Les Grenadiers à l'assaut de «UNITED 2026»

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Entre souvenirs glorieux de 1973 et enjeux actuels, le football haïtien se cherche.

Bordes, l’objet de ton dernier article sur nos Grenadiers dans les colonnes du NATIONAL (Journal jeudi 19 octobre 2023 no 1773) soulève une question qui risque de monopoliser les débats pendant les deux (2) prochaines années; d’autant que la nouvelle configuration, ayant homologué une cartographie à quarante-huit (48) équipes, autorise tous les espoirs, sinon la chance à ne pas manquer pour le football haïtien dans cette quête d'identité.

Haïti, n’a-t-il pas le droit de rêver, voire de prétendre légitiment, à une place qualificative à la 23e Coupe du monde, dénommée « UNITED 2026 », qui se déroulera à l'échelle du continent nord-américain, dans une triangulation dont le Canada, les États-Unis et le Mexique constituent les trois angles ?   

Depuis cette inoubliable qualification de 1973, où les « GRENAGIERS » tutoient les sommets en réussissant l’exploit de se qualifier, comme unique représentant de la CONCACAF, à la phase finale de  la Coupe du Monde de 1974 à seize (16) équipes, les deux (2) ouvertures opérées, portant le nombre de sélections de seize (16) à vingt-quatre (24) en 1982, puis à trente-deux (32) en 1998, avec successivement 2 et 3.5 places pour la confédération, ne laissent que des goûts de regrets, mais surtout d’échecs à répétition (Relire les articles : le football haïtien en apnée : autopsie des déceptions du football haïtien lors des grands rendez-vous internationaux (I& II) ; écrits par : Mickelson THOMAS , les 22/08/2023 et 23/08/23).

Aujourd'hui, avec un passage de 3.5 à 6 représentants possibles pour la CONCACAF, l'espoir renaît. Est-ce à dire pour autant qu’Haïti accompagnera les trois (3) hôtes censés être qualifiés d’office ? La « glorieuse incertitude » du football nous recommande d’être prudents dans nos prévisions comme nos attentes, d’autant que des variables indéterminées, que l’objectivité a pu difficilement cerner, déjouent, à maintes reprises, les pronostics les plus patents, comme récemment au Qatar. Aussi, rien n’est-il moins sûr ! 

Avec un championnat national en berne depuis trois (3) ans et des clubs forcés à des retraits récurrents des joutes régionales pour contraintes techniques, logistiques et financières, la trajectoire des Grenadiers sera tout, sauf un long fleuve tranquille. Éliminés prématurément lors GOLD CUP 2023, ils viennent d’être rétrogradés en Ligue B des nations de la Concacaf, ratant l’opportunité de participer à la Copa America ; scène propice aux affrontements avec les géants sud-américains, cruciale en prévision du Mondial 2026. Et que dire du choix récent de Trinité-et-Tobago et St Kitts & Nevis comme villes de réception des matchs à « domicile » ! La fédération ne prive-t-elle pas la sélection du précieux soutien de leur diaspora nord et Sud-américaine dans cette course au Mondial 2026 ?

D’aucuns attribuent autant la responsabilité de ces choix hasardeux que la débâcle actuelle du football au « Comité de normalisation » qu’il est difficile de défendre, tant les membres, pêchant par déficit de communication, ne se dressent qu’à la hauteur de leur manque de clairvoyance; leur gestion de la crise n’autorisant que peu de perspective de redressement durable.

D'autres pointent plutôt du doigt les errements répétés et les incohérences persistantes des dirigeants des clubs, divisés entre PRO et ANTI-DADOU. Ces derniers semblent avoir failli sur deux points majeurs, car n’ayant pas su :

  1. percevoir le mal qui s’installât par couches successives, s’en accommodant jusqu’à cette inévitable mise sous tutelle par la FIFA ;
  2. proposer une alternative concertée, ferme et constructive à l’organe régulateur du football mondial, dont les desseins souvent mal interprétées, voire parfois incompris, semblent confiner les options de résolution de la crise fédérale dans une étroite perspective manichéenne de « YON TI 2 KAN ».

 

Tandis que d'autres nations de la CONCACAF préparent « UNITED 2026 » sous de bons auspices afin de tirer parti du format élargi, Haïti éprouve des difficultés à s'organiser malgré la détermination indéniable des footballeurs à aller aux charbons pour arracher cette qualification. Est-il besoin de souligner que la République dominicaine, traditionnellement orientée vers le baseball, a vu ses investissements dans le football avoir des retours positifs, symbolisés par des qualifications historiques pour la phase finale de la Coupe du monde de 2023 en Indonésie, et les Jeux Olympiques de 2024 à Paris. Encore elle, décidément !

Si le rétablissement d’un climat sécuritaire et la résolution de la crise politique se révèlent être la double priorité pour que les activités physiques et sportives reprennent leur droit de cité, il est bon d’avoir à l’idée que la gestion du football souffre, depuis des décennies, de plusieurs lacunes managériales qu’il faut adresser dans un mémoire pour la nouvelle équipe issue des prochaines élections fédérales. 

Aussi, l’indubitable exigence commande-t-elle que les acteurs du Sport-Roi se délestent du poids de cette sempiternelle « crise de maturité » qui les empêche, trop souvent, de dialoguer et de trouver les compromis fondateurs pour le sortir de la situation chaotique où il patauge depuis trop longtemps.

Haïti ne se qualifiera pas si l’épineuse préoccupation de ce déficit de dialogue n’est pas judicieusement abordée. Cette lacune communicationnelle va, en effet, éroder la confiance des investisseurs potentiels, indispensables pour garantir les appuis logistiques et financiers essentiels à une préparation méthodique et sereine de nos valeureux « GRENADIERS », qui, nous n’en doutons pas, sont prêts à déployer des efforts considérables sur le terrain pour une qualification ardemment souhaitée.

Haïti ne se qualifiera pas si les autorités étatiques ne s'impliquent pas activement pour favoriser le dialogue entre les acteurs concernés. Cependant, elles doivent marcher sur des œufs pour ne pas être accusées d'ingérence par la FIFA, au risque d’encourir d'éventuelles réprimandes ou sanctions sportives préjudiciables.

Au-delà du simple enjeu footballistique, il est surtout question de souveraineté, d'unité et de fierté nationales à retrouver pour le peuple haïtien qui garde toujours l’espoir, chevillé au corps, de vibrer au rythme des exploits de sa sélection

Alors messieurs et dames, principaux acteurs du « Sport roi », si vous n’êtes pas, comme la grenouille, déjà à moitié cuite, donnez le coup de patte salutaire avant qu’il ne soit trop tard.

 

 

Mickelson THOMAS

Amant du Sport

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