté insidieuse de tassement et d’une schizophrénie provoquée par la multitude de valeurs religieuses implantées dans nos quartiers. Ces dernières bousculent vers la désarticulation totale d’un patriotisme laïc, transformant le citoyen en un voyageur, sans valise ni passeport, vers un espace de béatitude utopique.

Là où le constat de l’étalage de l’individualisme est décevant, c’est que le propriétaire de véhicule privé lave matinalement sa voiture qui va emprunter des rues lourdement salies par la boue des dernières averses. L’étalage de la « réussite » matérielle écarte d’un revers de main toute colère citoyenne contre des services de l’État qui semblent être beaucoup plus dans « la gestion du désastre » que dans la protection de la santé d’une population, toutes classes confondues, livrée à l’informel et à la débrouillardise.

Ce déficit de protestation traduit le fait mentionné au début que nous sommes intérieurement habitués à un manque d’hygiène moral, social et environnemental. Un tel degré de carence que la préoccupation personnelle de notre cosmétique prime sur l’ordre, l’harmonie et la beauté du décor urbain où nous circulons… allègrement. L’image qui reste dans la rétine du touriste est celle-là : de belles femmes poudrées et fardées enjambant des amas de détritus ! République d’artifice et lieu de sublimation du délabrement, la capitale méprisée nous propulse dans une colère très noire. Et nous n’avons pas le droit de nous pincer le nez !

L’habitude de balayer et d’envoyer au moins un « bokit » d’eau sur le trottoir devant notre maison est considérée désormais comme une manière superstitieuse par une certaine foi protestante. Prêcher l’exemple de faire la propreté devant la maison de la voisine sera considéré par cette dernière comme l’expulsion de son énergie.

Voyez, il nous reste beaucoup à faire ! Et cela doit commencer par la propreté intérieure avant de s’étendre à la voiture coûteuse, à notre culture à alléger et à l’espace de la ville qui était, dans le temps, si beau et incitait à la flânerie !

Pierre Clitandre

 

Notre pays ne peut faire l’économie des élections pour l’installation d’un personnel politique avec une certaine crédibilité. Passer le 7 février prochain, sans le respect de cet agenda, nous plongera certainement dans un chaos que rien ne pourra stopper. Cela ouvrira la voie à des aventures qui sont déjà le passé sur le continent africain par exemple. Nous savons que des nostalgiques de pouvoirs ayant déjà échoué aimeraient bien arriver à ce stade de déliquescence totale pour être en mesure de mettre le masque qu’ils veulent à la démocratie. Quand nous connaissons les menaces qui pèsent partout sur la planète, nous Haïtiens, nous devons nous battre, et l’Étranger y aurait intérêt, pour qu’aucune criminalité ne s’installe au pouvoir. Nos vies, celles de nos familles, de nos enfants, nous devons les sécuriser, ici, sur notre terre. Nous n’avons pas d’autre choix.

Gary Victor

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