(Première partie)
Décryptage de cinq décennies de déconvenues pour le football national !
Depuis 1974 et cette participation à la Coupe du monde football, plus aucune sélection masculine haïtienne séniore ne parvient à se qualifier dans cette grand-messe du football mondial. Et s'il fallait choisir un mot qui évoquât cet état de fait, pour moi, ce serait "DECEPTION". En effet, un constat d’amères désillusions émerge, dès lors, pour un pays qui compte des millions de fans déçus assistant, désabusés, à l’éclosion de multiples générations de joueur-ses prometteur-ses ces dernières années. En effet, depuis la fin des années 1970, le football haïtien est témoin d'une série de revers cuisants dans les grands rendez-vous internationaux tels que la Coupe d’or (Gold Cup), la Ligue des Nations de la CONCACAF et les phases éliminatoires de la Coupe du Monde. Son histoire vit au rythme de rêves brisés et de profondes préoccupations. Les rêves et les promesses traversent les décennies sans que les espoirs se concrétisent, alors que dans le vaste panorama des succès sportifs régionaux, la Jamaïque a pu, ces dernières décennies, illuminer les pistes d'athlétisme (plus précisément dans les courses de vitesse) au grand dam des Américains) ; la République dominicaine et Cuba briller dans le Baseball et le Volleyball, Trinidad et Barbade s’illustrer dans le Cricket.
Dans cette quête de renaissance, pourquoi ne pas s’inspirer des succès caribéens dans d’autres disciplines sportives ? Haïti ne possède-t-il pas le potentiel nécessaire pour s’inspirer des nations voisines qui ont su transformer leurs défis en opportunités et émerger au sommet de la CONCACAF tant dans le football que dans d’autres disciplines sportives où les talents foisonnent ? Qu’est-ce qui fait réellement défaut ? S’est-on endormi derrière cette génération dorée du football des années 60-70 ? Comment faire bouger les lignes face à ce récurrent et passionné débat réactivé depuis l’élimination précoce (mais prévisible) de nos vaillantes footballeuses à leur récente participation à la Coupe du monde; d’autant qu’elle fait suite aux échecs répétés des « Grenadiers » dans les plus hautes sphères du football mondial ?
Autant de questions dont il convient de saisir les tenants et aboutissants relativement aux successions de telles contre-performances dans le football notamment, tant du côté des hommes que des femmes.
Coupe du monde 1974 : TOUP POU YO ! Des lendemains qui déchantent
Les années 60-70 représentent une période d'espoir pour le football haïtien. Le pays a réussi à se qualifier pour la Coupe du Monde de la FIFA en 1974, marquant sa première apparition dans le tournoi mondial. C'est un moment historique dans un pays qui vénère ce sport comme une véritable de religion, et un signal fort que le football haïtien pouvait rivaliser avec les meilleures équipes du monde. On se souvient tous de ce but d’Emmanuel SANON dribblant « l’infranchissable » Dino ZOFF et marquant pour aller ensuite célébrer en larmes dans les bras de ses coéquipiers. Ces images vibrantes, diffusées régulièrement aux prémices des compétitions internationales de football, en plus d’être les symboles d’un exploit plus jamais réédité, ne doivent pas nous faire oublier que nous laissons la compétition par la petite porte en encaissant quatorze (14) buts en trois matchs pour deux (2) inscrits. Et depuis cette époque, les succès internationaux dans le Sport-roi se sont avérés rares et éphémères. D’aucuns diront : « Et 1986 est passée par là ! »
Gold Cup : Une succession de déceptions
La Coupe d’or (Gold Cup) de la CONCACAF, tournoi majeur de la région, est, elle aussi, un terrain fertile pour les déceptions haïtiennes. Malgré des débuts prometteurs, l'équipe haïtienne a rarement réussi à franchir les étapes cruciales du tournoi. Les quarts de finale deviennent une barrière insurmontable, laissant les supporters haïtiens avec un goût amer d’inachevé. À quand une finale dans cette prestigieuse compétition régionale ?
Ligue des Nations : Un nouvel espoir déçu
Nouvelle compétition, nouveaux espoirs déçus. En effet, l'introduction de la « Ligue des Nations de la CONCACAF » est perçue comme une opportunité pour les équipes de la région de se mesurer les unes aux autres de manière régulière. Cependant, pour l'équipe masculine haïtienne, cette compétition ne fait qu'ajouter une nouvelle couche de frustrations aux précédentes. Les résultats mitigés et les performances en dents de scie ponctués par une humiliante descente en Ligue B laissent peu de place à l'optimisme pour un renouveau. Peut-on y remédier ?
Phases éliminatoires de la Coupe du Monde : Un rêve inaccessible au niveau masculin ?
La quête pour atteindre la scène mondiale, à savoir la Coupe du Monde de la FIFA, est un voyage tortueux pour le football masculin haïtien. Les tentatives de qualification sont souvent émaillées d'échecs, et – réalité d'autant plus saisissante - les Grenadiers n'ont jamais accédé à l'Hexagonal final aux côtés des puissances de la zone CONCACAF. Et l’unique fois où Haïti a réussi à se hisser au mondial n'a pas été couronnée de performances mémorables, à l'exception notoire du but de Manno contre ZOFF. Le football haïtien, malgré un désir ardent de succès, serait-il maudit par la persistance des défaites ?
Le football féminin : Un blocage mental porteur de revers déconcertants et de rêves brisés
Alors que les rêves du football masculin sont entachés de désillusions lors des compétitions internationales, le football féminin qualifié pour deux (2) phases finales de coupe du monde successives (moins de vingt-ans et senior) ne change décidément rien au terrible constat: le Sport national continue de décliner inexorablement. Se retrouvant en apnée, il commence terriblement à manquer d’air.
Et pourtant, l'optimisme était palpable lors de la représentation du pays par l'équipe féminine lors de la Coupe du Monde féminin des moins de 20 Ans en 2021 et de la Coupe du Monde Féminine Séniore de cet été. Cependant, les éliminations prématurées des "Grenadières" dès la phase de groupes accentuent le sentiment de désenchantement. Malgré la présence de leurs superstars évoluant dans les prestigieuses ligues européennes et l'émergence récente de jeunes prodiges, l'équipe féminine nationale quitte le tournoi, la tête basse, sans inscrire le moindre but.
Toutefois, la double qualification historique dans un si court laps de temps, acquise au prix d'admirables efforts, ne met-elle pas davantage en évidence la nécessité urgente de soutenir la croissance et l'essor du football féminin, bien au-delà des déconvenues subies ?
Après avoir exposé dans cette première partie, avec un pincement au cœur, les contre-performances du football national, notre démarche ultérieure, dans la deuxième et dernière partie, consistera à scruter les obstacles sous-jacents entravant son essor, puis à suggérer des pistes de solution pour le revitaliser, tout en mettant en lumière la nécessité impérieuse d'apporter un soutien global au mouvement sportif, afin d'en envisager un futur prometteur et un développement pérenne.
Mickelson Thomas
10 août 2023