Trois talents de la diaspora haïtienne — Jean-Baptiste Gorby, Wilson Isidor et Jean-Ricner Bellegarde — se présentent comme des renforts stratégiques pour la sélection nationale, à l’aube de la dernière phase des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Tous nés en France, mais toujours éligibles pour défendre les couleurs d’Haïti, ils évoluent dans des championnats de haut niveau : la Premier League anglaise et la Liga Portugal. Gorby, 22 ans, est né à Mayotte, dans l’océan indien, d’origine haïtienne. Formé chez les Canaris du FC Nantes, il joue aujourd’hui au SC Braga, où il est sous contrat jusqu’en 2028. Isidor, 24 ans, attaquant puissant et véloce, formé à Monaco, brille désormais à Sunderland, promu en Premier League. Il a porté les couleurs françaises en U17, U18, U19 et U20. Enfin, Bellegarde, 25 ans, milieu de terrain travailleur, né à Colombes, passé par le RC Lens et Strasbourg, évolue actuellement à Wolverhampton. Il avait été présélectionné pour la Gold Cup 2019, sans faire ses débuts. Trois profils complémentaires, immédiatement mobilisables, qui incarnent une diaspora haïtienne de plus en plus visible sur la scène européenne.
Les Grenadiers doivent tourner la page de la Gold Cup 2025, marquée par une élimination sans victoire dès le premier tour, et se projeter vers septembre prochain. Les lacunes observées sur les plans physique, technique et tactique ont mis en évidence l’urgence d’élargir la base de talents. Haïti entamera la dernière phase des éliminatoires avec un objectif clair : se qualifier pour la Coupe du monde, 51 ans après l’épopée historique de 1974. Dans un groupe C relevé (Costa Rica, Honduras, Nicaragua), six matchs couperets permettront d’espérer soit une place directe, soit — au minimum — un ticket de meilleure deuxième pour les barrages intercontinentaux. À ce défi sportif s’ajoute une contrainte logistique majeure : en raison de l’insécurité et du manque d’infrastructures, la FHF a officialisé que les matchs à domicile se joueront à Curaçao. Un exil qui rend encore plus cruciale l’intégration de joueurs aguerris, capables d’apporter de la stabilité et un impact immédiat.
Dans ce contexte, l’enjeu dépasse le seul cadre sportif. Il s’agit pour la Fédération haïtienne de football (FHF) d’envoyer un signal fort : celui d’un projet national ouvert et ambitieux. Convaincre Gorby, Isidor et Bellegarde ne représente pas seulement une opération de renfort, mais bien une déclaration d’intention. Ces trois joueurs incarnent une opportunité unique de rehausser le niveau global, d’insuffler une nouvelle dynamique et d’inscrire Haïti dans une trajectoire de performance durable. À la FHF désormais de jouer son va-tout. Car, pour espérer revivre l’émotion d’une Coupe du monde, il faudra avant tout savoir puiser encore davantage dans les immenses réserves de talents de la diaspora haïtienne.
Joseph Durandis