La FIFA revient sur l'un des matches les plus célèbres de l'histoire de la Coupe du Monde : le quart de finale Argentine - Angleterre de 1986 illuminé par Diego Maradona, auteur de deux buts restés dans les annales.
Argentine 2-1 Angleterre
Mexique 1986 | Quart de finale Stade : Estadio Azteca, Mexico Affluence : 114 580 spectateurs Buts : Diego Maradona (51', 55') pour l'Argentine ; Gary Lineker (85') pour l'Angleterre
Équipes
Argentine
Sélectionneur : Carlos Bilardo Onze de départ : Nery Pumpido - José Cuciuffo, José Luis Brown, Óscar Ruggeri - Ricardo Giusti, Sergio Batista, Héctor Enrique, Julio Olarticoechea - Diego Maradona, Jorge Burruchaga (Carlos Tapia, 75') - Jorge Valdano
Angleterre
Sélectionneur : Bobby Robson Onze de départ : Peter Shilton - Gary Stevens, Terry Fenwick, Terry Butcher, Kenny Sansom - Trevor Steven (John Barnes, 74'), Peter Reid (Chris Waddle, 69'), Glenn Hoddle, Steve Hodge - Peter Beardsley, Gary Lineker.
Historique des confrontations précédentes
4 victoires de l'Angleterre 3 matches nuls 1 victoire de l'Argentine
Avant le match
L’Argentine venait de terminer en tête de son groupe – dans lequel figurait notamment l’Italie, tenante du titre – avant de dominer l’Uruguay (1-0) en huitièmes de finale. L’Angleterre sortait, quant à elle, d'une entame poussive, vaincue en premier lieu par le Portugal (1-0) puis tenue en échec par le Maroc (0-0). Mais les Three Lions de Gary Lineker, auteur de cinq buts en deux matches, avaient parfaitement réagi en s’imposant par deux fois 3-0 face à la Pologne, puis au Paraguay lors du premier match de la phase à élimination directe. Pour ce quart de finale très attendu, Julio Olarticoechea a suppléé Oscar Garre, suspendu, tandis que Carlos Bilardo a surpris son monde en titularisant le milieu Héctor Enrique au détriment de Pedro Pasculli, pourtant l’unique buteur du match face à l’Uruguay. "Ce milieu de terrain supplémentaire donnera plus de liberté à Maradona", avait alors justifié le technicien. Du côté anglais, Fenwick faisait son retour de suspension, mais le capitaine habituel, Bryan Robson, était toujours absent pour cause d’épaule luxée. La tension entre les deux pays était palpable avant le coup d'envoi. L’ancien sélectionneur anglais Alf Ramsey s’était attiré les foudres du peuple argentin après avoir qualifié ses joueurs "d'animaux" à l’issue de leur affrontement houleux à la Coupe du Monde de la FIFA 1966, tandis que la guerre des Malouines était encore dans toutes les mémoires.
Le match
Fenwick est averti dès la 9e minute pour une faute grossière sur Maradona. C'est le thème récurrent de cette première mi-temps : le diabolique n°10 argentin se faufile parmi les milieux de terrain anglais, jusqu’à ce que l’un d’entre eux le stoppe irrégulièrement. Mais le geste qui restera dans les annales est finalement commis par Maradona lui-même, peu après le retour des vestiaires. Remis en jeu par un dégagement peu académique de Hodge, le natif de Lanús saute au-devant de Shilton et le devance en marquant... du poing gauche. Malgré les véhémentes protestations anglaises, le but est validé.
Si le premier but de Maradona est illicite, le deuxième, inscrit quelques minutes plus tard, relève cependant du génie. Servi dans sa moitié de terrain par Enrique, El Pibe de Oro se remet magistralement dans le sens du jeu avant d’accélérer, d’éliminer successivement Beardsley, Reid, Butcher, Fenwick et le gardien Shilton, puis de glisser le ballon dans le but vide. Mais l’Angleterre réagit : Peter Beardsley se montre menaçant tandis que Glenn Hoddle force Nerry Pumpido à sortir le grand jeu.
Les Three Lions réduisent finalement l’écart grâce à l’inévitable Gary Lineker, parfaitement servi par le remplaçant John Barnes. Mais il est trop tard. Maradona vient d’inscrire la "Main de dieu" et le "But du siècle" dans les annales de la Coupe du Monde de la FIFA™, au terme d’une des performances individuelles les plus époustouflantes jamais réalisées dans la compétition.
Entendu
"Maradona hérite du ballon, marqué par deux adversaires. Maradona caresse le ballon de la semelle et le génie du football mondial s’échappe sur le côté droit. Il en élimine un troisième, il peut la donner à Burruchaga. Maradona toujours ! Génie ! Génie ! Génie ! Ta-ta-ta ! Buuuuuut ! Je crois que je vais pleurer ! Mon dieu ! Vive le football ! Quel but ! Une action individuelle incroyable de Maradona ! L’un des plus beaux buts de l’histoire. Petit astre cosmique, de quelle planète viens-tu ?" Commentaire en direct à la radio de Victor Hugo Morales au moment du "But du siècle"
"J’étais comme hypnotisé par sa façon de jouer. Je n’avais jamais vu quelqu’un faire ce que Maradona était capable de faire. Il pétrifiait absolument tout le monde. Il était injouable. Inarrêtable. Il savait tout faire. Il était largement au-dessus de tous les autres." John Barnes "Au début, j’ai couru à ses côtés. Puis j’ai réalisé que moi aussi, j’étais spectateur. C’était son but, ça n’avait rien à voir avec l’équipe.
C’était une aventure individuelle de Diego, et c’était incroyablement spectaculaire." Jorge Valdano sur le "But du siècle" "Lorsque Diego a inscrit ce deuxième but contre nous, j’ai eu envie d’applaudir. Marquer un but aussi beau, c’était irréel. C’est le plus grand joueur de l’histoire – et de loin. Un vrai phénomène." Gary Lineker.
En chiffres
60
Maradona se trouvait à 60 mètres du but anglais lorsqu’il a hérité du ballon avant d’aller inscrire son deuxième but. Il n’a eu besoin que de 10 secondes pour passer en revue cinq joueurs anglais et marquer.
53
Maradona a subi 53 fautes lors de Mexique 1986 – soit 20 de plus que tout autre joueur dans une seule Coupe du Monde. Il a provoqué six fautes en première période contre l’Angleterre. El Pelusa compose à lui seul le podium du record de fautes subies en une seule édition : 53 en 1986, 50 en 1990 et 36 en 1982. Le premier joueur autre que Maradona à figurer dans ce classement est son compatriote Ariel Ortega lors de France 1998 (33 fautes subies).
Le saviez-vous ?
Anticipant la chaleur torride du Mexique, la Fédération Argentine de Football (AFA) avait demandé que les célèbres maillots à rayures bleues et blanches de son équipe nationale soient fabriqués en Aertex, un tissu léger avec de minuscules trous pour une meilleure aération. Ils n’avaient toutefois pas prévu qu’ils devraient parfois porter leur deuxième maillot, qui était en coton. Au vu des difficultés rencontrées avec ce maillot contre l’Uruguay en huitièmes, lorsque les Argentins ont appris qu’ils devraient à nouveau porter leur maillot bleu foncé contre l’Angleterre, Bilardo a ordonné à un membre de son encadrement de trouver rapidement des maillots appropriés dans les rues de Mexico. Ruben Moschella a alors acheté deux jeux de maillots dans une boutique d’articles de sport. Ne sachant pas lequel choisir, il a fallu attendre l’arrivée de Maradona qui a aussitôt déclaré, en montrant l’un deux : "C’est un beau maillot. On va battre l’Angleterre avec." Il a ensuite fallu coudre à la va-vite des ersatz d’insignes de l’AFA et floquer de gros numéros argentés au dos des maillots. Mais qu’importe, la prédiction de Maradona s’est avérée juste.
Source: FIFA