QU’EN EST-IL DU PATRIMOINE ARCHITECTURAL ?

Les débats autour du patrimoine haïtien n’auront de valeur durable que s’ils considèrent le sujet dans sa multiplicité avec un solide esprit de synthèse d’une particularité à l’autre. Alors qu’on peut facilement penser que le domaine s’étend seulement au fait culturel des croyances, voilà qu’à la faveur du séisme de 2010 on découvre soudain que le bâti en est aussi un élément majeur. Il se pose donc la question : comment bâtir pour protéger sa famille en particulier et la population en général contre des désastres naturels ? Mais aussi est avancée cette interrogation et pas des moindres : comment reprendre les formes, les couleurs, le design, la distribution de l’espace dans une modernité qui ne bouscule pas nos sentiments et nos manières au milieu d’une capitale en pleine mutation ?

Les débats autour du patrimoine haïtien n’auront de valeur durable que s’ils considèrent le sujet dans sa multiplicité avec un solide esprit de synthèse d’une particularité à l’autre. Alors qu’on peut facilement penser que le domaine s’étend seulement au fait culturel des croyances, voilà qu’à la faveur du séisme de 2010 on découvre soudain que le bâti en est aussi un élément majeur. Il se pose donc la question : comment bâtir pour protéger sa famille en particulier et la population en général contre des désastres naturels ? Mais aussi est avancée cette interrogation et pas des moindres : comment reprendre les formes, les couleurs, le design, la distribution de l’espace dans une modernité qui ne bouscule pas nos sentiments et nos manières au milieu d’une capitale en pleine mutation ?

Il nous semble que la précipitation de reconstruire ne nous donne pas assez de recul pour lier l’architecture à nos habitudes d’organisation de l’espace et à nos manières de voir à travers des prismes de couleur qui répondent à notre philosophie du monde. Nos propensions à reprendre tout ce qui nous vient de l’extérieur s’étalent déjà dans les contradictions post-séismes que nous retrouvons dans les maquettes et les façades des immeubles déjà construits. Dans un ensemble urbain où l’harmonie des formes devrait être un autre acquis de notre authenticité, le constat est désespérément là : le néo-classique côtoie le fonctionnalisme contemporain. Entre la colonne dorique grecque, les lions qu’on ne trouve pas dans notre faune et la manière cadastrale dépouillée propre à Mondrian, la ligne haïtienne se cherche et semble se perdre pour de bon. L’exemple de la proximité conflictuelle entre l’immeuble de la Cour de cassation et celui du Ministère de l’Intérieur est au mitan de notre citoyenneté désarticulée, tirée à hue et à dia, entre le « plan dominicain » et le « plan taiwanais ». Ce cosmopolitisme architectural traduit, beaucoup plus que les actes politiques, notre entrée sans contrôle dans une culture moderne imposée de l’extérieur, avec l’argent de ce dernier sans tenir compte des acquis de notre patrimoine. Et nous voilà déjà, oublieux du « plan américain » qu’on dénonçait avec vigueur il y a quelques années, tous piégés dans le vaste système de l’Humanitaire international avec le « chay nan pye. »

Ce « plan américain » était déjà parmi nous avec les immeubles administratifs construits par des ingénieurs et architectes formés dans les meilleures écoles en Amérique du Nord. S’il se trouvait, dans cet ensemble qui logeait nos fonctionnements, la particularité François Duvalier qui s’enorgueillissait avec le building du Service des Contributions, c’était pour faire la propagande au niveau d’une population qui ne pouvait pas manier les concepts de nationalisme, d’authenticité, de patrimoine et d’architecture. L’argent national pouvait aussi être mis au service d’« éternels plans étrangers » qui n’ont rien à foutre de nos indigénismes et autres négritudes ! D’après certaines théories académiques et selon des écrivains qui disent « adieu » à leurs anciennes croyances, nos retards de… civilisation viendraient de l’intériorisation freudienne de nos coutumes et de notre résistance à l’ouverture. A-t-on réfléchi sur la culture séculaire chinoise et ses sagesses architecturales qui s’imposent même à côté de Wall Street ? Le China Town de Manhattan est là pour convaincre les pourfendeurs de l’authenticité que les traditions aident à avancer au lieu de faire reculer si on enlève le folklorisme des premiers moments de l’affirmation de la différence et des manifestes manqués.

Est-il trop tard ? Devant les tractations qui nous ont engagés sans demander notre avis, face aux décisions impératives et policées de l’État qui n’a pas consulté les expertises et savoir-faire de la Société civile, nous sommes tous acculés à « contempler » des paysages apocalyptiques de quartiers cassés sans savoir, au moins, ce qui va être planté là. Avec la gourde nationale ou le dollar de l’Humanitaire.

Pierre Clitandre

Si des programmes de reboisement ont été lancés, ils restent souvent des programmes visant à donner bonne conscience à la communauté, car comment parler d’un vrai programme de reboisement quand le déboisement continue tous azimuts et que le commerce de charbon de bois prospère toujours en menaçant sauvagement le seul département gardant encore une couverture végétale suffisante, celui de la Grande-Anse.

 

La fragilité de notre terre demande une prise de conscience de tous les citoyens, des politiques résolument tournées vers la sauvegarde de l’espace physique pour les générations futures. Pour l’instant, nous sommes empêtrés dans des jeux absurdes de pouvoir déniant toute importance aux vrais problèmes de la nation. Nous sommes maintenant en plein dans la période cyclonique alors que la terre peut s’agiter à n’importe quel moment. Nos insignifiances peuvent, une fois de plus, se payer très cher.

Gary Victor

 

Notre pays ne peut faire l’économie des élections pour l’installation d’un personnel politique avec une certaine crédibilité. Passer le 7 février prochain, sans le respect de cet agenda, nous plongera certainement dans un chaos que rien ne pourra stopper. Cela ouvrira la voie à des aventures qui sont déjà le passé sur le continent africain par exemple. Nous savons que des nostalgiques de pouvoirs ayant déjà échoué aimeraient bien arriver à ce stade de déliquescence totale pour être en mesure de mettre le masque qu’ils veulent à la démocratie. Quand nous connaissons les menaces qui pèsent partout sur la planète, nous Haïtiens, nous devons nous battre, et l’Étranger y aurait intérêt, pour qu’aucune criminalité ne s’installe au pouvoir. Nos vies, celles de nos familles, de nos enfants, nous devons les sécuriser, ici, sur notre terre. Nous n’avons pas d’autre choix.

Gary Victor

 

 

 

Au pays de Jean Jacques Dessalines, la politique occulte tout.  Des hôpitaux publics dysfonctionnels depuis environ trois mois  à cause d'une grève des médecins résidents. Le nom d’un sénateur de la République aurait été cité dans ce mouvement. La gourde poursuit lentement, mais surement sa dévaluation. L’Université d’État d’Haïti, en crise depuis plusieurs mois, est incapable de bien planifier les concours d’admission. Des parents sont scandalisés devant la forte augmentation des frais scolaires. Autant de questions qui attendent une réponse et que la politique, comme elle se pratique ici à notre détriment, oublie.

 

Jacques Desrosiers

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